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"J'irai finir mes jours ailleurs"

Publié le 29 avril 2012 par Badiejf
Konstitisyon se papye, bayonèt se fè est un proverbe haïtien qui peut être traduit de la manière suivante : ‘La constitution est en papier, la baïonnette est en fer’. Allusion simple à une réalité qui a meublé l’histoire du pays, celle qui veut que les armes aient toujours eu le dessus sur la loi. C’est Asefi qui me rappelait ce proverbe au moment où elle manifestait son inquiétude face à cette milice qui s’installe de plus en plus solidement dans la vie politique.
- J’ai toujours choisi de rester ici malgré l’évolution des 25 dernières années, mais je t’avoue que cette nouvelle milice et sa jumelle – la remobilisation des forces armées nationales – bouffent mes dernières amoures du pays. - Tu y vas fort !
- C’est con comme l’histoire semble vouloir tristement se répéter. Je commence à penser comme ces pessimistes qui croient qu’Haïti s’en sortira jamais !! Duvalier avait manifesté son désaccord quand les VSN (Volontaires pour la sécurité nationale, les tontons macoutes en fait) ont commencé à se manifester. On aura vite compris qu’il était derrière cette force qui l’a bien servie. Aujourd’hui, on ne sait toujours pas qui finance leurs beaux 4X4 neufs et leurs armes de guerre. Ils ont réinvesti des anciennes casernes sans être vraiment inquiétés par le gouvernement. Beaucoup de cash et assez bien souchée pour s’équiper pour la guerre et investir sans contrainte des anciennes casernes militaires, difficile de ne pas faire l’hypothèse que cette milice émerge directement des plus hautes sphères du pouvoir.
- On parle effectivement de la milice rose …
- Ce qui m’inquiète en plus, c’est la brouille qui se développe autour de la PNH. Plusieurs policiers abattus dans les dernières semaines – l’entourage d’un député est en cause dans l’un de ces assassinats –, des policiers qui font la grève et foutent le bordel dans plusieurs villes du pays, leur directeur général qui est franchement à couteaux tirés avec la présidence et le ministère de la justice ... Il y a entre ces deux situations, un parallèle qui me dérange. On a beaucoup à se plaindre de notre police nationale, mais son évolution récente nous laissait penser qu’on commençait à approcher de la modernité. Quand des milliers de nouveaux hommes armés et sous-payés de l’armée et de cette milice rose vont rétablir leur droit de propriété, on va replonger dans un arbitraire que je n’ai pas connu et que je ne souhaite pas connaître. Je te le dis, j’irai finir mes jours ailleurs.

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