Après mes confrères, à mon tour d’exprimer sur notre webzine préféré, les raisons de mon non vote.
Tout d’abord je suis née en Espagne, mais je vis en France depuis mon plus jeune age. J’ai la nationalité espagnole, mais ma culture, ma pensée, ma facilité à exprimer ou à m’exprimer , est Française. Pour deux raisons. La première est du à mes parents. Ayant connu tous deux le franquisme, et bien qu’ils l’aient fui en immigrant, ils gardaient pourtant dans leur chair et leur esprit comme une marque indélébile, et comme tant d’autres personnes ayant vécu sous chape de plomb, ils ne s’exprimaient qu’à minima et quand cela s’avérait incontournable. Aussi parlions-nous peu, très très peu, au point de ne pas connaître la vie de mes parents au delà de leur installation ici, et les raisons profondes de ce départ, et par ricochet l’Histoire de ma patrie natale. Bien sur, quand nous retournions la bas pour les vacances, je ressentais un « climat » différent, je voyais aller et venir des gens presque misérables, mais surtout, avec tous un air de profond accablement sur le visage et sur le corps. J’ignorais alors qu’une seule et unique personne pouvais mettre un peuple à genoux, et avoir le pouvoir de vie ou de mort sur celui-ci.
Seconde raison, devant le vide éducatif sidéral de mes géniteurs, mon désir de connaissance, ma curiosité naturelle, mon envie de comprendre le pourquoi du comment furent comblés par l’école. Aussi, embrassais-je d’autant plus, et je m’appropriai cette culture.
Bien sur, adulte, j’avais la possibilité de demander la naturalisation, -mais paradoxalement, j’aimais aussi cette partie inconnue de moi, ne désespérant pas d’ailleurs d’un jour mieux la connaître-, et bien que le ridicule ne tue pas, je ne voulais pas l’être en déclarant ma nationalité, de répondre française avec le patronyme ibérique qui est le mien!
En 1986, l’Espagne intègre l’union Européenne.
Enfin me dis-je… En tant qu’européenne, enfin je voterai la ou je vis…, enfin politiquement, je participerai à la vie démocratique du pays, pays ou j’ai des droits certes, mais aussi le devoir de respecter la loi républicaine, de travailler, de cotiser, de déclarer mes revenus, de payer les impôts, les taxes directes ou indirectes, etc….
Déception et désillusion. L’Europe des finances et des marchés via la monnaie unique, obtint la priorité sur l’approfondissement de l’intégration et de la solidarité entre les États membres et ses ressortissants (Ref : Préambule du Traité Européen ). Comme par le passé, je vote, vote utile par défaut et par méconnaissance de l’impact de la politique la bas, et plus pour utiliser ce droit, grâce aux formulaires à l’intention des Espagnols vivant à l’Étranger ! A l’Heure de l’Europe, ce bel euphémisme est inscrit sur les documents, je garde d’ailleurs une copie comme témoignage pour ma postérité…
Voilà pourquoi, seul mes enfants -nés en France de parents étranger- bénéficiant du droit du sol, reçoivent le fameux « pass » de la carte électorale.
Aussi, comme Blequin dans son article « Pourquoi je vote , sur le principe je suis d’accord, mais je partage aussi l’avis de Jonathan Hoesch et Samuel Baron de ne pas vouloir voter .
Car malgré le combat de nos ancêtres jusqu’à laisser leur vie pour obtenir ce droit et d’autres aussi, et n’en déplaise à ceux déclarant la pleine et entière jouissance de ce droit distingue la démocratie d’une dictature, quand, comme aujourd’hui les dés sont pipées, quand le débat pré-électoral est occulté par les faits divers et confisqué au profit de querelles de clocher, quand seul les représentants de la classe financière, à travers la personne du chef de parti politique se présentent au «concours parodie-comédie » d’élection, j’estime non pas vivre dans une démocratie, mais dans un ersatz ou un succédané de celle-ci.
Selon moi, un pays démocratique serait celui, ou sans attendre une période électorale et sans avoir à manifester, et/ ou à se faire « tabasser » par les forces de l’ordre (jadis agents de la paix!!!), le peuple aura la possibilité de destituer tout homme ou femme, ne remplissant pas les missions pour lequel il a été mandaté. Le droit de vote est un premier pas, l’acquisition de contre-pouvoirs et leur exercice par le peuple, est le second afin de conserver la démocratie vivante.
Pour finir, comme Maude,oui l’abstention peut-être un outil démocratique faute de mieux. Si 100% des votants s’abstient, la classe politique daignera sortir de sa cage dorée, et rencontrer, échanger, dialoguer, partager sur les préoccupations de la population, et envisageront d’autres manières de résolution des problèmes, en se mettant tout d’abord d’accord sur ce qui vraiment fait problème ou en est un, pas uniquement comme maintenant et ce depuis quelque temps, et pas seulement dans cette nation mais aussi dans beaucoup d’autres, pour nous « soutirer » un bulletin en leur faveur.
Si nous voulons vivre dans une démocratie et la conserver, nous devrions inventer des outils pour ce faire. Comme un jardinier soigne, nourrit, panse, anticipe en posant des tuteurs ou des gardes-fou, coupe, élague, arrache certaines herbes pour fortifier la plante, nous ne devrions pas nous reposer sur nos acquis, mais toujours les interroger, les « dépoussiérer », et les réinventer si besoin.
Mais je suis une rêveuse parait-il, et tout ceci une douce rêverie, mais qui sais un jour….