Magazine Humeur

Gérard Longuet ne perd pas de temps pour retourner à « la case départ » : « Minute » !

Publié le 02 mai 2012 par Kamizole

(Jour J-4) « Le ventre de la bête est toujours fécond » - in l’épilogue de La Résistible ascension d’Arturo Ui de Bertold Brecht, qu’Hélène Cixous eut à l’évidence bien raison d’invoquer le 15 mars 2012, s’agissant de Nicolas Sarkozy : Qui ? car, n’en déplaise à Maurice Szafran « Vive les tabous ! » et Nicolas Domenach « La honte de la V° République » lus hier soir dans le dernier Marianne (n° 784 du 28 avril au 8 mai 2012) qui, nonobstant toutes ses dérives et celles de son clan, ne cessaient de répéter que Nicolas Sarkozy était républicain et ne pouvait manger de ce pain là… Même pas dans leurs rêves. Abusés par son discours !

Il y a belle heurette que je j’écris que Nicolas Sarkozy est facho… Sinon, comment expliquer qu’il fût entouré depuis sa jeunesse d’autant d’amis issus de l’extrême droite ? Gérard Longuet, un de ses conseillers occultes pour la présidentielle, est de ceux-là. Passé par Ordre nouveau avant de se recycler chez les Républicains indépendants pour être admis à l’UDF. Parcours classique d’un grand nombre de ténors UMP d’aujourd’hui.

De même que je pense et écris depuis aussi longtemps qu’elle existe que l’UMP, conçue pour une machine électorale destinée à gagner les élections - et principalement celles de Nicolas Sarkozy - éclaterait en plein vol lorsqu’elle se transformerait en machine à les perdre ce qui arriverait inéluctablement un jour ou l’autre.

Nous y voilà !

Mais j’étais loin d’imaginer en 2006 qu’à cette occasion la recomposition du paysage politique des droites passerait par la « fusac » - « fusion-acquisition dans le langage du monde des affaires - d’une bonne partie de l’UMP qui n’a guère le sens ni de l’honneur ni des valeurs démocratiques - entre le parti majoritaire de Sarkozy et le FN. Sous la houlette naturelle du groupe de députés UMP de la très ultra-réac frange adhérents à la Droite populaire. Groupe d’une quarantaine de députés UMP que je considère depuis sa constitution comme un sas entre l’UMP et le FN.

Si vous ne me croyez pas, je vous conseille de lire l’analyse de Renaud Dély dans le Nouvel Obs Patrick Buisson, l'homme qui va faire perdre Sarkozy (26 avril 2012) selon lequel « l’ultra-droitier conseiller » - parfait euphémisme pour vrai facho ! - ne roule pas vraiment pour la victoire électorale de Sarkozy. Il combat surtout pour concrétiser son grand dessein historique : l’union de toutes les droites au sein du "Parti de la France"… ».

En un mot comme en quatre : « Maréchal, nous voilà ! ».

Nicolas Sarkozy = Pétain ? Il y a bien trop longtemps que je dénonce une telle dérive, notamment depuis la diatribe de Grenoble début août 2009 avec l’annonce de la chasse aux Roms en particulier et contre les immigrés en général. Les vannes des égouts sont ouvertes depuis mars 2009. Nicolas Sarkozy tentant vainement de reconquérir l’électorat FN à l’occasion des élections régionales de mars 2010 voulait du « gros rouge qui tache »… Nous en eûmes une sacrée gueule de bois mais le résultat fut tout autre que celui espéré par Nicolas Sarkozy et sa clique de l’UMP : il redonna au contraire vie au Front national - qui était totalement exsangue après la présidentielle de 2007 et même au bord de la faillite - et obtint quasi 20 %…

Ce qu’il payent cash aujourd’hui avec le score - presque 18 % - de Marine Le Pen au premier tour de la présidentielle. « Qui sème le vent, récolte les… fachos » ais-je déjà écrit souventes fois en détournant Osée 8-7.

On ne change pas une stratégie qui perd… Lors même qu’un certain nombre de ténors de l’UMP - tels Alain Juppé - souhaitaient qu’il recentrât la campagne du second tour sur des thématiques plus propres à s’attirer les faveurs des électeurs centristes de François Bayrou, Nicolas Sarkozy l’a tout au contraire encore accentuée en direction des électeurs frontistes.

Pathétique fuite en avant qui trouva son apogée le 24 avril 2012 à Longjumeau où il déclara - avant d’affirmer le lendemain qu’il ne l’avait pas dit ! Mais qu’importe : la vidéo confirma ses propos cf. Dalymotion comme preuve irréfragable - que Le Pen est « compatible avec la République » (Libération 24 avril 2012).

Preuve s’il en était besoin que le petit pois qui s’agite bien seulâtre dans sa boite crânienne a été boosté - comme dans le cyclotron ? - par la perspective de la défaite… Laurent Joffrin a très certainement raison dans son Edito du 26 avril : Sarkozy, le missile fou (Nouvel Obs). De même que François Bayrou quand il affirma avant le premier tour s’il m’en souvient que Nicolas Sarkozy ne savait même plus où il habitait. Pour ma part, je parlerais plus volontiers d’un « bateau ivre » - Sarko victime des « peaux-rouges criards » ! - devant bien plus à Sainte-Anne qu’à Arthur Rimbaud

Mais gaffe aux dégâts collatéraux ! Vous pensez bien que l’avenir politique des députés UMP, perso, je n’en n’ai rien à secouer… Ils serrent les fesses, soit. Parce qu’en cas de victoire de François Hollande le 6 mai 2012 la réélection d’un grand nombre d’entre eux serait plus que compromise… Certains seront-ils tentés par une alliance avec le FN ? Ma réponse est oui. Indubitablement et hélas ! Oui. La déclaration de Gérard Longuet est dans ce sens un "ballon d’essai".

Désormais, le combat politique de cette campagne de second tour - et cela vaut a fortiori pour l’avenir - se situe non plus seulement entre droite et gauche mais sans doute plus encore entre républicains démocrates et la droite extrémiste pour ne pas dire plus. Cela n’est pas nouveau, les députés de la « Droite populaire » s’emploient depuis déjà longtemps à rapprocher l’UMP du FN. Mais le franchissement de la ligne jaune a lieu sous nos yeux sans que cela ne semble beaucoup incommoder les ténors de l’UMP

A preuve la volée de bois vert dont a été victime Chantal Jouanno qui s’inquiète de ces dérives et ose affirmer qu’en cas de second tour entre le FN et le parti socialiste en juin, elle voterait socialistes… Elle s’est faite reprendre sèchement par un quarteron d’UMP menés à la baguette par François Fillon lui-même

Dans une vie antérieure (lors des élections cantonales de mars 2011) NKM avait adopté la même position. Son fonds de commerce anti-FN a dû péricliter car elle n’a pas moufté une seconde quand - en visite dans sa bonne ville de Longjumeau - Nicolas Sarkozy déclara que Le Pen est « compatible avec la République » (Libération 24 avril 2012).

Il est vrai que, - de même que Jean-François Copé à Meaux - Nicolas Sarkozy a été largement devancé à Longjumeau… et qu’ayant été élue d’une courte tête en 2007, elle risque d’être sévèrement battue en juin 2012. J’aimerais bien savoir ce qu’ils feront tous les deux en cas de possible triangulaire entre le PS, l’UMP et le FN dans leur circonscription…

Si la stratégie Buisson - dont grand nombre de journalistes et commentateurs soulignèrent l’échec en termes de résultat au premier tour - consiste bien à terme dans le rassemblement de toutes les droites allant du centre-droit à l’extrême droite dans une "maison unique" nous ne pouvons que redouter - dès les législatives de juin 2012 - qu’un grand nombre de députés de l’UMP fissent sans vergogne alliance avec le FN, nonobstant les déclarations la main sur le cœur des ténors de l’UMP d’autant que selon le résultat d’un sondage qui fait froid dans le dos 64 % des électeurs de M. Sarkozy souhaitent une alliance avec le FN pour les législatives (Le Monde 24 avril 2012).

Ils ont beau nous assurer que jamais il n’y eut d’accord entre l’UMP ou le RPR et le Front national. Ainsi Baroin écartant toute possibilité d'"alliance" avec le FN (Le Monde 28 avril 2012) qui est proprement ridicule lorsqu'il prétend que le vote FN étant "intimement lié aux difficultés du quotidien, à la crainte de l'Europe et des délocalisations" - le diagnostic est bon - "La meilleure réponse à l'extrême droite, c'est la restauration d'un chemin de croissance"... Un chemin ! Leur nouveau tic langagier... Il me semble que la campagne de Nicolas Sarkozy aura été un drôle de "chemin de croix" tout au long du carême !

:)
Quant à la croissance, ils ont eu 5 ans pour la restaurer et toutes les mesures prises - et ce fut encore pire depuis l'été 2011 - n'ont eu de cesse de diminuer toujours davantage le pouvoir d'achat des Français : de la récession à la dépression qui se profile.

Qu'il n'y ait jamais eu d'accord entre la droite et le FN, au niveau national, certes. Mais il faudrait avoir la mémoire bien courte pour oublier toute une série d’accords aux niveaux local et régional comme le rappelle Paul Laubacher dans le Nouvel Obs Sarkozy dans les pas de Pétain ? (25 avril 2012) citant de surcroît une déclaration d’Emmanuel Todd, invité la veille sur FR3 à l’émission "Ce soir (ou jamais)" qui y analysa pourquoi le Front national est devenu la troisième force politique en France : « Le FN a eu comme attaché de presse très actif Nicolas Sarkozy pendant cinq ans » et surtout « L'UMP est en vérité passée à la droite du FN » ! (…) Le FN a ce côté populiste et xénophobe, l'UMP est xénophobe et en plus accrochée aux riches ».

Celui qui aura été pendant 5 ans le « Président des riches » a essayé sans grand succès de se présenter comme le « candidat du peuple » contre les élites et les corps intermédiaires, jusqu’à prétendre n’être pas le candidat d’un parti ! Comme s’il ne s’était appuyé que sur les seules forces de l’UMP tout au long de sa campagne. Entre Napoléon III et Pétain. Il aura tellement maltraité le peuple et la « France qui souffre » pendant ce quinquennat que les suffrages qui se sont portés sur François Hollande, Jean-Luc Mélenchon et pour un nombre non négligeable, Marine Le Pen, constituent une fin de non recevoir ces mensonges. Le peuple lui dit carrément : merde ! Et contrairement au théâtre, ce n’est pas pour lui porter chance.

Il est plus que vraisemblable aujourd’hui que François Hollande l’emportera le 6 mai 2012. Nicolas Sarkozy espérait un sursaut - toujours la pensée magique - grâce au grand débat télévisé, lors même que la plupart des analystes indiquaient que cela n’avait jamais réellement contribué à inverser la tendance lorsque l’écart des intentions de vote était important.

Ne rêvons pas ! Le plus dur ne fera que commencer. Sur les plans économique et social autant que politique. A cet égard, nous devrons rester au moins aussi vigilants que nous l’avons été depuis 5 ans. Dénoncer et faire échec à toutes les tentatives de l’UMP visant à faire alliance avec le FN pour ne pas perdre les élections législatives dans les circonscriptions où ils sont menacés.

Dégage ! Vaut autant pour Nicolas Sarkozy que tous ceux qui ont été ses complices depuis 2007.


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