Du « tous pourris » au « tous les mêmes »

Par Maccheronii
Le débat du second tour vient d’avoir lieu, et voilà que fleurissent sur Facebook bon nombre de commentaires tels que « Même si Hollande à eut une certaine classe, mais surtout car Sarkozy doit dégager et comme ils sont tous plus ou moins... Enfin vous savez... La vie politique française... » (en non-français dans le texte). 
Je suis hors de moi face à tous nos nombrilistes sur-gâtés qui font si bien avancer le schmilblick. Vous vouliez des chiffres ? Vous en avez eus. Vous vouliez de la pugnacité ? Vous avez été servis. Vous les avez trouvés nuls ? Soit. Mais qu’attendiez-vous nom de Dieu ?! Qu’on m’explique clairement, parce qu’honnêtement, à force d’étudier les électeurs de Le Pen, les Bayrou, les Mélenchon, je ne comprends plus. Moi on m’a dit je veux « des chiffres » « de la clarté » « l’explicitation du bilan » soit. Mais « les chiffres ils vont se les balancer sans être d’accord et on va rien comprendre » « les sujets on veut qu’ils les traitent de manière complexe mais on n’est pas sûrs de tout comprendre » « le bilan c’est bien beau, mais y a eu la crise alors on sait pas ce que ça aurait donné sans » « et puis bon, faut pas que ça soit chiant ». Oui bon, et après ? « De toute façon, ce sont tous les mêmes. » Oui oui oui, vous n’auriez pas l’impression de faire les enfants gâtés ? 
Que le premier qui ose me dire que Nicolas Sarkozy c’est le même que François Hollande, lève la main. Que le premier qui ose me dire que le PS ressemble à l’UMP, hurle. Je lui enverrai mon mac dans la gueule. L’UMPS, c’est bon pour Marine ça. Que la conjoncture actuelle restreigne de manière drastique les initiatives, c’est clair. Que la mondialisation impose des schémas positifs et négatifs desquels on ne peut s’extraire, c’est clair aussi. Mais les philosophies, les projets, la vision de la France, les ambitions pour le futur, vous ne pouvez pas me dire que « c’est la même chose ». Ca résonne dans la même grotte, c’est normal, ils partagent logiquement les valeurs qui ont fondé notre démocratie et notre république. Alors si vous voulez du nouveau, du différent, oui allez voir ailleurs, là où l’on hurle, où l’on scande, où l’on se grime. Parce qu’Artaud, Poutou et Méluche, laissez-moi vous rappeler qu’ils ont quelques idées un peu confiscatoire, quant à Le Pen, elle a certes recouvert ses blousons noirs de jolis drapeaux, mais on ne peut pas oublier qu’elle s’amuse début 2012 dans un bal viennois néo-nazi dont la date correspond exactement au jour de libération des camps. Et surtout que leurs programmes sont intenables. 

Est-ce qu’il faut pour autant les mépriser ? Non. Il faut les considérer, parce que ces extrêmes savent redonner aux peuples l’espoir d’être entendus. Les 17.90% du FN ne sont pas cousus de votes contestataires, ils sont faits d’un espoir nouveau. Comment peut-on appeler « espoir » ce que d’autres appellent « haine », et vice-versa ? On fait face à une population en perte de repère dont les idéaux et les modèles ont été déchus et piétinés. Je ne pense pas que les électeurs FN soient plus paumés que d’autres. Et on ne peut pas les blâmer sans remettre en question tous les politiques qui ont dégradé la certaine image qu’on a de la France, sans pour autant mettre à bas toute les valeurs qui fondent notre démocratie. 

La nostalgie d’un passé lointain et des « vraies valeurs qui se perdent » est une lubie aussi vieille que le monde, mais la laisser s’installer au détriment d’acquis fondamentaux tels que l’Europe, voilà le crime.