« Joli, joli mois de mai, arrosons le muguet, je veux être gai, et vaille que vaille, j’ai l’droit d’être pompette » chantait Bourvil, picolant pour oublier le départ de sa bien aimée. C’est vrai qu’il est joli ce mois de mai, les fleurs qui relèvent la tête vers le ciel, les olives qui remplacent les bretzels sur le comptoir, le pastis qui se trouble à la vue de la première goutte d’eau et mes yeux qui se troublent à la vue des premières épaules dénudées, sans oublier les strings qui, voulant profiter eux aussi des premiers rayons de soleil, se mettent à jaillir hors des pantalons.
Raison de plus pour moi de trouver beaucoup de charme à ce mois de mai, je me rejouis d’avance à l’idée de vous parler de l’album des Blufrog. Souviens toi, j’ai annoncé sa sortie dans une précédente chronique. Et bien là, on va sa balader un peu dans cette excellente galette intitulée ‘Midlife Crisis’.
Tout d’abord, rappelons qu’il s’agit d’un groupe issu de Metz, qu’il se compose de quatres musiciens chevronnés qui sont: Phil au chant et à la guitare, Fred à la contrebasse, Stéphane à la batterie et Fred à l’harmo. Voilà, le décor est planté, maintenant, passons aux choses sérieuses.
Ceux qui attendent un album de blues acoustique plutôt traditionnel vont être surpris. En effet, dans Midlife Crisis, les quatres compères nous offrent une musique bien plus riche et variée.
Mississippi Sea qui ouvre l’album, débute sur une introduction guitare slide/harmonica qui installe l’ambiance générale de l’album. C’est chaud, on tape du pied, on en redemande.
Suit une composition du groupe, Old Lovers, un blues plutôt réussi. Le thème lancinant de l’harmonica use le morceau comme la routine peut user l’amour d’un vieux couple.
La troisième chanson s’appelle justement ‘Third One’. Ici, Blufrog va jouer sur les terres du folk song. Ce morceau – peut être mon préféré – transpire une certaine mélancolie que n’aurait pas renié Neil Young.
Vient ensuite Cold Meat. Attention, là les grenouilles bleues, nous gratifient d’un titre percutant. La machine se met en marche dès les premières secondes, la batterie martele le tempo. Un rouleau compresseur déférle dans les enceintes. Voilà un morceaux qui, bien qu’étant joué acoustique, fait inéniablement penser à AC/DC.
Big Mama’s Door sent bon le sud des Etats unis, on retrouve l’esprit des premiers enregistrements d’époque, c’est épuré et l’émotion est à fleur de peau. On retrouvera cette ambiance dans d’autres titres de l’album, comme Saint James Infirmary, Crossroad blues, Honky Tonk Blues ou Me and the Devil.
Mention spéciale également à la version de Looking for Somebody de Peter Green où la contrebasse de Fred prend une ampleur particulière.
Autre morceau composé par le groupe, Strychnine Blues, où Phil se met dans la peau d’un personnage imaginaire, qui après avoir empoisonné Robert Johnson à la Strychnine, l’observe chanter. Tel le poison se propageant dans le corps du père du blues, les instruiments montent en puissance pour finir en apothéose au dernier refrain. Bientôt l’harmo, la guitare, la contrebasse et la batterie viendront presque couvrir la voix de Phil … le poison a eu raison de Robert Johnson.
Arrive ensuite la chanson qui a donné le titre à l’album, Midlife Crisis, où l’état d’esprit d’un homme traversé par le démon de la quarantaine.
La galette se termine par, peut être le morceau le plus surprenant. El Milia Girl, aux couleurs orientales, accompagné de percussions est la démonstration parfaite que le blues a toute sa place de l’autre coté de l’Atlas, rappelez vous du magnifique No Quater de Page et Plant …
Pour conclure, Midlife Crisis est un album magnifique, varié et sincère qui a toute sa place dans une Cdthèque, entre Keb’Mo’ et Robert Johnson.
Alors si vous voulez vous le procurer et aider un groupe messin créatif et original, rendez vous sur le site
Vous pouvez commander le Cd en ligne ou l’acheter lors d’un concert.
Stay Blues.
Voilà pis c’est tout
538b8d2903292f0de0b8d472d7253eb7