Réquisitoire en faveur « Des Hôtes de Dieu »

Nul n’ignore en ce moment le diffèrent qui oppose la FNAVM au Ministère des Habous et des Affaires Islamiques, à tel point que le Ministre du Tourisme a dû intervenir par deux fois dont une en compagnie du Ministre de l’Intérieur pour essayer de trouver une solution au problème qui sème le trouble dans l’esprit des citoyens.

L’objet du malaise serait l’inscription des pèlerins désireux de participer au tirage au sort pour effectuer le pèlerinage aux lieux saints. Depuis 2007, les inscriptions se font sur deux listes distinctes et la répartition se fait au prorata des inscrits pour déterminer le cota attribué aux agences sur la base des 32000 places réservées au Maroc.

La FNAVM, partie prenante, au vu de la loi qui régit l’activité de ses membres, demande que les inscriptions et le tirage au sort se fassent sur la base d‘une liste unique et que les heureux élus puissent choisir leur prestataire une fois munis du précieux sésame. Cette démarche n’a rien d’offensant et gagnerait à être adoptée pour plus de transparence et de clarté dans l’esprit des candidats au pélerinage et des agences de voyage.

La loi est on ne peut plus claire concernant la vente d’un forfait : l’agent de voyage dûment agréé doit proposer un produit, un programme détaillé, un prix , des conditions générales de ventes et une assurance responsabilité civile. Or , au moment des inscriptions au tirage au sort, personne n’est soumis à ces conditions car il n’y ni acte de vente, ni promesse de vente, mais une simple inscription.

Par contre, au moment de la concrétisation, c’est à dire après le tirage au sort, le futur pèlerin est en droit d’exiger toutes les garanties avant de faire son choix car il ne s’agit pas de n’importe quel voyage, mais DU VOYAGE que tout musulman aspire à faire s’il en a les moyens et si possible dans les meilleures conditions possibles. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, avec ce système, beaucoup de personnes regrettent de s’être inscrit sans connaissance car il ne peuvent plus changer et se sentent obligés d’accepter ou de se rétracter avec le risque de ne plus être choisi par le sort.

Ce système met la pression sur les candidats et empêche la libre concurrence qui est le seul moyen d’influer sur le prix et la qualité, car aucune négociation possible et la rareté du produit crée la surenchère.

Une telle opération exige un professionnalisme efficient ce qui n’est malheureusement pas le cas, au vu des réclamations des pèlerins sur place, souvent livrés à eux même aux moments où ils ont un besoin réel d’assistance , c’est à dire pendant les 4 jours du  Hadj  (Minan & Arafat). Nous en eûmes l’illustration l’année passée par les mouvements de protestation en lieu et place de la méditation recommandée en pareille circonstance.

La profil du pèlerin marocain est complexe car c’est un brassage de populations diverses dont la grande majorité n’a jamais voyagé. De ce fait , sa gestion est très difficile et demande beaucoup de patience, de pédagogie et de psychologie.

Nos pèlerins ont besoin de savoir avec qui ils vont résider, où ils vont habiter ni qui va les encadrer. Malheureusement ils découvrent tout cela au fur et à mesure du voyage avec toutes les surprises , les frustrations et les incompréhensions que cela engendre.

Je ne veux en aucun cas dénigrer le service public, je sais que les accompagnateurs font du mieux qu’ils peuvent pour encadrer et assister les pèlerins, mais vu le nombre 29000, c’est une mission impossible et le marocain étant tout , sauf discipliné et avant tout individualiste, le résultât est souvent catastrophique. Comparés aux Malaysiens, Indonésiens, Turcs et même certains pays soit disant sous développés, nous faisons figure d’amateurs.

Au niveau de la FNAVM, on peut dire, valeur aujourd’hui qu’il y a 180 agences à même de répondre aux exigences légitimes des pèlerins toutes catégories socio professionnelles confondues. Elles sont aujourd’hui réparties sur l’ensemble du Royaume, connaissent très bien le profil des pèlerins, leurs budgets et surtout leurs us et coutumes.

Ces agences, aujourd’hui sélectionnées sur des critères objectifs peuvent encadrer 10000 pèlerins dans des conditions optimales. Reste le problème du prix du forfait qui est dissuasif pour le plus grand nombre. Ceci est lié au fait que la négociation des agences se fait sur la base de 45 pèlerins, alors que le service public traite pour 29000 pèlerins.

Nous savons tous, que la force de négociation est basée sur le nombre et c’est ce qui a poussé la FNAVM cette année à lancer un appel d’offre de services sur la base d’un CPS rigoureux pour  3800 pèlerins. Cette approche devrait baisser de manière significative le prix des prestations et améliorer la qualité des services.

Je pense sincèrement que l’objectif avéré de la FNAVM est le soucis du confort du pèlerin marocain qui, étant traité dignement, équitablement et respectueusement , confiera son voyage au professionnels avec toutes les garanties nécessaires pour sa réussite.

Le rôle de l’Etat est d’accompagner cette démarche pour faire émerger des acteurs d’excellence et les encourager de manière à répondre aux exigences des pèlerins, atteindre un niveau de services à la hauteur de nos ambitions de manière à transférer graduellement toute l’organisation de cette opération au privé.

D’ailleurs, le Ministre des Affaires islamiques a annoncé à maintes reprises qu’il n’a pas vocation à organiser de manière effective le pèlerinage aux lieux saints, mais qu’il est de son devoir de veiller sur son bon déroulement en restant vigilant contre tout excès. C’est l’objet même de la Commission Royale en charge du délicat dossier du hadj.

C’est ce que fait le Ministère du Hadj en Arabie Saoudite qui a confié toute l’organisation du Pèlerinage à des institutions privées avec un contrôle strict et un arsenal dissuasif pour protéger « Les Hôtes  de Dieu».

Il serait opportun d’engager un dialogue constructif au sein de la Commission Royale et d’inviter la FNAVM à exprimer sa position et ses engagements de manière solennelle. Cette commission est d’abord un espace de dialogue et de concertation qui devrait trouver une issue favorable pour le bien des pèlerins avant tout.