C’est curieux comme l’esprit des
temps peut changer. Dans ma jeunesse on rêvait d’améliorer le sort de l’homme. Plus
de loisirs, plus de résidences secondaires, plus de protection, plus de confort,
les robots allaient travailler pour nous (cf. Azimov)… La science devait ouvrir
notre esprit, nous faire découvrir des horizons nouveaux, nous rendre
meilleurs. Aujourd’hui, on n’a que le mot économie à la bouche. Elle a même
instrumentalisé la science, qui n’est plus qu’utilitaire, et qui fait peur.
Indirectement on s’est convaincu que l’économie était la condition nécessaire
de l'intérêt collectif. Et le mieux que l'on puisse espérer c'est un travail qui fait souffrir.
Paradoxe curieux. Cette transformation coïncide avec 68. Pourtant 68 était
anticapitaliste et libertaire.
Il s’explique peut-être par le
fait que 68 a été une révolution. En disloquant l’édifice social, il a laissé
le champ libre aux forces les plus déterminées et les mieux organisées. La
chance a souri à l’esprit éclairé aurait dit Pasteur.
La réforme des 35h et les printemps
arabes sont deux exemples du même phénomène de changement incontrôlé. Dans les
deux cas, on a eu l’inverse de ce que l’on voulait, à savoir des gains de
productivité sans emploi, et un pouvoir religieux obscurantiste.