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L'insomnie pourrait aggraver le bilan fonctionnel et émotionnel des patients souffrant d’acouphènes, en amplifiant les bourdonnements, les sifflements ou les cliquetis qu’ils perçoivent dans la tête et les oreilles, selon une étude réalisée à l’hôpital Henry Ford à Détroit (États-Unis) présentée cette semaine aux Rencontres printanières d’otolaryngologie combinée (Combined Otolaryngological Spring Meetings) à San Diego. Menée sur 117 patients traités entre 2009 et 2011, cette étude rétrospective révèle une association significative entre l'insomnie et la sévérité des symptômes acouphéniques perçus. Les informations ont été recueillies par téléphone et lors d’entretiens écrits, à l’aide du questionnaire de réaction aux acouphènes (TRQ) et de l’indice de sévérité de l’insomnie (ISI). Les patients insomniaques rapportent une amplification de la détresse émotionnelle ressentie à cause de leurs bourdonnements d'oreilles. "Les acouphènes impliquent des processus cognitifs, émotionnels et psychophysiologiques, qui peuvent aboutir à une augmentation de la détresse d'un patient", explique Kathleen Yaremchuk, co-auteur d'étude et responsable du département d'Oto-Rhino-Laryngologie et de Chirurgie de Cou à l’hôpital Henry Ford de Détroit. Les troubles du sommeil, tels que l'insomnie, peuvent aboutir, chez les patients acouphéniques, à une diminution de leur tolérance aux acouphènes." Si la cause physiologique exacte des acouphènes demeure encore mal connue, certains facteurs déclenchant ou aggravant les bourdonnements d’oreille ont déjà été identifiés, telle que l'exposition aux bruits forts, l'accumulation de cérumen dans les oreilles, les infections des sinus et des oreilles, les traumatismes de la tête et du cou, la maladie de Lyme, la fibromyalgie, le syndrome d'échappement thoracique et certains troubles comme l’hypo- ou l’hyperthyroïdisme. L’insomnie semble donc s’ajouter à cette liste. Par ailleurs, le score de sévérité de réaction aux acouphènes obtenu grâce au TRQ, et notamment sa composante émotionnelle, serait prédictif de l’ampleur des troubles du sommeil et permettrait d’identifier les patients acouphéniques qui sont insomniaques. En conclusion, les auteurs soulignent que l'évaluation et le traitement des patients insomniaques souffrant d'acouphènes pourrait se traduire par une réduction de la sévérité de leurs symptômes.