Souvenons-nous, c'était en mai 1981. Valéry Giscard d'Estaing vient d'être battu à la présidentielle, il fait sa dernière allocution télévisée sur un ton grave et alarmiste, dit au revoir, se lève et laisse sa chaise vide. Une chaise vide qui signife qu'après lui, il ne peut y avoir que le chaos. La droite d'alors considère que le pouvoir lui appartient et que la gauche ne peut, ni ne doit, l'exercer. Et tous les moyens sont alors bons pour le conserver.
Nous sommes peu ou prou dans ce même cas de figure aujourd'hui. Nicolas Sarkozy a suffisamment de métier pour savoir qu'après le premier tour de dimanche dernier, les choses sont bien mal parties pour lui. S'il se lance dans une course éffrénée à la reconquête des voix de Marine Le Pen, ce ne peut être complètement pour combler son retard, parce qu'alors il sait parfaitement que ce qu'il gagne sur sa droite, il le perd au centre. Non, cette dérive folle qui fait sauter une à une toutes les digues que la droite avait su avec courage poser entre elle et l'extrême-droite, cette dérive donc, a peut-être une autre raison d'être : pourrir la vie du futur président Hollande en exacerbant des idées et des valeurs qui sont contraires aux odéaux républicains et avec lesquels la gauche, et notamment François Hollande, ne sont pas toujours à l'aise.
On peut s'interroger sur les raisons qui poussent la droite en plus de l'élection, à tenter de perdre son honneur. Si Nicolas Sarkozy venait à perdre l'élection présidentielle, ce que je souhaite plus que vivement, c'est un véritable champ de ruines qu'il va laisser à droite. A cause des 5 années de sa présidence que tous n'ont pas forcément apprécier, mais surtout à cause de cette campagne virulente et nauséabonde que finalement à droite très peu cautionnent.
En cas de victoire de François Hollande, dès le 7 mai, les règlements de compte à l'UMP risquent d'être une vraie boucherie à côté de laquelle, les congrès du PS passeront pour des jeux d'enfants. Personne n'a intérêt à ce que la droite explose, surtout pas le PS et son candidat qui se retrouveraient alors avec le FN comme principale opposition. Mais alors, il y a une vraie question qui se pose : que cherche Nicolas Sarkozy, parce que j'ai vraiment du mal à croire qu'avec sa stratègie, il puisse gagner la présidentielle.