Près de l’autel où Jésus s’offre en holocauste,
Égrenant leur rosaire entre leurs doigts tremblants,
Pieux, les doux vieillards, dès l’aurore, à leur poste,
Courbent leur front pensif nimbé de cheveux blancs.
Ils sont, dans la pénombre où des cierges vacillent,
La garde vigilante auprès du Dieu caché..
Et leur simple oraison s’exhale, plus facile,
Dans ce divin repos que les saints ont cherché.
Qu’importe la longueur de l’office ! En prière,
Le temps leur semble court, maintenant qu’ils sont vieux.
Et dans le temple seul ils trouvent la lumière
Mieux faite pour leur coeur que pour leurs pauvres yeux.
Qu’importe la vieillesse où leur vie agonise :
À leur regard profond s’ouvre un autre avenir !
Plus leur fin est prochaine, et plus ils s’éternisent
Dans l’adoration qui ne doit pas finir.
Aussi, quand tous s’en vont, hâtifs, la messe dite,
Eux restent, à genoux, immobiles, fervents.
Et, yeux baissés, longtemps encore, prient et méditent,
Heureux, aux pieds du Maître, ainsi que des enfants.
Arthur LACASSE (1869-1956), poète québécois.
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