Jean Grey fait partie de ces personnages iconiques de l’univers Marvel dont le destin constitue sans conteste l’une des clés de voûte de sa mythologie. Si au commencement cette jolie rousse semble être bien effacée au sein de la première équipe des Mutants, plusieurs artistes vont se charger de la porter au premier rang, non sans lui faire subir des changements drastiques et la faire passer du côté obscur. C’est cette évolution que nous allons voir ensemble, avec comme toile de fond bien entendu une Saga que les lecteurs de Marvel ne connaissent que trop bien.
A la fois jeune et douée, on ne peut pourtant pas dire que les pouvoirs de Jean soient aussi impressionnants et dévastateurs que ses acolytes, ses talents de télékinésie lui servant à déplacer quelques objets, mais les besoins de l’histoire vont ensuite la faire évoluer en une véritable télépathe.
C’est à partir de X-Men #3 (en janvier 1964) que Jean entame une timide relation avec Scott Summers qui mettra pas mal de temps a devenir officielle, puisque c’est à partir du #48 (en septembre 1968) que nous les voyons réellement en tant que couple. Ceci dit, pour être la plus exacte possible quant aux origines de ce couple bien tumultueux, un extrait issu de l’épisode flash-back X-Men #138 (octobre 1980) fait référence à leur déclaration mutuelle se déroulant pendant les évènements d’X-Men #32 (mai 1967).
Tout au long de ses jeunes années, Jean sera étudiante, puis mannequin et alternera un rôle de confidente du Professeur Xavier à celui de cible amoureuse auprès de celui-ci, mais également d’Angel et Cyclope, et oui, c’est pas facile d’être la seule fille dans une équipe de super-héros.
En 1975 l’équipe des X-Men s’agrandit lors du hors-série Giant-Size X-Men #1, Len Wein et Dave Cockrum en sont les architectes rapidement secondés par Chris Claremont au scénario à partir d’X-Men #94. C’est à ce moment que Jean décide de quitter ses compagnons (et son amoureux), l’idée de Claremont était de la faire disparaître pendant quelques mois puis de la faire revenir avec de nouveaux pouvoirs mais aussi beaucoup plus de consistance.
Les ennuis vont commencer pour notre amie en avril 1976 (décidément une année riche en matière de comics…) dans X-Men #98, lorsqu’elle est kidnappée par les Sentinelles aux côtés de Wolverine et Banshee et qu’ils sont séquestrés sur une station orbitale par le Dr Steven Lang. Parvenant à se libérer mais étant dans l’incapacité de s’enfuir de la station, ils devront attendre l’arrivée du reste de l’équipe à la rescousse dans le fameux X-Men #100. Sur le chemin du retour, un orage solaire menace le vaisseau et Jean s’avère être la seule capable de le piloter (grâce à ses pouvoirs de télépathe, elle a puisé son savoir dans celui du Dr Corbeau, un allié des X-Men) tout en mettant à l’abri ses coéquipiers.
C’est évidemment une mission suicide qui causera la perte de la Jean Grey que nous connaissions jusqu’alors.
La fin du #100 sous-entend que Jean a été bombardée de rayons cosmiques, tout comme ce fut le cas pour Reed Richards dans Fantastic Four #1 en 1961.
Mais il n’en est rien. Jean Grey meurt irradiée et se réincarne en une entité cosmique appelée Le Phénix entraînant la saga du même nom. On plutôt Le Phénix prend à ce moment là l’apparence de Jean Grey, et se convainc même d’être réellement elle, alors que la vraie Jean Grey est placée dans un cocon au fond de Jamaica Bay, là ou la navette spatiale s’est écrasée. Oui les enfants c’est le bordel. On dit souvent que DC c’est du grand n’importe quoi, et bien laissez-moi vous dire que Marvel n’a rien à envier à la Distinguée Concurrence en matière d’histoires tarabiscotées. Mais passons… (mais ouai c’était une boutade, c’est pas la peine de m’envoyer She-Hulk pour me botter pas les fesses !)Nous avons donc droit à l’une des scènes les plus célèbres de la Maison des Idées dans X-Men #101 : la première apparition du Phénix dans toute sa splendeur.
Non y a pas à dire, ça pète.
Le look en peu trop sage de Jean s’en est allé en même temps que son ancienne incarnation. Nous la verrons désormais dans une tenue moulante dont le design a été remanié plusieurs fois par Dave Cockrum avant d’être validé définitivement par l’éditeur en chef Archie Goodwin. En effet, à l’origine Cockrum avait dessiné plusieurs versions différentes, avec à chaque fois une combinaison blanche ornée de bottes, gants et ceinture dorée. Mais elles furent toutes rejetées par l’éditeur qui craignait que l’on voit le verso de la page imprimée à travers le costume. Il lui conseilla à la place d’utiliser les couleurs originelles du costume de Jean Grey.
Mais revenons à nos moutons. Phénix, persuadée d’être Jean Grey va continuer sa relation avec Cyclope comme si de rien n’était, ses nouvelles capacités lui permettant d’avoir une relation quasi normale avec son cher et tendre.
Car la nouvelle Jean Grey est bien plus qu’une version améliorée de Marvel Girl avec des pouvoirs accrus et un costume flambant neuf. C’est en juin 1977 dans X-Men #105 qu’elle met un doigt sur l’étendu de ses pouvoirs en dégommant Firelord dans une intervention pour le moins cosmique.
Voilà, maintenant on arrête de rigoler. L’idée de Claremont était de montrer au fil des épisodes la lente intoxication de l’héroïne qui allait se laisser s’enivrer par tant de pouvoir et se laisser dominer par le côté obscur.
John Byrne repend le titre à partir du #108 (toujours en 1977) et s’inspire de l’actrice Raquel Welch. C’est également dans cet épisode que lui apparaît le Phénix Noir (à Jean Grey, pas Rachel Welch, la pauvre) sous la forme d’une hallucination ou plutôt d’une prémonition, comme un ombre avertissement des évènements à venir, à moins de voir ici les prémices de l’évolution schizophrénique du personnage.
En bien c’est ce que nous verrons dans la deuxième partie de notre petit dossier sur Jean Grey, une jeune femme au destin bien tragique qui est morte et ressuscitée à plusieurs reprises, quoi de plus normal pour un phénix…