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Un marché de la e-santé à l’écoute des usages patients

Publié le 21 avril 2012 par Fabricevezin @FabriceVezin

Lors des rencontres parlementaires du 12 octobre 2011, Nora Berra, secrétaire d’état chargée de la santé, déclarait que « l’usager du service public de la santé n’est plus un objet de soins mais un citoyen pleinement acteur du système de santé ».

Et forcé de constater qu’en 2011, de nombreux services et offres sont apparus sur le marché de la santé en ayant comme cible le patient et “son profil acteur de sa propre santé”.

Car si on parle volontiers de patient en e-santé, il faut convenir du large spectre de “types de patient” oscillant entre 2 extrémités que je me risque ici de nommer, (de manière très globale j’en conviens) en :

- “patient-consommateur” : qui est soucieux de sa santé et de son bien-être pour lui-même ou ses proches, qui recherche et partage des informations et services pouvant lui apporter un mieux dans son quotidien. Il est également à l’aise avec les nouvelles technologies.

- “patient-acteur du système de soins” : qui est atteint d’une affection de longue durée, qui est dépendant, se trouvant le plus souvent à son domicile et dont la captation et le recueil de ses données médicales personnelles est un enjeu majeur pour l’écosystème du marché de la e-santé.

Car en 2011, ce marché de la e-santé a évolué en dehors de l’hôpital, au plus près des patients dans le domicile (sphère de la télésanté) avec 2 cibles identifiés : les patients atteints de maladie chronique et séniors ou personnes dépendantes vivant à domicile.

Entre ces 2 “profils” de patients, on trouve toute une palette d’usages, de besoins, de niveaux d’appropriation des nouvelles technologies, des profils d’âges très différents qui ont inspiré de nombreux acteurs qui se sont positionnés sur des créneaux bien précis.

Je me propose dans cet article de traiter les opportunités liées au marché et les acteurs qui se sont positionnés autour des attentes plutôt liées au “type” de patient, le “patient-acteur du système de soins”. Le second, vous vous en doutez, fera l’objet d’un prochain article.

Le patient : un acteur économique avec de multiples facettes concernant ses us et profils.

1) Parfait usager des nouvelles technologies, c’est un adepte de la recherche et consultation de l’information santé sur internet et cette recherche a un impact sur sa prise de décision de consultation, car d’après un sondage réalisé par Groupe Pasteur/mutualité 30% des français utilisent internet pour rechercher des infos médicales et 24 % d’entre eux renoncent à consulter après avoir trouvé l’information sur internet.

Parmi les acteurs positionnés sur ce créneau de la recherche d’information santé, le premier nom qui vient à l’esprit et sans nul doute Doctissimo avec ses 8 millions de visiteurs uniques mensuel (10 millions CA annuel). A lui seul, il représente 80 % de part de marché  des sites de santé (devant santé-medecine.net et santéAZ).

2) Il affectionne le partage d’informations liées à son quotidien, au traitement suivi et à son impact sur la vie quotidienne se développe de plus en plus. L’aspect communautaire, autour d’une même pathologie où l’on peut se retrouver en pairs, se réconforter avec des informations pratiques a véritablement décollé depuis environ 12 mois avec pas moins de 3 plateformes communautaires dédiées aux patients qui se sont créées en France. Certaines d’entre elles ont fait l’objet de précédents articles sur mon blog, je vous invite à les consulter via les 2 liens ci-dessous.

Bepatient : http://lemondedelaesante.wordpress.com/2012/01/24/bepatient/

Entrepatients.net : http://lemondedelaesante.wordpress.com/2012/04/09/un-nouvel-entrant-sur-le-secteur-des-communautes-de-patients-entrepatients-net/

Ces acteurs ont à peu près le même modèle économique, basé sur une partie BTOB, concernant l’acquisition d’une audience vis-à-vis des visiteurs avec des systèmes d’abonnements gratuit ou payant (sans abonnement : soumis à la pub / Abonnement gratuit : soumis à la pub / Abonnement payant : pas de pub, services supplémentaires réservés) et des possibilités d’achats de services en ligne.

L’autre partie de type BTOC, est orientée vers les annonceurs, les acteurs marchands du secteur (industrie pharmaceutique, fabricants dispositifs médicaux, assurances & mutuelles), avec des financements par la publicité, par l’hébergement payant d’applications ou produits. Et enfin, par la vente ou location de d’études ou informations médicales ciblées (pharmacovigilance, études ciblées, épidémiologie) établies à partir des bases d’informations collectées.

3) Il n’hésite pas à utiliser les nouveaux services et les solutions en ligne qui s’offrent à lui par le biais des sites web ou des applis mobile santé via son smartphone, que cela soit dans le domaine d’applications de confort (rappel de prise de pilule,  dépenses de calories,…) ou d’applications plus médicales (informations sur les médicaments, suivi de traitement,…). A titre d’information, citons le rapport 2011 de Mobilehealthnews sur le téléchargement d’applis santé via l’Appstore, qui indique que les applis permettant un suivi cardiologique arrivent en premier, devant régime et relaxation.

On a dénombré pas moins de 17 000 applis mobiles santé au cours de 2011, dont 57% de ces applis mobiles santé sont destinées au grand public, selon le rapport research2guidance.

En termes d’exemple des types de services proposés, je vous invite à consulter deux de mes précédents articles sur :

les fiches santé Sanoia : http://lemondedelaesante.wordpress.com/2012/03/18/les-carnets-de-sante-en-ligne-dans-lattente-du-dmp/

et l’appli mobile « code d’urgence » : http://lemondedelaesante.wordpress.com/2012/02/20/un-qr-code-qui-peut-vous-sauver-la-vie/ .

4) Il va même jusqu’à « consulter » les plateformes de conseils médicaux en ligne, qui se sont multipliées ces derniers mois. Rappelons toutefois que ces sites ne sont pas habilités à délivrer des ordonnances. Il s’agit bien de conseils prodigués par des médecins inscrits à l’ordre des médecins et un rappel systématique est fait sur la notion que cela ne remplace pas une consultation chez son médecin traitant.

Néanmoins, on s’aperçoit que ce secteur du conseil médical en ligne se développe, dans la mouvance de la télémédecine et de la consultation à distance (sans en être vraiment) et que cela semble répondre à un besoin des patients internautes. Reste à connaître la motivation des utilisateurs, est-ce le tarif proposé ou la disponibilité des professionnels de santé. A chacun de se faire son opinion.

Ce que l’on peut dire sur ce marché est qu’il est en pleine expansion et que de nombreux acteurs se sont positionnés. Leur modèle économique est principalement axé sur la tarification du conseil, soit à la durée de la prestation, soit sous la forme de forfait, ou encore via un abonnement. Un financement par la publicité est également envisagé. Et enfin, des contrats peuvent être passés avec des mutuelles pour proposer ce type de services à leurs adhérents. De même, concernant certains employeurs désirant proposer ce service à leurs salariés.

Parmi les plateformes de conseils médicaux actuellement en place, citons Wengo, medecin-direct, docteurclic, francemedecin… Le plus médiatique d’entre eux est sans doute, Wengo, dont on entend les spots radios depuis quelques mois. A titre d’information, il est issu d’un groupe français dont l’activité première fut la téléphonie comme filiale de Cegetel. En 2008, année de la reconversion pour s’orienter vers la mise en relation entre particuliers et experts de divers domaines d’activités (juridique, financier,…). Le secteur du conseil médical fut mis en place en février 2011.
En juin 2011, le groupe s’est enrichi d’une plateforme d’affiliation (Newgora/GoraCash) afin d’assoir son modèle économique.
Précisons enfin que Vivendi est un des actionnaires de Wengo.

5) Et accepte d’acheter ses produits de parapharmacie sur internet, bénéficiant ainsi de l’effet prix et (entre 20 et 30% d’économie). A ce jour, la France est en retard sur certains pays européens concernant la vente en ligne de médicaments. Les pharmaciens français doivent se contenter de sites de présentation et d’information en prolongement de leur officine physique.
Mais les choses risquent d’évoluer dans les prochains mois, dans le cadre d’une directive européenne autorisant la vente en ligne de médicaments et à laquelle la France devra se conformer tôt ou tard.
Gageons qu’à ce moment précis, les pharmaciens d’officines devront décliner des offres web intéressantes s’ils ne veulent pas voir arriver divers acteurs intéressés par ce nouveau marché. Acteurs tels que des pure players (cdiscount) ou des acteurs de la grande distribution (leclerc, auchan), voir les grossistes répartiteurs.

Précisons à cet égard que le site allemand DocMorris.de (250 millions d’euros en 2009), star de la vente en ligne de médicaments, fait partie du groupe détenant le grossiste répartiteur français OCP).

A l’aide de l’illustration ci-dessous, vous retrouverez quelques exemples d’acteurs recensés par typologie d’usages des patients et des solutions proposées par les acteurs du marché. Ce tableau n’a rien d’exhaustif en termes d’usages et d’acteur, il se veut uniquement illustratif des propos tenus plus haut dans cet article.

Un marché de la e-santé à l’écoute des usages patients
En conclusion de cette première partie sur les patients, on peut remarquer le fait que ce sont souvent des pure players qui se positionnent sur les diverses niches et créneaux de ce secteur, distançant ainsi les acteurs historiques de la santé.

Et vous ? Qu’en pensez-vous ?



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