C’est une évidence : les riches contribuables français sont devenus la cible incontournable des candidats à l’élection présidentielle, qu’ils soient de gauche ou de droite.
Pour un candidat à l’élection, les « riches » représentent une aubaine : s’en prendre à eux permet d’exacerber ce vieux sentiment français de lutte des classes qui n’a jamais vraiment disparu et qui parle au plus grand nombre. S’en prendre aux riches, c’est l’assurance de se rendre sympathique aux yeux de l’opinion publique, ce qui permet de monter dans les sondages. François Hollande, en annonçant un impôt à 75% pour les riches, a ainsi fait grimper sa cote de popularité. Nicolas Sarkozy, en annonçant qu’il voulait taxer les exilés fiscaux hors de France, sur la base du modèle américain, est monté dans les sondages.
Des contribuables qui fuient l’instabilité d’un système
Mais les propositions des candidats sont-elles réalistes ? Je passerai rapidement le cas de François Hollande qui, en faisant de telles promesses, fera incontestablement fuir les riches contribuables vers des cieux fiscaux plus cléments, comme par exemple la Suisse, avec un forfait fiscal certes décrié dans certain canton mais qui reste fichtrement efficace. D’ailleurs, beaucoup de ces contribuables n’ont pas attendu et ont déjà fui. Et d’après les informations que je possède, ils ont fui en masse déjà depuis l’automne dernier. Le retour des socialistes en France au pouvoir fait peur, très peur.
Quand le président sortant s’inspire du modèle fiscal américain
Nicolas Sarkozy s’est quant à lui inspiré du système américain : chaque français serait ainsi taxé en France, quel que soit son lieu de résidence : ce serait ainsi la nationalité, et donc le fait d’être qui serait le critère de taxation, et plus le lieu de résidence. Bonne idée à première vue, sauf que en l’état, c’est inapplicable, pour au moins 2 raisons :
- il faudrait que la France renégocie plus de 200 conventions fiscales avec les pays, ce qui prendrait des années, et ce qui supposerait que les pays acceptent de renégocier, et rien n’est moins sûr dans ce cas !
- Comment fait-on la différence entre un exilé fiscal et un expatrié français qui va travailler dans un pays ? Difficile à dire, surtout que bon nombre de riches exilés fiscaux prennent une activité dans les pays qui les accueille, et montent des sociétés.
En Suisse, lors des élections, on ne polarise pas les électeurs, et on discute de choses concrètes
A mon sens, les différences majeures qui existent entre les élections en France et les élections en Suisse sont les suivantes :
- Alors qu’en Suisse on organise des débats sur des sujets concrets, en France, les hommes politiques restent très souvent au niveau stratosphérique, charge aux électeurs d’essayer de comprendre, dans le concret, comment toutes les promesses qu’on est en train de leur faire vont être mises en oeuvre ;
- Les hommes politiques en Suisse n’opposent en général pas les électeurs, sauf peut-être l’UDC qui fait parfois quelques tentatives. On retrouve très bien cette ligne de conduite dans la composition même du gouvernement par exemple, composé de membres de plusieurs partis différents, y compris très éloignés sur les idées.