Il est quelle heure je suis heureuse il y a un arbre
La guerre le nucléaire heureuse il y a un arbre
Ce mille milliardième oiseau éteint un arbre
Une promesse de forêt d’oubli de je m’en vais
Quelle heure du soir comme du matin
Un arbre dressé franc qui remplit mes deux yeux
La page le paysage la fenêtre aussi bien
Un humain par seconde meurt il y a un arbre
Où la fille à l’escarpolette en l’air s’envoie
La joie en quels temps pays de vivre quoi
Il y a un arbre n’empêche pile juste ici
Levant couchant il tient en embranchement
La lune et le soleil le soleil et la lune
Un arbre un arbre voyageur impeccable.
*
Non je ne reviens pas vers vous je viens c’est tout
Je ne vous dirai rien autour d’un verre à pied
Ne suis pas très causante encore moins conviviale
Quand vos paroles sont tellement toujours les mêmes
Interchangeables et creuses formules des tics en toc
Vive les chiens éperdus les chats égratignés
Les âmes errantes les fantômes distingués
Le sourire à l’envers de la lune dans ma tasse
J’ai l’amour spontané de mon prochain sauf quand
Mon prochain s’intéresse de trop près à mon goût
À ma personne gentille et froide et solitaire
Alors là je m’éloigne à grandes enjambées
Du buffet dînatoire où j’étais conviviée
Et je rentre chez moi savourer mon congé.
Valérie Rouzeau, Vrouz, Editions La Table Ronde, 2012, p.32 et 156.
[Choix d’Ariane Dreyfus]
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