Tendance : procrastination démocratique

Les hommes politiques sont-ils nuisibles ? Les citoyens semblent de plus en plus nombreux à le penser tant les États s'enlisent dans des stratégies à court terme bordées par des élections où il s'agit moins de défendre des idées que des acquis corporatistes, la sauvegarde de systèmes obsolètes. Des États en déroute qui échouent sur des « ismes » peu glorieux : immobilisme, conservatisme, égocentrisme, nationalisme, populisme. La France, bien qu'elle ne soit pas la seule dans ce cas, en est la caricature.

Les hommes politiques sont d'autant plus nuisibles qu'ils sont gagnés par une maladie contagieuse : la procrastination. Derrière ce nom barbare se cache une épidémie qui consiste à remettre à plus tard ce qu'on pourrait faire le jour même. Chercheurs et universitaires se penchent sur le mal qui gagne notre humanité, les ouvrages spécialisés pullulent (près de 600 parus aux États-Unis ces dix dernières années), des procrastinateurs s'organisent en défense (YouAreNotSoSmart, DemainC'estBienAussi…), il existe même une Journée Mondiale de la Procrastination —si, si!— le 25 mars avec pour objectif de chasser la mauvaise conscience et de calmer les obsessionnels du TTU (Très Très Urgent) qui courent après leur agenda. Pourtant en politique, s’il faut laisser du temps en temps, l'urgence est de plus en plus souvent de mise faute d'avoir renvoyer aux calendes grecques ce qu'il aurait fallu régler promptement: et les Grecs en savent quelque chose! La crise que traverse l'Europe rappelle à quel point l'absence de décisions dans l'instant conduit au douloureux réveil du patient obtus qui tarde à soigner une dent.

Les instituts de sondage et des médias complices nous ont déjà vendu le candidat gauchiste à l'Elysée le 6 mai, nous allons savourer la procrastination à l'œuvre avec un personnage dont l'inaction molle n'est pas une légende et qui va pratiquer le ni-ni mitterandien dont il se revendique : ni aujourd'hui ni demain.