La folie à l'âge classique.
Un hôpital psychiatrique désaffecté, décombres du grand enfermement, celui, sombre, des monstruosités, des différences, de l'absence de raison, de la maladie mentale. Foucault nous a appris que la folie a une histoire : la nôtre. La façon dont nous traitons l'autre, le définissons, l'étiquetons, élaborons un ensemble discursif methodique, toutes ces stratégies de pouvoir et d'enfermement disent notre relation à cet autre si humain et inhumain à la fois.
Cet espace carcéral médicalisé qu'est l'hôpital psychiatrique est un non lieu de notre société si avide de normalité, si "sociale". La figure du fou s'y désintègre, s'y dilue en un réseau de diagnostics et de thérapies. Cette façon d'enfermer les fous est récente dans l'histoire de la société occidentale qui discerne mal les frontières de la normalité et de la déviance et qui, du coup, élabore un appareillage fin, une nomenclature rassurante pour se distancer de ce qui apparaît comme une impossibilité d'intégration.
Cet asile date de 1920, l'époque de l'apparition de la psychanalyse et de la psychiatrie moderne (et de ses dérives soviétiques). Ce genre d'établissement est comme une mise en scène carcérale de cette société productiviste où la figure du fou est incapable de trouver une place symbolique autre que dans un désir d'exil massif, accompagné de sa cohorte bien pensante de guérison par la magie de la chimie médicamenteuse. Un dispositif, des appareillages, des discours que le temps a rendus à leur vétuste historicité, comme sur cette vidéo tchernobylienne.
Musique : lenn9o9n featuring Eyeway