L'auteur de ce blog nie toute responsabilité concernant les dommages que vous pourriez subir à la vue de ces images animées de façon aléatoire.
Ultime épisode, certes en retard, de cette saga aux confins du mauvais goût, où nos amis sportifs laissent tomber leur ballon pour un micro, pour le plus grand malheur des gens dotés d'un appareil auditif en état de marche, mais pour le plus grand bonheur de Michel. Fin limier des trésors de la musique "populaire" aux accents de tsunami sonore, il fallait aller le chercher celui-là, mais Michel, en détective avisé a trouvé cette magnifique croûte signé Youri Djorkaeff, "Vivre dans ta lumière".
Petit aparté pour ceux qui ne connaissent pas bien le Snake, qui était le surnom de ce brave Youri. Excellent footballeur, il a été champion du monde 1998 avec les Bleus, a joué à Monaco, l'Inter et un petit club sympa, le PSG (rigolez pas, à l'époque ils gagnaient). Même si son époque n'a rien de comparable avec celle d'aujourd'hui, ses salaires lui ont donné les moyens de produire ce titre. Je ne vois pas d'autre chose qui pourrait expliquer l'argent qui a été dépensé dans ce clip, et pour le studio. A moins qu'un producteur ait pensé qu'un champion du monde 98 qui chante, c'est vendeur. Ouais, ça doit être ça (enfin, on a quand même échappé à Bernard Diomède chantant "Le petit bonhomme en mousse" version zouk, ou encore "La Manivelle" interprété par Stéphane Guivarc'h en duo avec Wazoo). Bref, revenons à notre mouton, ou plutôt brebis gâleuse.
J'imagine qu'il y a eu un gros brainstorming pour définir le "style" de musique qu'allait jouer l'ami Youri. Cela a certainement consisté en une lecture attentitve du top 50 et visionnage des clips de M6 tôt le matin, le tout devant un grand tableau noir, avec des petites craies pour écrire dessus. Les mots qui sont ressortis (faut imaginer la fatigue des gars présents) : Seins - Cheveux rouges - Effets spéciaux - Muscles - Bouger la caméra - Groove - Vinyle noir.
Vous remarquerez l'enchaînement subtil de tout ça, ou plutôt comment tout se tient :
- Cheveux rouges : Passion, attraction, tout ça
- Seins : Corrolaire du premier argument, pour les gars qui ont la vue basse, ou le regard mal placé (au choix).
- Vinyle noir : Le noir, ça va bien avec le rouge, et donc les cheveux. Vous suivez ?
- Muscles : Youri est un sportif, il a des muscles, CQFD. Puis, le clip est sûrement tombé en pleine vague "Vive la parité". Je suis pas contre, ya pas de raison que seules les filles soient montrées.
- Groove : Ca a dû être difficile, à l'époque Timbaland (le plus gros dealer de groove actuel, prêt à toutes les compromissions) était pas célèbre, mais bon il en fallait, histoire que les cheveux, les seins et les muscles bougent dans un même rythme. Alors ils ont cherché dans le domaine public, et racheté cette vibe qui fait se convulser sans coûter trop cher.Oui, il manque des ingrédients à tout ça. Mais je pense que si vous avez vu le clip avant de lire ces lignes, vous avez compris que le reste a été (au mieux) confié au hasard.
D'abord, les images. Ouhla ça bouge, tellement qu'on croirait avoir à un remake de "En pleine tempête", ou alors "Titanic", pour le côté "A la fin, on coule tous". Le truc bien, c'est qu'en plus du mal de mer qui monte, on a aussi droit à toute la panoplie foireuse des effets prédéfinis dans les logiciels de montage. C'est comme dans Photoshop, ou des logiciels de création graphique. Il y a toujours un onglet "effets" ou dans le genre, avec pleins de trucs assez moches dedans, et que personne utilise, ou alors pour impressionner grand-mère qui est bon public. Sauf que là, c'est un peu la pierre angulaire du clip, et que c'est une déclaration de guerre contre les gens de bon goût, mais aussi les épileptiques que je vois mal résister à une telle agression rétinienne. Alors, qui est le responsable ? Vu le niveau du tout et la constance dans la surenchère, j'opterais pour un stagiaire qui a eu la responsabilité du tout après une soirée que l'on devine (espère ?) arrosée. Nul doute qu'il a dû se réorienter après cet échec assez cuisant. Ou alors, il est rentré dans les ordres, pour faire pénitence.
Il a dû y croiser des amis musiciens. Enfin, ceux qui ont commis l'attentat sonore qu'il vous est donné d'entendre en bas. Normalement, quand on parle de musique, il y a un jeu pas rigolo qui s'amuse "name-dropping", et qui consiste à balancer plein de noms auxquels la musique entendue fait penser. Mais là, rien, le néant. Moins horriblement putassière que la musique de l'ami Tony P., elle sonne faussement groovy, boîtes à rythmes achetée dans un vide-greniers que même les choeurs foireux ne sauvent pas : ça fait toc, comme quand on achète une bague en or massif à 3 euros. Ya forcément une entube quelque part. Mais pour sonner international, être worldwide à fond ((c) Jump Cutters), il y a eu l'idée de mettre de chevrotants "I wanna live", histoire de montrer que Youri, ben c'est un super polyglotte.
Et en plus, c'est un vrai poète ce Youri quand même : "Mon Dieu que tu es belle / Comme une aquarelle, Baby" ou encore "Posé sur ta peau noire / Fragile comme du buvard". C'est du lourd, d'ailleurs voici le lien pour lire les paroles. Mais c'est du lourd genre lourdingue, et c'est le genre de rimes que tu fais quand t'as 10 ans, ou alors que tu joues dans "Plus belle la vie". J'imagine que Youri a griffonné ça quelque part sur la route, en déplacement avec un de ses clubs, et qu'il était absorbé par la contemplation des étoiles...Ou plus sûrement, il a piqué le magazine "Super" à sa fille et s'est servi du courrier des lecteurs, rubrique ô combien intéressante pour suivre les tendances de la dragouille pré-pubère.
Bref, après que Michel m'en ait parlé, il est rapidement apparu que Youri avait sa place, sa place dans les annales du médiocre, de la musique de tâcheron. On ne peut lui enlever cependant cette réelle conviction, cet espoir de revoir l'être aimé qui transpire dans chaque mot. Hélas, la vie d'un artiste est aussi risquée que tirer un pénalty en finale de coupe du Monde : tu te foires, et t'es oublié. Pour Youri ça n'a pas pardonné : sa carrière a été fauchée en plein vol, tel un joueur bordelais par un tacle lyonnais (Michel, cette phrase est pour toi). Dommage que le Snake n'ai pas rentabilisé son passage à New York pour nous pondre un petit morceau rock de son cru, tel un Lou Reed du ballon rond. Mais au moins, on aura découvert que les serpents pouvaient tuer par l'audition, et rien que pour ça, merci Youri "The Snake" Djorkaeff !