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Sarkozy dit adieu, Copé contre la fausse France.

Publié le 11 mai 2012 par Juan
Les ministres étaient émus, évidemment, lors du dernier conseil des ministres du quinquennat Sarkozy. Mercredi 9 mai, Nicolas Sarkozy leur a dédicacé l'étiquette portant leur nom qui trônait devant eux. Il a même été «applaudi debout» par les 32 ministres et secrétaires d'Etat.
Quelle émotion!
Le lendemain, Jean-François Copé, secrétaire désigné de l'UMP, lançait la campagne législative de la « vraie » France contre la « fausse » , celle de Hollande.
Finalement, rien n'avait changé. 
Sarkozy a promis d'être là
D'après Gérard Longuet, Sarkozy a déclaré: « ce n'est pas un jour triste, c'est la démocratie, c'est la règle du jeu, quand on accepte d'être élu, on doit accepter de ne plus l'être ».
Ensuite, il est parti regarder la télévision. Le Monarque, qui rendra bientôt sa couronne, se détend devant le petit écran. Il s'est trouvé des bureaux pas très loin de l'Elysée, rue de Miromesnil, à deux pas des Champs Elysées. Jeudi, il a fait ses adieux au personnel de l'Elysée. Avec 5 jours d'avance sur la passation de pouvoir, l'ancienne équipe vide les lieux. Un proche s'est confié à Arnaud Leparmentier, du Monde: « Tout cela ne l’intéresse plus. Il n’a jamais réuni de nouveau sa cellule communication . (...) L’Elysée est éteint et dans les cartons ».
Sarkozy dit adieu, Copé contre la fausse France.D'après une autre ministre, Roselyne Bachelot, il est impossible que Nicolas Sarkozy se retirer définitivement de la vie politique. «C'est impossible d'arrêter la politique, je suis sûre qu'il n'arrêtera pas la politique. (...) Il nous a dit hier "moi aussi je vais faire de la politique, autrement, à ma place. Je ne vous quitterai pas, je vous aiderai, je serai là".» Hervé Morin, l'ancien ministre, ancien centriste, ancien candidat, ne croit pas non plus à un retrait de Sarkozy. Comment croire Nicolas Sarkozy après les 5 années que nous venons de vivre ?
Le même jour, François Fillon a présenté la démission de son gouvernement. Il se prépare aux législatives, à Paris, dans l'une des circonscriptions les plus à droite de la capitale. Nous l'avions déjà écrit. François Fillon a une conception du courage électoral très relative. Mercredi, Nicolas Sarkozy avait eu des mots très doux, et très faux à propos de son ancien premier ministre. Jamais François Fillon n'avait été premier ministre en 5 ans: « Il n'y a pas eu de couple qui se soit aussi bien entendu dans la Ve République . On était différents. Heureusement qu'on était différents, les deux mêmes, ça aurait été insupportable ».
L'UMP choisit sa France
La campagne pour les élections législatives démarre. Elle promet d'être sanglante.
1. Le Parti socialiste est loin d'être certain de l'emporter aussi aisément que l'UMP en juin 2007. Certes, le rejet de Sarkozy est très fort, bien plus fort que le score obtenu à la présidentielle, à en croire différents sondages post-scrutin publiés ces derniers jours. Environ 60% des électeurs interrogés ne voudraient plus de Sarkozy en politique. Mais justement, Sarkozy n'est plus là. Les législatives sont un autre combat. Le référendum anti-Sarkozy, pour beaucoup, a eu lieu dimanche dernier. Pourtant, la Sarkozie, même sans leader, est encore là, aux commandes de l'UMP.
2. Le Front National est en position forte dans une grosse centaine de circonscriptions. Le temps des triangulaires PS/FN/UMP favorable à la gauche est derrière nous. L'électorat est plus volatile. On a compté plus de 2 millions de votes blancs à la dernière élection, preuve d'une insatisfaction massive. La Droite populaire est objectivement tentée par des alliances locales avec le FN. Mais l'UMP s'y refuse officiellement. L'opposition est toujours divisée.
3. L'UMP a choisi son slogan législatif: « Choisissons la France ». Le message subliminal est évident: la majorité présidentielle ne serait donc pas le camp de la France. Au soir du 6 mai 2012, quelques sbires sarkozystes avaient tenté d'alimenter la polémique sur des drapeaux étrangers brandis marginalement place de la Bastille. Pendant sa campagne,  Nicolas Sarkozy lui-même avait agité la disparition de la France en cas de victoire de François Hollande. Jeudi 10 mai, Jean-François Copé, leader autoproclamé de la droite, n'a guère caché le procès en patriotisme qu'il entendait conduire contre François Hollande: «On a vu beaucoup, beaucoup de gens, beaucoup de drapeaux, sauf le drapeau français. Très bien. C'était dimanche soir. On respecte. J'ai salué comme il se doit au nom de l'idée que je me fais de la République le choix des Français. Maintenant, nous sommes déjà jeudi, quatre jours ont passé, nous pensons qu'il est peut-être bien que l'on puisse maintenant commencer chacun à réaliser ce que ça veut dire François Hollande président de la République! C'est l'intérêt supérieur de notre pays qui est en jeu ». L'intérêt supérieur de la France ? Fichtre ! François Hollande avait-il décidé depuis lundi quelque revirement qui allait précipité la faillite de la nation ? Non. Rien. La passation est pour mardi prochain.
4. L'UMP craint surtout un changement de constitution. Il faudrait les 3/5ème du parlement. François Hollande, titillé par le Front de gauche ou les écologistes, a quelques modifications en tête. La Vème République est à bout de souffle. Hollande avait promis d'y inscrire les principes de la loi de 1905 sur la laïcité; de réformer le Conseil Supérieur de la Magistrature et le statut pénal du Chef de l’Etat; de supprimer la Cour de Justice de la République comme le cumul des mandats. Et pour cela, il faut une majorité. Gross stress à l'UMP.
5. L'UMP ne veut pas non plus être jugée sur son bilan législatif depuis 2002. Depuis lundi, c'est comme si la gauche gouvernait déjà le pays. Pourtant, il faudra bien faire sanctionner une responsabilité collective. Son bilan est celui de Jacques Chirac, aggravé par Nicolas Sarkozy. Son simple bilan social est désastreux, comme le rappelait notre confrère SLOVAR: la simple réforme des retraites est un bel exemple, avec la non-prise en compte de la pénibilité.


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