Enfin changer notre vieille façon de penser…?

Mon maître Pierre Doury à la Schola Cantorum à Paris dans les années 70 quand j’y étudiais l’écriture musicale, nous répétait souvent ce conseil pour mieux appréhender la complexité de l’écriture de toute musique :

« Prenez du recul, si vous êtes trop dans le détail du carreau de la fenêtre, vous ne voyez plus cette fenêtre, ni même la maison à laquelle elle appartient ! »

J’ai toujours gardé présent à l’esprit cette recommandation, qui m’a permis si souvent de trouver la solution aux problèmes que j’ai pu rencontrer dans ma vie. Je crois que nous pouvons appliquer ce même conseil au changement de monde que nous vivons actuellement et qui est si difficile à vivre pour certains d’entre-nous. Bien que notre histoire nous ait appris que derrière le bouleversement des habitudes de notre vie quotidienne ne se cache pas obligatoirement un enfer, mais plutôt une porte vers un nouvel espoir. Mais pour affronter la perte de ses habitudes, donc de ses repères, nous avons besoin de courage et d’ouverture d’esprit nécessaires afin de s’adapter à ce nouveau monde, et pouvoir profiter de toutes ses richesses qu’elles soient humaines ou matérielles.

Quand une guerre éclate dans un pays, quand une catastrophe naturelle ravage une région, tout change irrémédiablement et de façon abrupte, sans autre alternative que de fuir cette guerre ou cette catastrophe, si votre destin vous a laissé en vie. Mais après ces évènements, votre vie sera différente de toutes les façons, mais pas forcément pire qu’avant comme on le craint souvent, si ce n’est dans les premières semaines voire mois. Car ensuite, pour celui ou celle qui sait s’adapter à ce nouvel environnement, cette suite de sa vie pourra se révéler d’un niveau supérieur à celle d’avant. Et ce que l’on avait maudit autrefois sous le coup de l’émotion, pourra être reconnue comme la plus grande chance de sa vie !

Le monde n’est jamais immobile et comprendre cela est le début de la guérison.

Demain sera un moment important, même crucial pour nous français, pour nous les adultes qui avons déjà fait notre vie. Pour les jeunes, le nouveau monde s’offre devant eux naturellement car ils sont la représentation vivante du changement. Ils vivent et réagissent dans ce temps toujours nouveau pour eux qui les voit grandir et devenir responsables. Même si leurs connaissances sont issues de leçons apprises plutôt que de vécus divers, il ne leur sera pas difficile, ou moins difficile, de coller à la réalité. Par contre pour leurs aînés, s’ils résistent au changement inéluctable dont ils n’ont pas le contrôle, ils seront balayés par la vague au lieu de la prendre comme un surfeur, et de glisser dessus tout en prenant plaisir à cela.

Et si justement, nous profitions de cette chance qui nous est donnée pour comprendre que déjà la France d’aujourd’hui, celle de demain, n’ont plus grand chose à voir avec celle qui nous a vue naître.

Profitons de cette opportunité imposée pour réapprendre à faire les choses différemment, à ne pas se renfermer sur son passé, à agir avec amour de son métier, de son pays, et à ne pas avoir peur de l’autre qui est différent mais que l’on croit dangereux parce qu’il est différent. Les français qui se sont expatriés, à un moment plus ou moins long de leur vie, savent mieux que les autres la réalité de ce que j’écris.

Personne ne pourra enlever à la France son histoire, mais nous devons comprendre aujourd’hui que nous vivons dans un monde qui a changé radicalement depuis 2008 malgré nous, et ne reviendra pas en arrière. Le choix entre Aron et Marx n’est plus d’actualité et le syndrome de haine que nous voyons se développer chez certains pendant cette campagne présidentielle n’ont pas d’avenir, à moins que nous voulions disparaître dans une guerre atroce, celle entre les fratries, la guerre civile.

Notre pays qui est toujours une grande démocratie, qui possède cette immense liberté d’expression et d’action, qui a un passé que tant d’autres nations nous envient, a également un immense avenir de prospérité au sein de l’Europe et du monde. Enfin,  si nous voulons vraiment changer notre vieille façon de penser…?

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