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Et si l'on en profitait pour parler VIe République?

Publié le 05 mai 2012 par Spartac
La conquête du pouvoir est une lutte. Une lutte sans merci, où les forces en présences tenteront jusqu’au dernier moment de prendre l’avantage. On pourra dire que la campagne de 2012 fut particulièrement âpre. La multiplication des réseaux sociaux, l’instantanéité de Twitter a offert l’expression d’une violence verbale rarement égalée. Par le passé celle-ci restait cachée, cette année elle fut omniprésente.

Et si l'on en profitait pour parler VIe République?

La bien nommé cellule Riposte,
toujours prompte à dégainer

Choix tactique sans doute, notamment de la part de l’équipe du président sortant, en retard d’un coup et sur la défensive, qui dégaina sans vergogne, avec la si fameuse cellule riposte. Ils ne furent évidemment pas les seuls, relayés en cela par la campagne du Front de gauche, agressive notamment à l ‘égard de l’autre Front. Le front National qui fidèle a ses habitudes joua des différents leviers, tantôt saignant, tantôt victime. La victimisation fut aussi, et en ce sens étrange, une des stratégies de Nicolas Sarkozy, sur le thème tout le monde est contre moi.Une chose est certaine, si la gauche demain accède au pouvoir, cela n’aura pas été de toute facilité. En avance dans les sondages depuis son investiture, et tout en ayant nettement amélioré sa posture, François Hollande peut s’attendre demain à un scrutin des plus serrés.Car la droite n’aime pas rendre le pouvoir. Ce n’est pas un hasard si l’on se souvient comme des marqueurs des gouvernements de gauche. C’est parce qu’ils sont rares. L ‘alternance n’est pas une chose aisée. Cette année on a pu constater que la droite mettait en œuvre tous les moyens pour l’emporter, avec pugnacité, et sans rechigner aux coups bas. Ce fut déjà le cas en 1981, où l’hypothèse mitterrandienne fit agiter tous les fantasmes. En 1997 compte tenu des circonstances, ce fut une exception, il faut bien dire que la droite s’était elle même tirée dans le pied.Pour garder son siège Nicolas Sarkozy n’hésita pas à s’appuyer sur une éminence brune, Patrick Buisson, vendant par là son âme à l’extrême droite, et redonnant vitalité à la thématique Maurassienne, nouvelle jeunesse en vue pour les lecteurs assidu de Minute ou Rivarol…Mitterrand disait de la France qu’il s’agissait d’un pays de droite qui parfois votait à gauche. On peut accepter cette vision d’un personnage qui en matière d’élection avait quelques notions. Mais il faut aussi voir que la forme des institutions de la V République favorise l’expression d’une politique de droite.Pourquoi ? Parce que la personnalisation de la fonction présidentielle implique l’exacerbation des passions individuelles. L’élection présidentielle est la rencontre d’un homme avec le peuple, tout est dit ici. On peut penser comme je le crois que la mise en avant, la volonté de pouvoir, se rapportent plus à une thématique de droite. Il suffit de regarder le choix paradoxal du NPA ou des Verts dont on ne peut dire que leurs candidats se démarquent par une avidité de pouvoir. Même Jean-Luc Mélenchon demande à ce qu’il n’y ait pas dans ses meetings de personnalisation. Bon dans ce cas, c’était avant l’ivresse de l’engouement !La gauche se rapporte plutôt à une culture collective, où l’individu n’est pas mis en avant, ce qui marque une forte opposition avec la droite. François Mitterrand issu de la droite ne l’oublions pas sut en jouer pour dominer. L’exemple de Lionel Jospin, lui ancien trotskiste est éclairant. Il fut un bon premier ministre, dans le sens où il travaillait au bien commun sans attirer la lumière. Se refusant aux coups bas, à la mise en avant, il subit une cruelle défaite en 2002. François Hollande a choisi la voix du plus illustre des socialistes, pour s’assurer le maximum de chances de gagner.J’ai toujours pensé que les idées comptent plus que la personnalité de ceux qui les portent. La Ve République inverse les fonctions, où les hommes sont plus importants que les idées, instaurant cet état de campagne permanent. Les politiciens de droite sont sans conteste dans ce domaine plus expérimentés, et habiles quand il s’agit de jouer des passions humaines.Trop gentils à gauche ? Sans doute, quand on voit la complexité d’arriver au pouvoir, le manque de conviction et l’incapacité à répondre aux attaques les plus viles. Quel est le principal reproche fait à François Hollande ? Son manque de carrure avant la version programmatique.Car le programme de Nicolas Sarkozy pourrait lui se résumer à dire qu’il faut à la France un président burné (sic), où il ferait figure d’autorité dans ce domaine, face au pantouflard Hollande. C’est d’ailleurs en sus de la dérive droitière une thématique de sa campagne, renforcée par l’affrontement bipolarisé. Manque de chance, François Hollande a montré lors du dernier débat qu’il tenait la route sur ce plan là, tout anecdotique qu’il soit.La V République a  mis en place l’idée qu’il fallait un homme, un leader pour gouverner, les idées viennent après. Dans ces conditions et à de rares exceptions, la gauche se présentera avec un coup de retard.Ce n’est pas par faiblesse, c’est une autre idée de la politique. Alors qu’à l’UMP on cadenasse l’expressivité, où l’investiture serait en cercle fermé, la gauche s’exprime désormais par primaires, au risque de montrer ses divisions.Cette expression de la diversité se voit limitée par la forme de la République. Le général de Gaulle a fait une république à sa mesure, où le moi remplace le nous. En ce sens l’anaphore Hollandienne (le terme sera peut être dans le dictionnaire d’ici quelques années) se réfère plus à la vision gaullienne que celle d’un changement de perception.

Et si l'on en profitait pour parler VIe République?

Es-ce donc ma faut si c'est le front de gauche qui en parle seul?

En 2002 Jospin perdit, mais son slogan était éloquent se rapportant au changement qui serait souhaitable ; « Présider autrement ». Oui il est nécessaire de changer, de passer comme le souhaite Jean-Luc Mélenchon a une VI République, sans forcément qu’elle prenne la forme proposée par le Front de Gauche au demeurant.Comment ? Sous quelle forme ? L’idée d’une Assemblée Constituante est fort tentante, afin d’affirmer une légitimité renforcée, qui ne soit plus l’expression d’un homme mais d’une pluralité. Politiquement, il faudrait que la gauche commence à y songer, afin de garantir ses chances de gouverner. Une représentation qui fasse la part belle aux idées plutôt qu’aux personnalités.Doux rêves, utopie et pourtant. Il est des pays tel l’Allemagne, puisque c’est la mode de la mentionner, où la personne compte moins. Sortons donc de cette posture gaullienne du chef suprême, née d’une époque désuète, où la France jouait aux grandes puissances… Histoire de dégonfler certaines ambitions, quelque soit la place dans le spectre électoral.Oui, la gauche serait bien aise d’y penser. François Hollande aurait tort s’il est élu demain de ne pas l’envisager. Qu’il se dise que son élection serait plus l’expression d’une exception, tellement la gauche a collectionné les rendez vous manqués. Si finalement c’était cela, qu’une présidence normale débouche sur une république normalisée, que de l’individualité débouche la pluralité. Doux rêve sans doute…

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