Ce billet sera le dernier. Je veux dire le dernier d’une ère bientôt révolue. Dès le 6 mai 20 heures, un monde va s’écrouler, un autre va s’y substituer. Après pas mal d’années d’errances à ronger notre frein, après maintes brimades et humiliations, après tellement de mensonges et de malhonnêtetés, on sortira du brouillard, comme quand on quitte la clinique après une opération de la cataracte : le monde est soudain bien plus lumineux bien que passablement flou. Hollande n’est pas mon poulain. Il a cependant l’immense qualité de pouvoir éjecter le malfaisant actuel, et faute de mieux, j’ai sincèrement envie de lui donner une chance.
A les entendre, même sans les sortir de leur contexte, on dirait l’évocation parfaite du quinquennat finissant : «brutal», «qui promet tout et n’assume rien» (Morano), «incompétent et manquant de courtoisie» (NKM), «hyper agressif» (Copé), «arrogant et imprécis» (Bertrand), «mauvaise foi et mensonges» (Estrosi), «décalé des réalités du monde d’aujourd’hui» (Lefebvre)…En fait, elles sont impressionnantes tant elles cadrent avec les 10 années d’exercice de l’actuel pouvoir. Cela devient même un jeu de voir à quel point les arguments se retournent, et Benjamin Lancar, le patron de la jeunesse pop dorée, à au pire 6 fois mon salaire mensuel pour un vrai «faux travail», fait figure de virtuose dans ses nombreuses évocations du candidat de la gauche.
Parce que clamer que «la gauche a abîmé la République» après avoir autant brutalisé les plus faibles, calomnié les chômeurs qui sont d’abord les victimes d’un système dévoyé, vilipendé les syndicats, stigmatisé les fonctionnaires, méprisé les smicards, craché sur les étrangers, saccagé les dispositifs protecteurs nés du Conseil National de la Résistance, dépouillé la classe dite moyenne, insulté les passants, est une attitude responsable, d’un dignité telle qu’il faudrait accorder sa confiance pour ces 5 prochaines années ? Comment la gauche aurait-elle pu l’abîmer au moment ou le président mettait les institutions à sa main, en se faisant voter des lois sur mesure, en plaçant ses valets serviles aux postes clefs, en courtisant des dictateurs pour qu’ils participent à l’enrichissement du premier cercle de copains ? On remarque la paille, on oublie la poutre… Un grand classique.
Allez, cette mission s’achève, c’est la rentrée dans l’atmosphère vivable. Black-out et silence radio jusqu’à la reprise du signal, et la grande fête…