Notre président sortant s’est un peu mieux comporté dans la défaite que dans le triomphe. Mais on peut regretter le tour déplorable qu’il a donné à sa campagne d’entre les deux tours, n’hésitant pas à attiser les braises du Front national et incitant ses partisans à se considérer comme les seuls à constituer la France.
Même si son discours à la Mutualité avait un peu plus de tenue qu’à l’ordinaire, il a cédé dans sa conclusion à ses démons habituels : « Soyons dignes, soyons patriotes, soyons français, soyons exactement le contraire de l’image que certains auraient voulu donner dans un cas inverse ». Traduisez : nos adversaires sont indignes, ils n’aiment pas leur patrie, ils ne sont même pas français. Et, le bouquet, c’est cette certitude conférée à ce qui n’est qu’un conditionnel, qu’une hypothèse.
Tout d’abord, il parle de certains, prenant bien soin de ne pas les désigner, de façon à pouvoir répondre à ceux qui réagiraient à ces propos : « mais non, je ne pensais nullement à vous, c’est étrange, et révélateur, que vous ayez pu vous sentir visés ». Ensuite, qu’est-ce donc qui lui permet de savoir quelle image auraient donnée les socialistes défaits. Il peut formuler une hypothèse, plutôt conforme à ses vœux, mais nul ne sait quelle serait cette attitude et personne ne le saura jamais puisque cette fois, c’est lui qui a connu la défaite.
Il est navrant de constater comment des gens de cette qualité sont incapables de distinguer les faits de l’hypothèse, du songe, de la rêverie. La droite nous a assez, pendant toute cette campagne, rebattu les oreilles de cette antienne : Hollande n’a ni la stature d’un homme d’État ni d’expérience ministérielle. Actuellement, le seul fait avéré est, pour recourir à une litote, que ce quinquennat n’a pas été une réussite. Comment peut-on opposer à des faits des suppositions par définition infondées ?