A quelques heures du premier tour de la Présidentielle, examinons les programmes des différents candidats à la lumière de l'écologie et plus précisement de la crise écologique.
Le concept de crise écologique est défendu inlassablement par l'auteur de cet article. De quoi s'agit-il? La crise écologique est une autre explication des crises économiques et de l'explosion des dettes. Elle ne s'oppose pas aux analyses traditionnelles mais les complète.
Le ralentissement économique, que nous vivons depuis 2008, s'explique parce que nous atteignons le plafond de verre des ressources par rapport à la planète et ses habitants. Terres cultivables, foncier pour construire, pétrole, minerais, alimentations, eau potable, ... : partout et pour tout, nous aboutissons à l'asymptote de nos possibilités par rapport à notre population.
La crise de la dette a la même explication. Pour relancer la machine économique, les gouvernements des pays occidentaux vivent depuis 30 ans au-dessus de leurs moyens. A chaque fois, ils parient sur un accroissement de la croissance économique, croissance toujours décevante par rapport à leurs objectifs. Or, cette reprise économique est toujours contrecarrée par l'augmentation des prix et des coûts de ressources de plus en plus rares.
Les candidats à l'élection présidentielle ont-ils conscience de ce phénomène? Ont-ils, dans leur programme, quelques éléments de réponse à cette grille d'analyse? Commençons notre tour d'horizon.
Marine Le Pen est la plus extrémiste en ce domaine. Elle nie le réchauffement climatique et annonce la mesure la plus démagogique et la plus irréaliste qui soit sur ce sujet: faire immédiatement baisser le prix de l'essence de 20%. C'est faire la politique de l'autruche et croire encore naïvement en la société d'abondance.
Nathalie Artaud et Nicolas Dupont-Aignan, pourtant de bord opposé, ont la même approche : la crise est monocausale. Pour la première, la bourgeoise et le capital sont seuls responsables, pour l'autre, c'est la finance et l'Europe. Le manichéisme simplificateur ne permet pas de comprendre que, si l'Europe est en crise depuis 30 ans, c'est qu'elle affronte aussi les inconvénients d'être un vieux continent aux ressources limitées.
François Bayrou et Jacques Cheminade ont des analyses voisines. L'écologie et le développement durable sont un simple paragraphe de leur programme. La résolution de la crise est leur principal problème mais ils n'ont pas compris le lien qui existent entre crise et écologie. On devine pourtant que, pour eux, l'écologie a un coût qui s'oppose à la relance économique. Cela doit donc rester secondaire.
Jean-Luc Mélanchon et Philippe Poutou ont des vues similaires. L'écologie prend une place importante dans leur programme et le lien entre la crise et l'écologie est esquissé. Malheureusement, leur vision d'une planification écologique, dirigiste et donc autoritaire, semble bien naïve. Croire que l'on va modifier les comportements des citoyens et des consommateurs par l'injonction et la réglementation, procède d'une méconnaissance des processus d'évolution des mentalités.
Eva Joly semble être la candidate rêvée pour comprendre la crise écologique. Mais sa vision, certes franche et lucide de la situation, souffre d'un manque de volontarisme. Elle peine à relier la crise et l'idéal écologique qu'elle défend.
A contrario, Nicolas Sarkozy veut donner l'image du candidat volontaire par essence. Mais le président en exercice est confronté à son bilan. Aprés le démarrage prometteur du Grenelle de l'environnement, il a, lui aussi, perçu l'écologie comme un obstacle dans son combat contre la crise. Incapable de faire le lien entre les deux, il a arbitré en défaveur de l'écologie à chaque prise de décision. De plus, son soutien à l'industrie mono-nucléaire française a handicapé la nécessaire conversion aux énergies renouvelables.
François Hollande semble avoir des atouts intéressants pour affronter la crise écologique. Il possède des conseillers de qualité, qui ont commencé à faire des analyses dans ce sens. Mais sa vision du monde souffre encore du coeur de l'idéal socialiste : croire que la relance se fera par des politiques keynésiennes s'oppose à l'analyse de la situation par la crise écologique. La croissance, conséquence positive et nécessaire du keynésianisme, ne se fera pas car la limitation des ressources de la planète empêche cet ancien modèle économique de fonctionner encore.
Le favori des sondages doit le comprendre. Il risque en effet de nous faire revivre le tournant de la rigueur de 1983, décidé par Mitterrand après l'échec de la politique de la relance initiée après la victoire de 1981. Le mur de la réalité des dettes et du plafond de verre des ressources risque d'être rapidement atteint.
La seule relance économique possible doit impérativement mettre au coeur les politiques durables, le recyclage des ressources et les énergies renouvelables. Faute de le comprendre, le vainqueur de la présidentielle, dans quinze jours, risque de nous faire sombrer encore un peu plus.
sources de l'image: wikipédia et solution recyclage