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François HOLLANDE : "La crise euro n'est pas terminée mais la France n'est pas aujourd'hui exposée"

Publié le 17 avril 2012 par Letombe

Mardi 17 avril à 7 heures 45, François Hollande était l'invité de RTL. Il était interviewé par Jean-Michel Aphatie qui l'a notamment interrogé sur la crise de la zone euro, ses propositions pour redresser la France et le déroulement de la campagne. François Hollande a ensuite répondu aux questions des auditeurs avant d'assister à la chronique parodique de Laurent Gerra.


François Hollande, candidat PS à la... par rtl-fr
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La chronique de Laurent Gerra devant François... par rtl-fr

L'intégralité de l'interview de François Hollande par Jean-Michel Aphatie

 

JEAN-MICHEL APHATIE

La crise de l’euro est de retour, l’Espagne est menacée, la France dit-on, pourrait l’être à son tour. Cette situation François HOLLANDE peut- elle vous amener à modifier l’application du projet politique que vous présentez aux Français si vous êtes élu le 6 mai ?

FRANÇOIS HOLLANDE

Non, la crise euro n’est pas terminée, vous avez raison de le dire, mais la France n’est pas aujourd'hui exposée.

JEAN-MICHEL APHATIE

Elle pourrait l’être très vite ?

FRANÇOIS HOLLANDE

Et ne laissons pas croire qu’elle pourrait être attaquée car ça serait la meilleure façon d’alimenter en définitive, les anticipations. L’Espagne est bien sûr mise en difficulté compte tenu de ses résultats qui ne sont pas bons, mais moi je ne vais pas chercher à effrayer, je pense que les Français doivent faire leur choix en sérénité et en même temps, le prochain président de la République aura à régler les questions qui n’ont pas été solutionnées par le précédent, c’est-à-dire la dette, les déficits, la croissance et c’est la raison pour laquelle à la fois j’ai été clair sur les disciplines et en même temps j’ai dit aussi que la croissance devait être mise au cœur de l’orientation de l’Europe.

JEAN-MICHEL APHATIE

Les embauches à l’Education nationale, le retour à la retraite à 60 ans pour certaines catégories de population, l’augmentation de certaines allocations que vous projetez, peuvent inquiéter les marchés financiers et mettre la France dans la tourmente comme d’autres pays le font aujourd'hui ?

FRANÇOIS HOLLANDE

Non, car tout ce que je propose est financé, vous évoquez l’allocation de rentrée scolaire, c’est financé par la baisse du plafond sur le quotient familial de 2.300 euros à 2.000 euros, répartition différente des soutiens à la famille. Deuxième proposition, l’abaissement à 60 ans de l’âge de départ à la retraite pour ceux qui ont commencé tôt et qui ont cotisé 41 années. C'est financé à travers une augmentation de 0,1% par an des cotisations salariales. Sur ensuite la question de l’Education nationale, j’ai affirmé que les 60.000 postes sur cinq ans seront financés par redéploiement pour partie, il n’y aura aucune création de poste de fonctionnaire de plus durant le quinquennat, stabilité des effectifs. Mais c’est vrai, il y aura une priorité très forte donnée à l’Education, elle mérite, pas pour elle-même parce que ce sont nos enfants et c’est notre avenir.

JEAN-MICHEL APHATIE

A propos d’éducation, Vincent PEILLON qui est en charge de ce secteur dans votre campagne a dit hier qu’un millier de postes de professeurs des écoles, c’est-à-dire d’instituteurs, serait créé dès la rentrée 2012, c’est-à-dire avant même la loi qui créera les 12.000 postes et dans la totalité des 60.000 pour le quinquennat. Donc 1.000 postes dès la rentrée 2012, vous le confirmez François HOLLANDE ?

FRANÇOIS HOLLANDE

Oui je le confirme parce que la rentrée 2012, telle qu’elle se présente, est très difficile et donc il y a des filières pour les enfants en difficulté, ce qu’on appelle les RASED qui ont été gravement mis en cause, et nous avons quelques fermetures de postes que nous ne pouvons pas accepter. Donc qu’est-ce qui va se produire ? On ne peut pas faire un concours exceptionnel, donc un certain nombre de jeunes qui ont été admissibles et qui ont un niveau qui pourrait les rendre admis, eh bien nous prendrons ces candidatures pour les affecter dès la rentrée dans ces classes où jusqu’à présent, il y avait l’annonce d’une suppression de poste.

JEAN-MICHEL APHATIE

A Lille le 27 mars, il y a trois semaines, Jean-Luc MELENCHON a dit ceci : quand on est de gauche et qu’on arrive au pouvoir, le SMIC on l’augmente, ça fait partie des figures imposées...

FRANÇOIS HOLLANDE

Moi je ne suis pas dans les figures imposées. Je suis dans une figure qui doit réussir et qui ne doit pas promettre ce qu’elle ne peut pas tenir.

JEAN-MICHEL APHATIE

Vous n’augmenterez pas le SMIC ?

FRANÇOIS HOLLANDE

J’ai dit donc qu’il y aurait un coup de pouce sur le SMIC, que nous aurons une concertation avec les partenaires sociaux...

JEAN-MICHEL APHATIE

Qu’est-ce que vous entendez par coup de pouce ?

FRANÇOIS HOLLANDE

Justement, il y aura, au-delà de l’indexation sur les prix, regarder ce qu’il sera possible de faire puisque le SMIC n’a pas reçu de coup de pouce depuis au moins trois ans.

JEAN-MICHEL APHATIE

Oui mais vous aviez dit à un autre moment, que le coup de pouce, le gouvernement n’en donnerait plus si vous étiez élu, mais que ce serait lié à la croissance...

FRANÇOIS HOLLANDE

Ca fera partie de la concertation, quelle sera la croissance prévisible pour 2012...

JEAN-MICHEL APHATIE

Vous semblez dire quelque chose de différent là.

FRANÇOIS HOLLANDE

Non il y aura deux choses. Il y aura la concertation avec les partenaires sociaux, j’y tiens. Je considère que c’est un bon principe, une bonne méthode sur l’ensemble des sujets sociaux de la rentrée et notamment le coup de pouce sur le SMIC puisqu’il doit intervenir au mois de juin, la date a changé, mais c’était au mois de juin jusque là. Donc deuxièmement, pour l’avenir, pas simplement pour 2012, pour les années du quinquennat, le SMIC sera non seulement garanti quant au niveau des prix, donc indexé et en même temps, lié à la croissance. D’ailleurs le nom de SMIC c’est SMIC interprofessionnel de croissance donc il est normal qu’il y ait un lien avec la croissance. Chaque fois qu’il y aura plus de croissance, il y aura un coup de pouce au SMIC.

JEAN-MICHEL APHATIE

Si en réponse à la citation de Jean-Luc MELENCHON vous répondez : il n’y a pas de figures imposées, ça risque de rendre complexe le rapprochement avec Jean-Luc MELENCHON ou d’autres candidats car vous aurez besoin de tout le monde pour un éventuel second tour François HOLLANDE.

FRANÇOIS HOLLANDE

Non car je m’adresse à tous les électeurs qui veulent le changement et ils sont, j’espère, nombreux et je ne fais pas de négociations entre les deux tours, il n’y aura pas un troc, un échange, je ne sais quel compromis. Ce n’est pas ça la logique d’une élection, chacun le sait bien. J’ai même retrouvé le sens de l’histoire dont je veux ici rappeler la nécessité des déclarations de François MITTERRAND avant le premier tour de 1980 quand on lui disait, mais alors, vous allez être dans la main de Georges MARCHAIS, à l’époque c’était GISCARD D’ESTAING qui mettait en difficulté ou croyait mettre en difficulté le candidat socialiste en disant vous allez être dans les mains de Georges MARCHAIS. Qu’est- ce que répondait François MITTERRAND ?

JEAN-MICHEL APHATIE

Vous les avez toutes relevées les citations de François MITTERRAND ?

FRANÇOIS HOLLANDE

Une élection présidentielle ce n’est pas une négociation, une élection présidentielle c’est un rassemblement, c’est une dynamique et pour me permettre d’avoir la force nécessaire, j’appelle tous les électeurs qui veulent le changement à le faire dès le premier tour, c’est plus simple, ça va plus vite et ça peut rapporter davantage.

JEAN-MICHEL APHATIE

Si vous êtes élu le 6 mai François HOLLANDE vous serez aussi le président des Français qui sont riches, Maurice LEVY, PDG de PUBLICIS a perçu 16 millions d’euros de rémunérations différées, ce n’est pas acceptable avez-vous dit et Maurice LEVY a dit ceci dans le journal LES ECHOS hier, cette rémunération n’est pas le fruit d’une magouille, d’une spéculation ou d’un trafic, je n’ai pas vendu d’armes ou perçu des commissions occultes, j’ai juste travaillé mais peut-être n’est-ce plus une valeur aujourd'hui. Que lui répondez-vous François HOLLANDE ?

FRANÇOIS HOLLANDE

Deux choses, c’est que gagner de l’argent n’est pas en soit un crime, pourquoi le serait-il ?

JEAN-MICHEL APHATIE

Vous avez dit que ce n’était pas acceptable.

FRANÇOIS HOLLANDE

Ce qui n’est pas acceptable c’est à un moment où il est demandé aux salariés français de faire des efforts, ils travaillent eux aussi, ils se donnent pour leur entreprise, ils accomplissent un labeur difficile, se lever tôt le matin, travailler la nuit, pourquoi celui qui est à la tête des entreprises pourrait dire que lui il peut s’augmenter sans limite avec des pourcentages qui sont tout à fait hors de proportions avec les autres ? Pourquoi ne pas donner l’exemple ? Vous savez il prend un exemple par rapport aux commissions, ça voudrait dire qu’il met en cause des trafiquants d’armes, moi je les connais, il doit les connaitre aussi, il y a des entreprises qui travaillent...

JEAN-MICHEL APHATIE

Vous les connaissez, c’est-à-dire ?

FRANÇOIS HOLLANDE

Chacun sait de quoi il parle, donc laisser penser qu’il y aurait finalement des autorisations à se rémunérer à un point indécent parce qu’il y aurait des gens qui gagneraient des sommes folles en trafiquant. Moi je ne suis ni pour les trafiquants, ni pour l’indécence.

JEAN-MICHEL APHATIE

Si vous êtes élu, ce type de rémunérations n’aura plus cours ?

FRANÇOIS HOLLANDE

En revanche je reconnais...

JEAN-MICHEL APHATIE

Si vous êtes élu, ce type de rémunérations n’aura plus cours ?

FRANÇOIS HOLLANDE

J’ai dit moi les rémunérations... les entreprises font ce qu’elles veulent mais l’Etat peut poser une limite. C’est-à-dire qu’au-delà d’un million d’euros, si les actionnaires veulent rémunérer les dirigeants au- delà d’un million d’euros, eh bien il y a un prélèvement de 75%.

JEAN-MICHEL APHATIE

Jamel DEBBOUZE qui vous soutient a dit, ces 75%, je vais voter HOLLANDE au premier tour a-t-il dit, ces 75% c'est ridicule, il a dit ça.

FRANÇOIS HOLLANDE

Mais il vote pour moi c’est donc qu’il a considéré qu’il y avait des arguments qui pouvaient le convaincre...

JEAN-MICHEL APHATIE

Peut-être, le reste du programme, mais celui-là il dit c’est ridicule.

FRANÇOIS HOLLANDE

Ecoutez, c’est sa pensée, il doit gagner aussi beaucoup d’argent, et c’est jamais agréable, mais en même temps il y a une sorte de patriotisme de se dire quand même dans un pays à un moment où c’est difficile, où chacun dit il y a la dette, il y a des déficits, il faut faire des remises en cause de notre modèle social, limitation de salaires, chacun doit se mobiliser. Et puis il y en a un qui dirait, non écoutez nous on peut parce qu’on a du talent. Je ne dis pas que Maurice LEVY n’a pas rendu de grands services à son entreprise, sûrement, mais pourquoi se distribuer aujourd'hui, sans doute il y a eu de la maladresse, autant de bonus à un moment où les Français sont en train de se poser la seule question qui vaille : est-ce que je vais pouvoir finir ma fin de mois ? Lui ce n’est plus sa fin de mois, ni même la fin de son année, ni même la fin de sa vie, c’est la fin de la vie de ses enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants à ce niveau-là de rémunération. Tout le monde mérite, lorsqu’il a fait des directions d’entreprise extraordinaire, d’avoir une récompense, mais à ce point, ça s’appelle un privilège.

JEAN-MICHEL APHATIE

Assumez-vous François HOLLANDE votre statut de favori dans cette élection présidentielle ?

FRANÇOIS HOLLANDE

Non !

JEAN-MICHEL APHATIE

Vous êtes le favori, il y a les sondages.

FRANÇOIS HOLLANDE

Mais je ne suis pas le favori au sens où...

JEAN-MICHEL APHATIE

Si vous êtes le favori !

FRANÇOIS HOLLANDE

... ça fait un an qu’on m’annonce comme pouvant gagner l’élection présidentielle, donc je me suis vacciné si vous voulez.

JEAN-MICHEL APHATIE

Donc vous êtes le favori.

FRANÇOIS HOLLANDE

J’ai dit je ne serai pas le favori de l’élection présidentielle, je veux être le gagnant, c’est tout à fait différent.

JEAN-MICHEL APHATIE

Quel objectif vous fixez-vous pour le premier tour de dimanche François HOLLANDE ?

FRANÇOIS HOLLANDE

Le meilleur résultat possible.

JEAN-MICHEL APHATIE

C’est-à-dire ?

FRANÇOIS HOLLANDE

C’est-à-dire le plus haut.

JEAN-MICHEL APHATIE

Une fourchette ?

FRANÇOIS HOLLANDE

Non pas de fourchette...

JEAN-MICHEL APHATIE

Un chiffre ?

FRANÇOIS HOLLANDE

...ni même une cuillère, ni même un couteau, ce que je veux c’est que les Français aient le sentiment qu’ils se rendent à eux-mêmes le meilleur service.

JEAN-MICHEL APHATIE

Premier, deuxième du premier tour, ça vous est égal François HOLLANDE ?

FRANÇOIS HOLLANDE

Oui ça m’est égal au sens où ce qui compte c’est d’avoir le niveau le plus haut, moi je ne m’occupe pas des autres candidats, mais ceux qui veulent le changement, ils doivent voter pour le changement dès le premier tour. Ceux qui veulent l’alternance, ils doivent la faire dès le premier tour. Pourquoi se compliquer quand on peut faire simple ?

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