Gaston Lagaffe : a voté !

Après avoir jeté un dernier billet sur mon blog, histoire de tromper l’attente,  je me suis préparé psychologiquement à faire comme on dit “mon devoir de citoyen”.  J’ai avalé un  (mauvais) café,  accompagné d’un chausson aux pommes de la veille, enfilé mes bottines, mon blouson bleu marine, et  fermé la porte à clé.  Je m’apprêtais à me rendre vers le bureau de vote à pieds, déjà effleuré du plaisir de marcher,  lorsqu’une averse me tomba  brutalement sur le coin du nez.  Courageux mais pas téméraire, je me suis donc engouffré dans ma voiture. Serait-ce un signe, ce mauvais temps ?

Arrivé devant le lieu du délit, l’école primaire que l’enfant qui vit à mes côtés fréquentera à la rentrée, j’ai pris quelques photos pour les besoins de ce billet. Je me suis dis alors, au fond de moi, que depuis que je suis en âge de voter, le fait de se rendre dans une école, primaire ou maternelle selon mes lieux d’habitation, avait quelque chose d’assez mélancolique, qui nous relie malgré notre âge de plus en plus avancé à l’enfance, cette cour d’école, ces platanes, les cris qu’on imagine, les plus ou moins joyeuses récréations…

En entrant, première bourde. Je me rends directement vers les urnes et un petit monsieur moustachu m’interpelle  bruyamment  parce que je n’avais pas pris mes bulletins de vote avant. Puis je cherche du regard, ne les distinguant pas dans cette grande salle si vide, l’un de ces ridicules confessional où il faut obligatoirement s’isoler, comme si l’on avait honte de son action,  moi qui ai toujours tout assumé. Le Monsieur dont il fut question me les indique gentiment du doigt. Derrière lui. Je m’y enfourne. Je prends une photo, histoire d’immortaliser l’un des plus importants votes de ma vie.

Puis je me dirige vers les urnes, dans l’intention d’y déposer ma précieuse petite enveloppe bleue. Mais non. Deuxième erreur : il faut d’abord montrer patte blanche : pièce d’identité, et carte d’électeur. je m’exécute. Puis je tente, malhabile, de faire pénétrer mon enveloppe dans la fente, et n’y parviens pas parce que l’autre bulletin, celui que j’ai gardé aussi  pour les besoins de ce billet, est resté collé contre l’enveloppe… Au moins, dans cette ambiance assez morne, aurais-je accompli l’exploit de faire rire les assesseurs… je signe et je m’en vais, sans demander mon reste, avec un rapide au revoir.

En sortant, le soleil brille. cela ne s’invente pas. Mes concitoyens  peuvent confirmer. Un signe, assurément…