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Un roman foisonnant et plus qu’attachant qui bien que datant de 2005 se retrouve en plein dans l’actualité puisqu’il y est question du président de la République du Liberia Charles Taylor reconnu coupable par la justice internationale le 26 avril 2012 de crimes contre l’humanité et crimes de guerre.
La première phrase : « Après bien des années où j’ai cru que je ne rêvais plus jamais de rien, j’ai rêvé de l’Afrique«
Le Résumé de l’éditeur : A cinquante-neuf ans, Hannah Musgrave revient sur sa vie de jeune bourgeoise américaine contrainte par son engagement révolutionnaire à prendre la fuite vers l’Afrique au début des années 1970. Ayant tenté sa chance au Libéria, elle s’y est mariée à un bureaucrate local appartenant à une tribu puissante et promis à une brillante carrière politique. Quelques années plus tard, elle a, en catastrophe, repris le chemin de l’Amérique, laissant là leurs trois enfants, fuyant la guerre civile qui enflammait le pays. Au moment où commence ce livre, Hannah quitte sa ferme « écologique » des Adirondacks, car ce passé sans épilogue la pousse à retourner en Afrique…
Evocation passionnante d’une turbulente période de l’histoire des Etats-Unis comme du destin d’un pays méconnu, le Libéria, le roman de Russell Banks tire sa force exceptionnelle de la complexité de son héroïne, et d’un bouleversant affrontement entre histoire et fiction.
L’Auteur : Né en 1940 dans le Massassuchets, Russell Banks est un écrivain américain très actif politiquement, n’hésitant pas à critiquer ouvertement son gouvernement. Auteur d’une douzaine de romans, il a notamment écrit « De beaux lendemains » et « Affliction » qui ont été ports à l’écran. Il a également écrit l’adaptation cinématographique du livre de Jack Kerouac « Sur la route » pour Francis Ford Coppola – sortie le 23 Mai prochain et « American Darling » va être porté à l’écran par Martin Scorsese avec Cate Blanchett dans le rôle principal. Enfin, son dernier roman « Lointain souvenir de la peau » vient de paraître chez Actes Sud.
Mon avis : J’ai lu ce roman il y a déjà quelque temps et bien qu’il m’ait beaucoup marqué à l’époque je l’avais oublié. Jusqu’à ce que tombant sur un article de presse relatant le procès de Charles Taylor, président sanguinaire ayant exercé le pouvoir au Liberia à la fin des années 90, le souvenir de ce livre me revienne en force. Non seulement l’héroïne passe une grande partie de sa vie au Liberia mais en plus elle y côtoie le monde politique local, incluant Charles Taylor ou Samuel Doe. Comme dans tous les romans de Russel Banks, l’écriture est puissante, pas toujours facile, et les émotions sont très fortes.
Ce livre qui se déroule entre Etats-Unis et Afrique, mélange de fiction et d’histoire, permet à Russel Banks de revenir sur l’histoire tant des pays africains que des Etats-Unis. On (re)découvre l’état délétère de la société post-coloniale, le règne absolu de la corruption, le côtoiement scandaleux du luxe absolu avec la misère la plus totale, la montée des tensions, jusqu’à l’atteinte d’un point où ne règne plus que la sauvagerie la plus basique qui soit dans un pays aux mains des escadrons de la mort et des enfants soldats.
Mais c’est d’abord et avant tout l’histoire d’une femme tour à tour politiquement engagée dans les années 60 et contrainte de fuir les Etats-Unis, épouse d’un membre du gouvernement libérien et mère de trois garçons à la compagnie desquels elle préfère celle des chimpanzés dont elle organise la protection, contrainte de fuir à nouveau en raison de la guerre civile, propriétaire d’une ferme bio aux Etats-Unis et enfin de retour au Liberia sur la trace de ses fils au destin incertain.
L’histoire est magistralement déroulée avec ce qu’il faut de flash-back, de montée de tension progressive et on est tenu en haleine du début à la fin, ne pouvant s’empêcher de s’attacher à l’histoire de cette femme capable de vivre sa vie de façon passionnée ou de l’observer en spectatrice détachée, une femme complexe, profonde et parfois déroutante.
Un livre profond et qui vous marque longtemps.
Infos pratiques : Poche Editions Babel – 2007 – 570 pages – 10,7 €.
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