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Je vous écrit de Saugues, dans le Gévaudan, un bourg qui conserve la mémoire de la bête qui jadis a terrorisé la région. J'ai toujours eu une certaine attirance (pas pour les bêtes, je vous vois venir!) pour cette histoire qui il me semble démontre surtout que l'insécurité ou la folie meurtrière a toujours existé, et que ce ne sont pas quelques mesures réprésives ou d'autres comportements sécuritaires qui pourront raisonner les fous... Mais revenons à nos moutons (ils sont d'ailleurs totalement absent du paysage pour l'instant, nettement dominé de ce côté là par les bovins et les équidés) et à ma marche d'aujourd'hui.
Je suis parti du Puy ce matin, après une nuit presque blanche passée dans le gîte assez anonyme des capucins, en compagnie de quelques ronfleurs de différentes nationalités. Je me demande si il ne faudrait pas interdire l'accés aux dortoirs collectifs à ces gens là, mais bon... Je ne suis donc pas bien frais et mon physique se ressent forcément des 70 kms d'hier à l'heure du petit-déjeuner. Mais heureusement j'aurai un compagnon de route pour la matinée: Joel Archer , un coureur que j'ai croisé sur les trois jours de Chartreuse l'an passé et qui me suis sur Facebook, est très gentiment venu m'accompagner jusqu'au Saint Bonnet.
Nous partons donc tous les deux sur le chemin, qui est maintenant superbement bien balisé et tracé. Il faut dire que les randonneurs y sont également bien plus nombreux; nous dépassons ainsi de bons groupes partis avant nous. Un petit bonjours, quelques remarques plutôt sympathiques de la part de dames d'un certain âge sur la forme de nos mollets, et nous avançons à un bon petit rythme de marché soutenue à travers la campagne du Velay. Nous discutons tranquillement et passons un moment bien agréable. Sur la fin du parcours, la pluie revient à notre rencontre. Joel, attendu par sa femme pour le déjeuner dominical me laisse à St Bonnet après 15 kilomètres de partage.
Je poursuis seul mon chemin après cette mise en route revigorante. Je me sens bien mieux que je ne l'aurai cru après la rude journée d'hier et ma nuit presque blanche. Mais la météo est également en grande forme: après le vent, la pluie vient s'abbattre intensément sur mon parcours. Il fait froid. Je cours pour me réchauffer et atteindre au plus vite St Privas pour m'y réchauffer et faire une pause. Je suis heureux de constater qu'avec mon nouveau sac, je peux trottiner sans gênes. En effet, le modèle avec lequel je suis parti, pour tout vous dire, n'était adapté ni à ma pratique ni à ma morphologie; à fond de serrage, il ballotait terriblement et n'etait absolument pas pratique. J'ai donc du appelé Benoit Laval, le patron de Raidlight, à la rescousse. Il m'a fait parvenir un sac "aventure 40 litres" pourvu d'un pack avant (où je peux ranger topo, carte et appareil photo de façon très pratique et accessible) au Puy. Je l'en remercie vivement car j'ai l'impression d'avoir 3 kilos de moins sur les épaules et donc que mon voyage en sera facilité. Pour clore la parenthèse sur l'équipement, je dois dire que tout le reste me convient très bien, il faut aussi dire ce qui va... Le textile TNF est d'excellente qualité, les chaussettes BV sport également. Côté chaussures, les PT 1000 vont bien.
Je parviens donc assez rapidemment à mi-étape, où j'entreprends de reprendre quelques forces et de me réchauffer. A partir du Puy, le chemin change. Mieux balisé, comme je l'ai dit, il est également bien mieux fourni en restaurant et boutiques spécialement destinés aux pélerins et randonneurs. Mais parfois, l'enseigne est trompeuse. J'en fais l'expérience en rentrant, et invité à le faire par les consommateurs, dans le restau bar à l'enseigne de l'acrobate à St Privas. Un beau pélerin est dessiné sur le mur, on doit y choyer le marcheur fourbu... Sauf qu'après avoir commandé un café, on me signale qu'on ne fait pas à manger aujourd'hui. Je suis embêté car comme j'ai oublié (avec la météo...) de retirer de la monnaie au Puy, je n'ai que ma carte comme moyen de paiement. "de toutes façons, on ne prend pas la carte", me dit le patron, qui doit compter autant de gramme d'alcool dans le sang que ses clients. DE mauvaises grâce, bien qu'amusé par mon "look à la Chabal", il m'offre le café. Un peu plus loin, je trouve au KompostL un accueil plus classique et une assiette de charcuterie qui comble ma faim.
Je repars toujours dans un froid pluvieux qui me décide à enfiler pour la première fois du trajet ma Gore Tex (une pro shell solide et protectrice). Je traverse ainsi de beaux paysages, dans des reliefs assez accentués. Peu de randonneurs cet après-midi, la plupart ont du s'arrêter avant. Les chemins sont souvent très boueux ou même transhormés en ruisseaux. Malgré mon apparence christique, je ne marche pas sur l'eau et dois donc parfois me résoudre à marcher dans l'eau, ce qui est nettement moins agréable.
J'atteins cependant les belles gorges de l'Allier et poursuis mon chemin jusqu'à Saugues, par de beaux panorams e. Les deux dernières heures me sont un peu plus pénibles; la fatigue commence à se faire sentir et mes pieds sont un peu douloureux. Mes talons commencent à être sensibles (pas vraiment des ampoules, mais ça chauffe sous la corne!) et il faudra sans doute que je les protège davantage ces prochains jours. Néanmoins j'arrive assez tôt à Saugues où je peux récupéré dans l'agréable maison d'hôtes où je dîne en compagnie des propriétaires, d'une parisienne férue de musique brésilienne et d'un couple de hollandais très sympathique qui marchent eux aussi un bout du chemin. En 2014, quand ils prendront leur retraite, ils envisagent de faire l'ensemble du trajet jusqu'à St Jacques, depuis la Hollande bien entendu. Je leur souhaite de réaliser leur beau projet.