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Entre « N’ayez pas peur ! » et « L’appel à la nation » : les petites manœuvres médiatiques d’un « Pôv C… »

Publié le 18 avril 2012 par Kamizole

Jour N-4) Pour Sarkozy « La Concorde, c’est la guerre » ! Quasi du Big Brother dans le texte ! A cette exception près qu’avec lui, les « deux minutes de la haine » sont nettement insuffisantes : il doit haïr non seulement le matin en se rasant mais toute la journée et même en rêver la nuit. Nous le savions avant même dimanche. Deux articles du Monde aux titres significatifs - mais ce ne furent pas les seuls parmi les médias. Ainsi, l’article de Vanessa Schneider A la Concorde, M. Sarkozy mise sur une démonstration de force (14 avril 2012) dont les intertitres annonçaient exactement la couleur de ce qui nous attendait :

« Devant le château de Vincennes, M. Hollande veut jouer l'esprit festif » et « A la Concorde, M. Sarkozy mise sur une démonstration de force ». Deux tempéraments, deux conceptions de la politique et en dernière analyse de l’art de gouverner, diamétralement opposées. D’un côté un rassembleur, de l’autre un semeur de discordes. Comme en témoigne le second article, signé par Thomas Wieder et Vanessa Schneider Sarkozy-Hollande, la bataille des meetings (15 avril 2012). Décidément, le côté festif et bon enfant du meeting de Nicolas Sarkozy ne passe pas chez les chiens de garde de Sarkozy : un proche de Jean-François Copé ricane « Une victoire, ça se fête après l’élection, pas avant »… Mais bordel de merde, qui parle de fêter une victoire ?

Avant le grand banquet républicain et populaire du PS - naturellement prévu au Fouquet’s : c’est ça un « président normal » - les militants, sympathisants, les élus, le candidat et son équipe de campagne n’auraient-ils pas le droit de simplement fêter le plaisir de se retrouver ensemble - et celui, non négligeable pour le moral des troupes - de se compter ?

Si le chanoine de Latran préfère arborer une figure de carême, porter le silice, s’infliger la pénitence et l’imposer à ses ouailles, c’est son droit le plus strict. Au demeurant, cela m’amène à vous révéler le scoop de l’année : sachant que son élection n’est pas aussi évidente qu’il le prétend, il a trouvé le seul job à sa démesure : se faire élire pape en remplacement de Benoît XVI ! Sinon, pourquoi imiterait-il Jean-Paul II en affirmant - "n'ayez pas peur, ils ne gagneront pas si vous décidez que vous voulez gagner" (TF1 le 15 avril 2012) ?

Un TOC ou tic supplémentaire car il l’avait déjà prononcé lors d’un meeting rassemblant les Jeunes Pop : « n’ayez pas peur ! » (Le Point 31 mars 2012) et selon le sous-titre « célébré l’amour et invité les jeunes à inventer un monde nouveau ». Sans lui, ce serait certainement mieux ! Je vous passe les détails sur ses déclarations empreintes de répugnant sentimentalisme, son hommage à Clara Bruni qu’il est allé ensuite embrasser. Pouah !

Pensez donc ! Etre élu à vie, une fois la fumée blanche se sera-t-elle échappée de la cheminée de la chapelle Sixtine au Vatican où son enfermés la centaine de cardinaux . Son rêve. Plus besoin de faire campagne. Seul problème : les costumes - très bling-bling - risquent d’être un peu grands pour lui mais il y est déjà habitué. Ne m’objectez surtout pas qu’il n’a jamais reçu l’ordination, ce ne serait pas le premier. Non plus qu’il est marié : l’obligation de célibat des prêtres remonte seulement au XIe siècle et n’a jamais été exigée du Christ pour ses disciples - Saint-Pierre, qui fut le premier pape était marié - ni par Saint Paul, bien au contraire. L’on compte quelque 39 papes qui furent mariés. Resterait le fait qu’il est divorcé mais dans le passé, l’Eglise a très bien su fort opportunément assouplir cette règle au profit de nombre de souverains en trouvant les causes adéquates de dissolution du mariage.

Dimanche en fin d’après midi, travaillant sur d’autres sujets, il me vint à l’esprit que « la guerre des meetings » ayant eu lieu nous aurions droit à « la guerre des chiffres » ce qui ne manqua point. Mais ayant déjà abordé le sujet, je ne m’étendrais pas. Non plus que sur sa petite manœuvre médiatique qui consista à avancer l’heure de son discours pour que son discours fût diffusé par i-télé avant celui de François Hollande. Etre le premier, griller la politesse à ses ministres pour annoncer les mesures du gouvernement, tout cela est tellement habituel, mesquin et ridicule que cela n’a aucune importance et ne trompe personne.

Le contenu idéologique - ultra-nationaliste ! - de son discours me paraît autrement important, intéressant et significatif.

J’ai bondi au plafond - j’ai encore une bosse ! - quand j’ai lu le titre de l’article de Charles Jaigu sur Le Figaro L'appel à la nation de Nicolas Sarkozy (15 avril 2012).

MERDALOR ! La Nation - je ne suis pas nationaliste mais patriote ce qui n’est pas du tout la même chose et je crois connaître et aimer mon pays (et son histoire ainsi que ses terroirs selon son expression) autrement mieux et sincèrement que le satrape de l’Elysée - réduite à sa plus expression : L’UMP et ses sympathisants. Drôle d’équation, à ne surtout pas enseigner dans les collèges et lycées.

Voilà bien de quoi « avoir peur » ! Si ceux qui ne sont pas partisans de Nicolas Sarkozy - et à fortiori si l’on est socialiste - sont considérés comme à part de la Nation - quid de notre fière devise qui orne (encore) le frontispice des monuments publics : liberté, égalité, fraternité - nous ne sommes donc plus que comme dans l’Antiquité gréco-latine que des esclaves et autres « métèques » - entendre étrangers n’ayant pas la citoyenneté. Sans même parler des femmes. Des sans-droits. Pire encore que le vulgum pecus.

La même colère m’envahit quand je lis par ailleurs que Guillaume Peltier, conseiller UMP ès sondage de Nicolas Sarkozy - ex facho blanchi par son passage chez de Villiers - « estime que la place de la Concorde ne serait pas seulement le symbole de la droite ou de la victoire de Nicolas Sarkozy en 2007 mais du rassemblement de tous les Français et que l’enjeu, sur le fond comme sur la forme, c’est que les Français comprennent bien qu’il a l’étoffe, la crédibilité, la stature mais surtout qu’il incarne la France »…

Nicolas Sarkozy qui n’aime pas la France non plus que les Français - dont au demeurant, il ne comprend pas l’ esprit, surtout frondeur ! - incarnant la France ! Wouaf ! Wouaf ! Wouaf ! Fumer les moquettes "nuigrave" à l'entendement : le « président des riches » n’incarne que l’esprit partisan, la soif de pouvoir et une formidable appétence pour le fric. Point barre.

Je regrette mais le message de Nicolas Sarkozy ne s’adresse nullement à moi et nous serons très certainement plus de 20 millions de « non véritablement citoyens » à le lui faire savoir les 22 avril et 6 mai 2012.

Il m’avait déjà suffisamment gonflée lors de ses vœux du 31 décembre 2012 avec ses « chers compatriotes » à répétition - quelque dix occurrences si la mémoire ne me trahit pas. J’ai une toute autre idée de la Nation qui emprunte plus volontiers à Renan : « Qu’est-ce que la Nation ? Un plébiscite de tous les jours » qu’à Pétain

Je ne m’étendrais pas sur le sujet, l’ayant déjà amplement développé à plusieurs reprises mais ce « plébiscite » prouve à l’évidence que nonobstant l’étymologie - « natio » signifiant naissance - la France à vocation à considérer comme citoyens tous ceux qui aiment la France et adhèrent à ses valeurs, qu’ils y fussent nés ou non s’ils l’ont choisie comme leur patrie d’adoption.

C’est d’autant plus rageant et ridicule que Nicolas Sarkozy aura prononcé un discours dont il n’est pas l’auteur et que très vraisemblablement il ne connaissait pas grand-chose ni aux idées ni aux œuvres des divers auteurs dont il fit d’abondantes citations… Il était en effet l’œuvre d’Henri Guaino dont il faut bien reconnaître qu’il est quasi le seul à avoir une culture solide et étendue dans sa bande de conseillers.

Lequel serait « fier de ce discours sur la Nation qui a ratissé l’histoire de France » écrivent sur Le Monde Arnaud Leparmentier et Vanessa Schneider A la Concorde, Sarkozy appelle ses partisans à "un choix historique" (15 avril 2012). Henri Guaino ajoutant : « Je ne sors pas des manuels d'histoire. Il faut que cela parle aux gens ».

Mieux vaudrait enseigner correctement à l’école - lato sensu - l’histoire, non seulement de la France mais également de façon plus universelle : nos racines culturelles « éternelles » - puisque Sarkozy parlant avec les mots de Guaino ose accuser ses adversaires de « laisser dilapider l’héritage de la France éternelle » ! Il faudra que l’on m’explique comment quand on a autant saccagé l’Education nationale et réduits les programmes de culture générale à peau de chagrin - qui empruntent autant à l’Antiquité gréco-latine qu’à d’autres civilisations, dont les Arabes ! Qui ont fait connaître Aristote aux lettrés du Moyen-âge et dont les connaissances scientifiques étaient à l’époque autrement développées qu’en France.

« Ratissé » ? Le mot est vraiment étrange et me fait bien plutôt penser à la manœuvre politicienne : tenter de ratisser les voix des électeurs tentés par le vote Le Pen ! Le terme survoler eût mieux convenu à mon sens.

Vous trouverez l’inventaire le plus exhaustif des citations prêtées à Nicolas Sarkozy sur l’article du Point A la Concorde, Sarkozy en appelle à la "résistance" des Français (15 avril 2012) dont j’extrairais juste un petit passage démontrant à quel point cet exercice de style fut destiné - entre autres objectifs - à déconsidérer ses adversaires de la gauche : « et de jouer de la filiation entre ces grands hommes, qu'il a cités en nombre : Molière, Voltaire, Chateaubriand, mais aussi Péguy, Napoléon, Jean Monnet, ainsi que "la voix d'Aimé Césaire, jetant Racine, Zola et Hugo à la figure des censeurs de Vichy" »…

La dernière phrase me semble mal tournée mais si je comprends bien, comme nous avons le plus grand tort de critiquer Nicolas Sarkozy pour sa politique nauséabonde à l’égard des étrangers, de l’identité nationale en la comparant - non sans raison - à celle du Régime de Vichy, il nous répond - du haut de sa très haute inculture - par des citations censées nous faire périr de honte bue.

Du bas de mon tout petit peu de culture, j’oserais lui dire tout simplement : merde.


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