Magazine Coaching

La traversée du désert

Par Wilntonga

La traversée du désertConnaissez-vous ce moment où comme un couperet, la nouvelle finit par tomber : Vous êtes viré ! Dire que ça fait mal est un euphémisme…parce que bien souvent, c’est tout un monde qui s’écroule. Pour les cadres comme pour les employés moyens, ce qui se passe est presque pareil. Un travail permet de construire une vie, un environnement, et au-delà de ça, une représentation de soi et de la vie. Mais surtout, la dynamique de travail est faite de projections. Ce que l’on va faire, comment le lendemain va être et comment on va construire cela.

Quand on a un emploi et que celui-ci évolue, se stabilise, les échelles de valeurs et de dépenses se restructurent. On déménage pour une meilleure maison, on se permet des loisirs qui n’étaient que rêve dans le passé, on achète un nouveau téléphone, une nouvel ordinateur, parfois sa première voiture. Le niveau des interlocuteurs change. On fait de nouvelles rencontres, on drague et se fait draguer par des gens qu’on ne pouvait approcher.

Puis, tout s’arrête. Un licenciement qu’on ne pouvait pas vraiment prévoir arrive. Le monde s’écroule. Parce que dans la réalité, malgré toutes ces améliorations, le niveau d’épargne était encore trop faible. Dans nos pays, on ne gagne pas son argent pour soi tout seul. Il y a toujours quelques problèmes de famille à côté. Et surtout, les dépenses suivent forcément la courbe des gains. Et quand les gains ne sont que moyens, même s’ils donnent la possibilité de se faire plaisir, d’ajouter quelques belles choses à son existence, ils ne suffisent pas très souvent à protéger ses arrières. Déjà que la moindre maladie avale les miettes d’épargne…que dire donc d’un arrêt inopiné du travail.

La plupart sont brisés, mais restent fiers et confiant ; un de perdu, dix de retrouvé dit-on souvent. Mais trouver un travail en ces ères de chômage généralisé est une véritable gageure. Et l’on s’en rend bien vite compte. Quand on a gagné en expérience et qu’on a les bons diplômes…si en plus un peu d’âge s’est ajouté à l’affaire, les choses ne sont pas si évidentes.

Les jours d’espoirs commencent à se transformer en années de misère…on vend son Iphone, son laptop, sa chaine Hifi, les bijoux luxueux de Madame. On déménage pour la maison en plein chantier que l’on avait engagé ou simplement pour un studio moins couteux. On multiplie les coups de fils, les demandes à l’aide, les dépôts désespérés de CV, les recommandations et les appels aux coups de pouce. On se fâche devant ces offres de salaires deux à quatre fois inférieurs à ce que l’on touchait avant…

Et puis les temps se font de plus en plus urgents. C’est la marmite qui crie à la maison, se mêlant aux demandes lancinantes des enfants qui veulent ces jeux vidéo qu’ont leurs camarades ou simplement, un peu d’argent de poche. Sans compter les factures d’eau ou de loyer qui s’accumulent sans concession.

Il y a des moments où l’on se demande pourquoi on est venu sur la terre. Pourquoi tout se retourne contre soi…parce que les moins chanceux ont même époux et surtout épouses…qui vont voir ailleurs, des amours aux bourses plus heureuses. Et puis tous ces prophètes “qui avaient prédit que ça arriverait” mais ne l’avaient jamais dit, tous ces “amis” qui ont subitement eux-mêmes leurs problèmes à régler, tous ces regards qui expriment clairement un “il croyait que quoi ?”, tout cela assombrit davantage le ciel.

La fin des uns est dans l’alcool, la violence, le vol le viol et ils se transforment en monstres sous le poids de leurs difficultés. Mais d’autres trouvent au plus profond d’eux la force de se prendre en charge, de laisser leurs larmes, en ravalant leur orgueil. Ils changent de métier, de niveau de vie et se mettent aux égouts et à tout ce qu’il y a de plus bas pour se reprendre en main, reconstruire leur dignité. Certains demeureront dans cette nouvelle vie sans jamais évoluer avec les souvenirs de ce passé si sucré, d’autres réussiront à en faire un tremplin.

Enfin, une dernière catégorie décide de prendre un risque complet et de mettre en jeu les derniers billets qui les restent pour tenter une nouvelle aventure. Ils iront à la terre, dans l’élevage, l’artisanat ou ailleurs pour lancer leur propre entreprise…devenir les leaders de leur nouveau destin. Pour la plupart, ça finit par marcher même si ça n’atteint pas les sommets les plus élevés.

Mais dans l’ensemble, la traversée du désert est toujours une marche délicate. Il faut beaucoup de courage, de dépassement, d’humilité et d’audace pour que le désert nous ouvre la voie de grands boulevards. Parfois, il ne faut hésiter à se faire aider pour y arriver. Et si vous ne connaissez pas encore ce que c’est, ne soyez pas indifférent. Ça peut arriver à tout le monde.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Wilntonga 1774 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog