Merci à Timothée de m'avoir passé ce polar, qui m'a permis de ne pas sentir le voyage-aller passer ....
Une magistrale manipulation, dans laquelle le narrateur ne se reconnaît qu’en partie coupable. Coupable d’avoir participé à un homicide, de l’avoir évoqué avec son maître d’œuvre, mais certainement pas de l’avoir perpétré. Cependant, il est dans de sales draps, en détention provisoire, car des indices terribles proclament sa culpabilité …
Betty, c’est une superbe jeune femme devant laquelle tout le monde plie, et qui ne recule devant aucun expédient pour arriver à ses fins : devenir riche, elle qui fut élevée dans l’un des quartiers les plus pauvres de Reykjavik. Une belle brune à la voix rauque, qui fume des cigarettes grecques, importées exprès pour elle. Elle qui a mis le grappin sur un riche armateur, de vingt trois ans plus âgé, et qui a testé en sa faveur, au cas où il lui arriverait malheur.
C’est aussi une histoire classique de couple criminel, qui supprime le mari gênant pour vivre enfin l’amour fou qui les étreint, avec l’argent du mort, bien entendu … Une sorte de Thérèse Raquin, moderne, et on sait bien que l’auteur est imprégné de littérature française. Sauf que, et seulement au milieu du récit, on fait une découverte époustouflante, qui vous fait quasiment reprendre la lecture du polar à son début en se demandant : « mais comment ce détail capital m’a-t-il donc échappé ? »
Je ne vais pas vous le révéler, ce serait trop cruel. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’en définitive, même si l’histoire ne se termine pas trop bien pour la personne qui est en prison, la morale – ou la justice immanente – seront sauves. Ce n’est peut-être pas bien utile, mais ça soulage.
Un dernier détail. Ce roman a été publié en 2003, donc juste après « La Cité des jarres », qui fit connaitre Arnaldur Indridason au monde, et le commissaire Erlendur Sveinsson n’y joue aucun rôle, même si son nom est cité ainsi que celui de son collaborateur Sigirdur Oli.
Betty est donc un roman de jeunesse, mais pas pour autant un roman mal ficelé, bien au contraire !
Betty, polar d’Arnaldur Indridason, traduit de l’islandais par Patrick Guelpa, aux éditions Métailié, 206 p. 18 €