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Grèce, la tragédie vire au cauchemar.

Publié le 06 mai 2012 par Lheretique

La France est focalisée sur son élection présidentielle, mais ailleurs, plus au sud, il se noue les ficelles d'un drame terrible.

La Grèce vient d'élire ses représentants, à l'issue d'élections législatives anticipées.

Un parti néonazi, Aube Dorée, vient de réaliser près de 7% des voix et obtient une représentation de 21 députés au Parlement.

Je ne parle pas ici d'un parti populiste ou xénophobe comme le FN en France. Son correspondant grec, c'est le LAOS. Non, je parle d'un VRAI parti néonazi. Le drapeau de ce parti est une croix gammée remodelée. Jugez plutôt de vos propres yeux : 

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Il dispose de ses milices para-militaires et ces dernières font le salut nazi. Leur chef recommande la lecture de Mein Kampf et se fait parfois appeler furhër par ses ouailles (enfin, tout du moins, la presse grecque le nomme ainsi).

Les partis démocratiques sont désormais minoritaires en Grèce* : la gauche radicale, les communistes, les nationalistes et les nazis disposent d'une majorité absolue.

Leur modèle de développement ? Leurs réseaux de distribution. Exactement comme les Islamistes dans les pays musulmans. Ils s'emparent du caritatif, promettent des protections contre les délinquants qu'ils assurent et distribuent des soupes aux chômeurs.

Il y a trois ans les néonazis étaient à 0.29% aux européennes. Le LAOS n'est plus qu'à 3% maintenant après avoir flirté avec les 15%. Cela ne vous rappelle pas quelque chose, vous ?

Moi si.

L'Allemagne des années 20-30.

C'est beau comme nom, n'est-ce pas, Aube Dorée. Mais les nazis écrivaient bien au-dessus de leurs camps de concentration "le travail rend libre".

Et vous savez ce qui fout la trouille ? C'est que la Grèce, c'est peut-être notre avenir. Les mêmes causes là-bas peuvent produire exactement les mêmes effets ici.

Et nous, démocraties européennes, nous sommes engluées dans nos égoïsmes nationaux. Au point de laisser des néonazis procéder à des distributions de soupe ! B...M... 

Mais cela devrait être une priorité de politique étrangère que de barrer la route des nazis ! Et puis on devrait rendre publique une lecture de Mein Kampf dans les écoles grecques au chapitre qui concerne la Grèce et ce que Hitler réservait aux Grecs ! (il les considérait comme un peuple dégénéré).

L'Argolide a toujours été une terre de tragédies. C'est là que les Atrides se sont déchirés. C'est là que les armées argiennes sont revenues décimées, de Thèbes, vaincues par les forces d'Étéocle.

Je m'y suis rendu. Il y a près 10 ans, j'ai passé 15 jours près de Nauplie. Je suis allé me recueillir auprès du Théâtre d'Argos, bien moins connu que celui d'Épidaure mais ô combien plus splendide !

J'ai fait le tour des murailles de Mycènes et de ce qu'il restait de celle de Tyrhinte. J'ai foulé la piste de course du stade de Némée. J'ai aimé cette terre au charme parfois désuet mais aussi amer puisqu'on y voit tant de vestiges de la grande époque du tourisme.

Hélas, c'est là-bas que les néonazis réalisent leur meilleur score : plus de 10% des voix !

J'ai eu le bonheur d'étudier en solo un petit peu la langue grecque : pas seulement l'ancienne, mais aussi la moderne. Cela m'a permis de nouer des contacts étroits avec les Grecs que j'ai rencontrés au fil de mes déplacements là-bas.

Je me souviens d'un couple avec lequel nous avions sympathisé, ma compagne et moi : nous voyagions alors avec notre premier fils, âgé de deux ans seulement, et, il avait sympathisé dans un square avec leur petit, du même âge. Ce couple nous avait alors invité à dîner de la manière la plus charmante et la plus simple qui soit.

Lui, il était militaire, et elle, couturière, je crois. Nous avions alors passé une soirée très agréable, devisant de tout et de rien. Nous avons échangé des adresses électroniques, et après, revenu en France, j'ai bêtement tardé à leur répondre jusqu'au jour où mon ordinateur a planté et, de ce fait, j'ai perdu le contact.

Que sont-ils devenus avec la crise qui frappe la Grèce ? Et s'ils votaient pour les néonazis, désormais ? 

L'évènement de cette soirée, pour moi, ce n'est pas l'élection française, c'est l'élection grecque.

* Il y a 300 sièges au Parlement grec. A ces élections, Néa Démocratia (droite) obtient 112 sièges, Syriza (gauche radicale) 49, PASOK (Socialistes) 42, Indépendants (de l'extrême-droite ?) 32, KKE (communistes : on trouve encore des portraits de Staline dans leurs bureaux) 26, Aristera (gauche social-démocrate) 18.


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