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Quand Berry nous fait entendre ses sourires…

Publié le 28 avril 2012 par Tupperwav @TupperWav

Je voudrais partager aujourd’hui un coup de coeur tout simple, un coup de coeur de l’ordre de ceux que l’on peut ressentir parce qu’un(e) inconnu(e) nous sourit le matin, sans raison, ce genre de micro-évènement qui conditionnent l’humeur du monde et lui donne une saveur toute particulière.

Berry, Elise Pottier de son vrai nom et qui prit ce pseudonyme en mémoire de la région d’origine de Georges Sand, est une jeune et jolie chanteuse française âgée de 33 ans. Connue pour avoir sorti un premier album en 2008 au titre évocateur de « Mademoiselle » et dont le titre éponyme connût succès tout à fait honorable. Bien produit, ce premier volet nous avait fait découvrir une voix délicieuse et un vrai potentiel artistique. Elle nous gratifie en 2012 d’une seconde réalisation : « Les Passagers ». Plus sensuel et plus abouti que le précédent album, l’inspiration fortement Gainsbourienne est partout, tant dans les mélodies et les textes que dans les arrangements.

On ne peut évidemment s’empêcher de penser au couple mythique de la rue de Verneuil, à l’époque ou Jane et Serge mêlaient subtilement l’anglais au français dans des odes déclamées avec cet accent feint et empreint d’un érotisme à peine dissimulé derrière cette frange mythique et ces grands yeux bleus qui marquèrent toute une génération. Berry est brune, n’habite sans doute pas rue de Verneuil, mais semble perpétuer l’inspiration du grand Serge et la façon qu’il avait de mettre le charme et l’esthétique de ses muses au service de ses talents de compositeur génial. A l’écoute, ces références sont immanquables et c’est une forme de retrouvailles avec Melody Nelson et Marilou, par clins d’oeil mais jamais par plagiat.

Ce disque allie fraîcheur et poésie, sans jamais tomber dans la mièvrerie grâce à une interprétation sensible et émouvante. Les chansons s’enchaînent et ne se ressemblent pas, c’est fin, joli, tout en retenue et sans autre recherche que celle d’émouvoir dans la simplicité.

J’ai été touché par ce disque, ses mélodies simples et attachantes que l’on fredonne toute la journée sans même s’en rendre compte, mais aussi et surtout par cette voix empreinte de sensualité, par ces très subtiles inflexions disséminées au coeur de textes espiègles, par cette façon de prononcer certaines syllabes comme seules savent le faire les jolies femmes. J’ai une affection particulière pour « For Ever » qui honore un peu plus encore l’inspiration du couple mythique par ce mélange de français et d’anglais subtilement dosé, perdu au milieu de ces notes de basse en glissandos façon Melody Nelson, principe que l’on retrouve également sur « Non ne le dis plus ». Daniel Darc est venu poser ses mots notamment sur le titre « Les passagers », qui est une réussite à n’en point douter.

On notera également l’excellent travail de Mark Plati, producteur entre autres d’Alain Bashung (excusez du peu) qui nous livre un disque étonnamment bien produit pour le style qu’il incarne et chez un label pourtant souvent peu attentif à ces aspects…

Habitué à traquer la note juste et la vibration d’une contrebasse ou d’un théorbe, je me suis surpris à ne rien traquer du tout et à me laisser porter par ces petites histoires faites d’allitérations en « i » comme joli, en « oi » comme émoi, et à sourire en choeur avec Berry. Parce que oui, Berry réussit le prodige de faire entendre ses sourires…

Et ça fait un bien fou.

En écoute sur Deezer

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