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Le Cartel qui a tué les ampoules incandescentes

Publié le 27 avril 2012 par Angélie Baral @Greenvibes

environnement,énergie,ampoule,obsolescence programmée

Regardez attentivement cette ampoule:
dans un mois, elle fêtera ses... 111 ans.

Ce n'est pas une blague. La Centennial Light (ampoule centenaire) est une ampoule électrique de 4W qui a été installée dans la caserne de pompiers de Livermore (Californie) en... 1901. Elle n’a presque jamais été éteinte depuis.

Si les fabriquants justifient cette extraordinaire durée de vie par la faible puissance de l'ampoule, la vérité tient surtout à l'obsolescence programmée décidée en décembre 1924 lors d'une réunion rassemblant les principaux fabriquants internationaux de l'époque. Formant le cartel "Phoebus", ils décidèrent de contrôler la production des ampoules incandescentes en réduisant leur longévité. En 1924, cette dernière tournait autour de 2500h et ne cessait de progresser. Phoebus a alors décidé de la réduire en créant le Comité des 1000h en 1925, visant à la fabrication d'ampoules plus fragiles.

Rapidement, les fabriquants dérogeant à la règle se virent pénalisés, le montant des amendes étant indexé sur le temps de dépassement du fonctionnement de leurs produits, testés régulièrement. En 2 ans, la durée de vie des ampoules passa de 2500 à 1500h, les 1000h ayant été atteintes dans les années 40. Bien que le cartel ait été découvert en 1942 et dissout après 11 ans de procès en 1953, obligeant les fabriquants à lever ces restrictions, le jugement n'a jamais été appliqué dans les faits.


Cette histoire est relatée par l'excellent documentaire "Prêt à jeter" diffusé sur Arte fin janvier. Je vous invite vivement à le visionner. En effet, 2012 marque l'abandon total des ampoules à incandescence dans l'Union Européenne. Or, les bilans environnementaux accablant les incandescentes par rapport aux fluocompactes ont tenu compte du nombre d'ampoules nécessaires à durée de vie comparative (soit un bilan sur une dizaine d'ampoules incandescentes vs. une fluocompacte qui dure beaucoup plus longtemps). 

En d'autre terme, quand on sait que des brevets ont vu le jour pour des incandescentes qui visaient les 100.000 h, on se doute qu'on aurait parfaitement pu produire en 2000 des ampoules à la durée de vie équivalente à une fluocompacte. Donc d'agir considérablement sur leur bilan environnemental. Cela n'aurait sans doute pas drastiquement diminué l'énergie consommée (le rendement d'un filament est assez déplorable), mais pour le reste, une incandescente, c'est essentiellement du verre et du plomb, plus facilement recyclable que l'électronique et les 3 à 20 mg de mercure contenus dans chaque ampoule fluocompacte.

Et je ne vais pas y aller par quatre chemins. Au lieu de faire la chasse aux ampoules, on aurait mieux fait d'imposer des durées de vie minimales aux fabriquants, qu'il s'agisse d'ampoules, d'électroménager ou d'équipements électroniques. La gestion de l'environnement ne devrait pas s'arrêter à ces satanés bilans carbone (mais là encore, je vous rassure, les lobbies règnent en maître).

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Sources:

- Documentaire "Prêt à jeter" diffusé le 24 janvier 2012 sur Arte. Dispo en VOD
- Site dédié à la Centennial Light, caserne de Livermore
- Les lampes basse consommation: lumière sur une technologie contreversée, site édité par Sciences Po Paris (avec des liens vers diverses analyses de cycle de vie)


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