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The London Complex

Publié le 08 mai 2012 par Ladytelephagy

Ca faisait longtemps que je n'avais pas râlé, et étonnamment aujourd'hui, je vais me faire l'avocate de la fiction française (sort of). Faut croire que depuis que j'ai vu Hénaut Président, le changement c'est résolument maintenant, héhé.
C'est dans un article sur le final de la première saison de Homeland (diffusé avant-hier soir devant environ 4 millions de spectateurs) que je me suis trouvée confrontée à un paragraphe d'une rare violence :
"For British television, the brief relief at not being found wanting in comparison with Scandinavian shows (The Killing, Borgen, The Bridge) will be tempered by another round of cringing contrasts with America. And, while the alleged inferiority of British TV drama can be exaggerated – shows such as Sherlock, Life on Mars and Downton Abbey are envied in the US - the viewer and reviewer reception of Homeland here does raise issues that commissioners in this country need to consider."
Je ne suis pas experte en "fiction française", loooin de là, et je n'ai à vrai dire jamais caché mon aversion (et mes tentatives souvent infructueuses pour en sortir) envers nombre des séries nées sur notre sol. Mais je n'ignore pas que les débats font rage depuis de nombreuses années pour essayer de tirer celle-ci vers le haut. On prend les British en exemple (c'est souvent eux), et on se répète que la BBC fait ci, la BBC fait ça, et pourquoi France Télévisions n'en fait pas autant ? Il suffit de voir les nombreuses réactions suscitées par cette interview (qui figure parmi les plus retweetées de ma revue de presse téléphagique de ces derniers mois, difficile de ne pas y voir un signe) pour comprendre que nous aussi, nous nous comparons énormément à nos voisins pour mieux nous déprécier, parfois à l'excès.
Je ne suis pas experte en "fiction britannique" non plus, même si j'y travaille bien plus que pour les séries issues de mon propre sol. Mais force est de reconnaître qu'il y a énormément de bonnes fictions qui nous viennent d'outre-Manche, et que cet exemple pour sortir la "fiction française" de sa "crise" est bien plus réaliste que celui, longtemps employé et encore bien trop désigné comme modèle, de l'industrie télévisuelle américaine, totalement démesuré et hors de propos.
Mais dans le paragraphe ci-dessus, je me suis pris comme un coup dans les dents. Les Britanniques complexent quand même énormément sur l'état de leur fiction par rapport aux séries américaines (et, récemment, scandinaves) ! Rien que la petite liste proposée de séries ne pouvant être taxées d'inférieure ne semble justifier la qualité des fictions citées que par leur validation par les Américains ! On ne s'en sort pas.
Donc ils complexent sur leur fiction ; pendant ce temps, nous on complexe sur la nôtre... Et on n'en finit pas se dévaloriser les uns par rapport aux autres, quel chaîne de négativité, c'est incroyable.

LesPetitesBetesneMangentpaslesGrosses

Le comble de l'ironie, c'est quand même que l'auteur de cet article est parti d'un constat sur Homeland... une série qui est l'adaptation d'une fiction israélienne, Hatufim. Comme quoi les séries américaines ne sont visiblement pas le Saint-Graal... Je veux dire, à quel moment on arrête de se comparer aux petits copains et d'essayer de leur ressembler ? C'est visiblement un cercle vicieux.
OK alors, bon, vous savez quoi ? Et si on arrêtait de tous se flageller !
La télévision de la planète est riche en possibilités, certes, et avoir accès à sa diversité est un plaisir pour quiconque apprécie la bonne fiction. Je suis la première à le dire. Mais ça n'avance pas beaucoup le Schmilblick de passer son temps à prendre le meilleur de la télévision du voisin (bizarrement, jamais le pire) et de se dire qu'on est incapable de faire aussi bien.
C'est la leçon que, moi petite Frenchie, je tire du paragraphe cité ci-dessus : si les Anglais ont un complexe d'infériorité, alors toutes ces histoires de comparaisons n'ont aucun sens.
Pardon de réagir en tant que spectatrice française qui a beaucoup de mal avec la télévision française, mais cette ambiance constante de haine de soi n'aide vraiment pas à aborder la "fiction française" avec le sourire. Si on commençait par sortir du misérabilisme, pour commencer ?
On peut en finir avec les conversations de vestiaire et ranger le double-décimètre ? Apprécions ce que nous avons à sa juste valeur, au lieu de constamment rabaisser nos productions au prétexte qu'elles ne sont pas aussi bonnes que celles du voisin (quel qu'il soit). A force de débattre de la qualité de notre fiction, j'ai l'impression qu'on a fini par créer une sorte d'écoeurement de principe. C'est déjà pas facile de lutter contre les a priori qui se construisent à force d'expériences malheureuses, si en plus on baigne dans une morosité permanente parce que le voisin fait mieux, on ne va jamais y arriver.
Je dis souvent que ma prochaine grande aventure téléphagique sera celle de la fiction française. Faudrait juste qu'elle se libère de ce débat permanent sur son état, pour devenir un plaisir à nouveau.
Pardon pour le coup de gueule, mais je trouve qu'on n'est pas aidés.


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