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Terdav Trail World Tour, Saint-Jacques, 15e étape, Les collines du Quercy

Publié le 07 mai 2012 par Sylvainbazin
Je me suis levé encore assez tôt ce matin; il faut dire que mes colocataires du gîte du Soleillou sont matinaux. A sept moins le quart, tout le monde est debout et les sacs sont prêts. Un peu normal aussi vu leurs heures de coucher. J'avoue que j'ai un peu de mal avec ses horaires de randonneurs; je trouve qu'en France, sur des chemins qui ne sont pas extrêmement dangereux,et à une période où les journées sont longues, se coucher aussi tôt ne se justifie pas, mais enfin... Au petit-déjeuner, je fais un peu mieux connaissance avec eux, que je n'ai qu'entre-aperçu hier soir. En génral, ils vont s'arrêter à mi-chemin, seule une dame veut pousser courageusement jusqu'à Moissac, c'est son défi du jour et sa plus grande étape. Moissac est en effet à un peu moins de 40 kms de Montcuq. Je pense donc que ma marche sera plus brève qu'hier, pouvoir ainsi arriver assez tôt afin de bien récupérer en vue des longues balades prévues par la suite. Je m'élance juste à 8h. A nouveau, mes pas rencontre une campagne calme et reposante, je longe des champs plantés de blés, de Colza en fleurs, j'y entend butiner ferme, ou d'autres céréales. Les fleurs des champs participent aussi de la gamme chromatique. Je rencontre quelques représentants de la gentille faune des bois, celle qui m'est familière depuis mon enfance: écureuils, chevreuils, lézards et grenouilles. Mon humeur est plutôt rêveuse; je traîne un peu, prend quelques photos dans la belle lumière du matin ensoleillé, chantonne. Mon répertoire, comme souvent dans ces cas là, est plutôt varié: quelques rengaines, d'inévitables chants russes qui me reviennent en tête, du Verdi, des chants de partisans de divers pays, de vieux chants révolutionnaires français, dont un qui parle de clef des champs, justement. La campagne du Quercy est certes paisible, mais elle est aussi bien vallonée! Je grimpe et dégringole les collines. Le sol, parfois, reste fort boueux; les turfistes parleraient de "terrain lourd", j'en ai d'ailleurs plein les sabots de cette terre collante qui me ralentit bien. Un peu plus décidé, je marche d'un bon pas, trottine. J'essaie plus ou moins, par moment, de retrouver une technique entre la marche et la course, une sorte de trot, qui me permettrait de maintenir un train de 7/8 KM/H sans efforts. J'en ai entendu parler à propos de quelques "pédestrians" anglais du XIXe siècle, mais rien de très précis toutefois. Cependant, j'aimerai bien me placer dans une certaine lignée avec ces coureurs errants d'un autre temps, vagabonds et messagers à la fois, athlètes d'endurance et hommes de défis, aussi. Les exploits de Mensen Ernst (qui sont certes difficiles à vérifier précisément) m'inspirent bien, davantage en tous cas que des défis d'endurance contemporains où seule semble compter la distance parcourue. Je veux avant tout voyager, avec une dimension de défi physique mais qui est un moyen d'avancer, de découvrir et d'être au monde. Mais aujourd'hui mon ardeur pédestre est un peu friable: après la montée bien prononcée vers le village fortifié de Lauzerte, je commence vraiment à faiblir. Je vadrouille dans les champs, grimpouille les collines, descend doucement. Vers midi, je m'accorde une petite pause grignotage devant l'église de St Germain, plantée en pleine forêt. J'y rencontre un pélerin qui transporte une tente deux secondes sur son dos, mais qui dort ce soir au gîte de Saint-Martin. Il est également équipé d'un grand parapluie, accroché à son sac et d'un lourd bardeau. La saucisse sèche et le pain donnés par Bernard me retapent un peu. Je repars un peu plus vif. Mais la chaleur, nouvelle invitée sur mon parcours, et le sol collant ont bientôt raison de mes efforts. Je m'arrête à nouveau deux ou trois collines plus loin (elles commencent à me paraître des montagnes ces buttes du Quercy!)dans un village, qui, pour une fois ne pourra pas prétendre à être un de ces "plus beaux villages de France". L'habitat a d'ailleurs un peu changé depuis que j'ai quitté les rives du Lot et du Célé. Les lotissements modernes que je traverse sont certes moins beaux que les maisons troglodytes et les toits de tuiles mais elles ont plus ou moins leur style; en tous ca, on voit bien qu'on est dans le sud. Un monaco, un oasis et quelques tablettes de chocolat plus tard, je repars à nouveau. Et à nouveau mon rythme baisse vite. Je marche le long de petites routes, il fait chaud. Je rejoint enfin la troupe de randonneurs croisée devant le bar du village précédent. Un monsieur plutôt jovial qui m'avait demandé si je marchais depuis trois mois à la vue de ma barbe ("nous marchons depuis dix jours et nous ne nous rasons pas pendant la durée de la randonnée, m'a t il expliqué. Alors vous, ça doit bien faire trois mois que vous marchez!" Je ne le détrompe qu'à moitié: après tout, je marche plus ou moins depuis trois mois. Quant à ma barben je ne l'ai pas taillé depuis la mi-mars... elle risque d'avoir des proportions prophétiques quand j'arriverai à Compostelle...) s'extasie maintenant sur mes mollets: "Vous faites du foot?" me demande t il, cette fois je lui explique que c'est à la course à pied que je dois ce développement musculaire... Après cette rencontre, je regrimpe un peu plus gaillardement les collines. Ca n'arrête pas d'enchaîner les casses pattes, jusqu'à l'entrée de Moissac. J'y arrive passablement fatigué. Le centre-ville est encore à deux kilomètres et je me traîne. Enfin parvenu devant la fameuse abbaye, je m'assois d'abord à une terrasse où je déguste un très bon sorbet, les yeux braqués sur le portail roman. Je retrouve un peu d'énergie pour tout de même visité le cloître, admirer ses chapiteaux et son cèdre. Ensuite, et bien je suis heureux de trouver mon petit hôtel, très calme, où je vais pouvoir tenter de récupérer. Cette courte étape m'a en effet paru finalement assez difficile et il faudra repartir demain... je suis encore loin de la maitrise des pédestrians!

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