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La France d'après commence aujourd'hui.

Publié le 07 mai 2012 par Juan
La France d'après commence aujourd'hui. C'était la joie. Elle est toujours très forte, très grave, quand on gagne une élection. Nicolas Sarkozy avait été défait, hier soir. Sarkofrance va changer. La Sarkofrance allait disparaître. La droite pouvait renaître, mais il fallait licencier Nicolas Sarkozy ce soir
Il faudra se souvenir de cette période. Une période où un homme sans conviction sauf celles qui servaient sa propre survie politique, a gouverné la France. Nicolas Sarkozy a détruit son camp de l'intérieur. Il a mis 10 ans à gagner contre son camp, 5 ans pour abîmer la France. Nicolas Sarkozy n'est plus, il faudra qu'il ne soit plus, qu'il disparaisse.
Les dernières heures
Il avait eu ce fol espoir, celui de sa réélection, même au fil du rasoir. Mais Nicolas Sarkozy avait perdu.
Pendant le weekend, malgré la suspension de la campagne, ses supporteurs les tenaces propageaient des appels à la mobilisation: « Appel à la mobilisation générale! » pouvait-on lire sur Facebook, « dernier sondage RG: Sarko 49,8. Le 2ème tour se jouera à moins de 300.000 voix. » Et qu'importe si les RG avaient été démantelés en 2008 par Nicolas Sarkozy, pour les fondre dans la nouvelle DCRI.
Samedi, les derniers sondages officieux des instituts BVA, IFOP, IPSOS et HARRIS donnaient François Hollande encore vainqueur, entre 52 et 53% des suffrages, mais un taux d'abstention très variable, entre 16 et 30%. Dès vendredi soir, des milliers de SMS appelant à voter Sarkozy le 6 mai (et Hollande le 7 - sic!) étaient envoyés par des partisans de l'ancien Monarque.
Dimanche, comme une dernière provocation, le décret sur l'augmentation de la TVA était publié au Journal Officiel. Il était temps de voter.
Le malentendu
Il fut d'abord le mauvais gars, au mauvais endroit, au pire des moments. La crise nous a protégé de lui, de ses absurdités idéologiques.
Il s'est pris pour François Mitterrand. C'était son secret. Il croyait qu'il pourrait Changer la Vie. Il avait appelé cela la Rupture. Une Rupture qu'il voulait avec son propre camp, les chiraquiens. C'était débord une revanche de la défaite de 1995. Quand il était ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy saborda la présidence Chirac.
Comme Mitterrand en 1981, Nicolas Sarkozy avait voulu appliquer quelques-unes de ses mesures les plus identitaires dès les premiers mois de son mandat. Nous eûmes les peines planchers, le renforcement du bouclier fiscal à 50%, l'exonération des droits de succession pour les riches, la rétention de sureté, le (faux) service minimum.
Comme Mitterrand qui avait réussi à assimiler le PCF que d'aucuns, en 1981, voyaient encore comme une menace démocratique, Nicolas Sarkozy voulait assimiler le Front National. Il ne comprenait pas que le PCF avait peu à voir avec le FN. Les communistes étaient compatibles avec la République.
En ce 6 mai, la gauche et le centre risquaient de se trouver seuls devant le Front National rebaptisé Rassemblement Bleu Marine. 
Le discours d'adieu
Vers 20H20, il est quand même arrivé sur l'estrade de la salle de la Mutualité, à Paris. Il avait les traits tirés. Il s'était cru plus grand que son quinquennat: « Il y a quelque chose de beaucoup plus grand que nous, c'est la France ». Il avait toujours ce talent, Nicolas Sarkozy, pour prêcher le contraire de ses pratiques: « Mon engagement dans la vie de mon pays sera désormais différent. Mais le temps ne distendra jamais les liens tissés entre nous ».
C'était sa tournée d'adieu, il était triste de devoir raccrocher. Peut-être espérait-il revenir plus tard. « Jamais je ne pourrai vous rendre tout ce que vous m'avez donné. Vous m'avez tellement donné ». Ou encore: « Soyons dignes, soyons patriotes, soyons Français ! Je vous aime ! »
Il expliqua qu'il ne mènerait pas la campagne des législatives. C'était dommage. Nous aurions pu continuer quelques semaines. C'était heureux, les responsables de l'UMP passaient déjà à autre chose. On se disputait le parti et le leadership.
Et la suite ?
Nicolas Sarkozy avait perdu, mais rien n'était gagné.
Il faudra défendre François Hollande, l'empêcher de dériver, l'obliger à écouter. Il a promis d'être normal. Le candidat socialiste a été sous-estimé par tout le monde. Par son camp, par ses adversaires. La présidence normale doit s'incarner, et être soutenue. La Vème République est un sale régime qu'il faudra bien un jour démocratiser.
Il faudra aussi rester vigilant. Il faudra soutenir François Bayrou et son énième tentative centriste. Il faudra voter Front de Gauche, parce que la gauche doit être populaire. Il faudra aider celles et ceux qui à droite, auront à coeur de reconstruire une droite républicaine qui a le coeur républicain suffisamment arrimé pour éviter les excès xénophobes de ces derniers jours.
La gauche, comme la droite ou le centre, n'a aucun complexe avec l'exigence de sécurité et de laïcité. Nicolas Sarkozy a dû plonger à l'extrême droite, c'était triste et indigne.
Nicolas Sarkozy n'était pas seul. Nous avons déjà repéré Jean-François Copé et Laurent Wauquiez, deux politiciens de la pire espèce. Le premier a la vertu de croire à ce qu'il dit. Le second a le défaut de dire ce qu'il faudrait croire.
Le blog Sarkofrance entame une saison 2, dans une forme que son auteur n'appréhende pas encore.
Ami sarkozyste, c'est la dernière fois que je te salue.
Une autre saison démarre. Quelques sbires de Sarkofrance pensent prendre le relais.
Mais nous serons là.


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