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Moleskine, le carnet de la rumeur

Publié le 11 avril 2012 par Onceuponamarque @onceuponamarque

Once upon… Moleskine.

Moleskine, le carnet de la rumeur
« Le vrai Moleskine n’est plus».

Voilà ce qu’entendit, le cœur crispé, les jambes en coton, l’écrivain anglais Bruce Chatwin de la bouche de sa papetière en 1980.
Désespéré à l’annonce de la fermeture de son fournisseur de calepin – qu’il baptisa lui –même « Moleskine », « peau de taupe », en raison de sa couverture en coton vernis – l’auteur fit toutes les réserves qu’il put du carnet mythique avant de le voir disparaître.

En 1998, la start-up milanaise Modo & Modo crée et dépose la marque Moleskine, ligne de carnets noirs à la couverture cirée, d’après le nom que donne Bruce Chatwin  à ses livrets chéris dans Le chant des pistes (1987).

Ces cahiers nomades sont présentés comme les « héritiers » des recueils de pensées et de gribouillages d’Ernest Hemingway, Pablo Picasso, Vincent Van Gogh, Céline et autres artistes légendaires.

C’est là que le bât blesse.

Ces livres de voyage n’en sont que  les « héritiers ».

That’s it.

Le terme est flou. Assez flou pour laisser une place de choix à la rumeur pour s’installer.

Ainsi, Moleskine nous fait rêver. A force de rapprochements suggérés (et non officiellement annoncés), c’est Hemingway et ses conversations houleuses avec Scott F. Kennedy à la Closerie des Lilas que nous tenons dans nos mains. C’est également sur ce même papier, où Picasso crayonna les prémices de Guernica, que nous esquissons notre propre  destin de poète maudit .

Le calepin en peau de taupe a été la muse des plus grands artistes de la période moderne, pourquoi ne serait-il pas la nôtre ?
Et bien parce que c’est faux.

Ni Hemingway, ni Picasso, ni même Van Gogh n’ont touché un seul Moleskine de leur vie.
Pourquoi ? Tout simplement parce que la marque n’existait pas à leur époque. Certes, ils ont très certainement utilisé des carnets pour recueillir leurs révélations soudaines mais ce n’était pas des Moleskine.

Mensonge ? Tromperie ? Arnaque ? Doit-on  crier haro sur le baudet?

Non.

Parce que 1) Modo & Modo n’a rien affirmé officiellement, parce que 2) ça marche sacrément bien comme technique de marketing et parce que 3) on se sent quand même pas mal artiste quand on écrit dedans.

Ah ! Et la maison de carnets vient de sortir un calepin édition Star Wars, alors…

NDLR : Le présent article a été griffoné dans un Moleskine avant d’être publié sur ce blog. A bon entendeur…

A lire également sur le sujet, l’article « Le Moleskine d’Hemingway » ou la magie du marketing par Pascal Riché.


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