Magazine Poésie

Conte soufi : Les beys

Par Unpeudetao

  
   Un jour, les beys, sous l’empire de la jalousie, dirent au sultan :
   « Eyaz n’est pas plus intelligent ou plus doué que chacun d’entre nous. Comment se fait-il alors que tes faveurs pour lui soient si grandes ? »
   Quelque temps après, le sultan partit à la chasse, accompagné de ses trente beys. Arrivés dans une montagne désertique, ils virent au loin une caravane. Le sultan dit à l’un de ses beys :
   « Va voir ces gens et demande-leur d’où ils viennent. »
   Le bey partit en hâte et revint peu après dire au sultan :
   « Ils viennent de la ville de Rey !
   – Et où vont-ils ? » demanda le sultan.
   Le bey ne sut que répondre. Aussi le sultan demanda-t-il à un autre de ses beys d’aller s’informer. Quand celui-ci revint, il dit :
   « Ils vont du côté du Yémen !
   – Quelle est la nature de leur chargement ? » demanda le sultan.
   Le bey ne put répondre et le sultan envoya un autre de ses beys poser la question. Quand il revint, il dit au sultan :
   « Ils transportent des bols de terre cuite qui sont fabriqués à Rey !
   – Et quand ont-ils quitté la ville ? » s’enquit le sultan.
   Ainsi, tour à tour, chacun des trente beys revint vers le sultan avec des informations incomplètes. Alors le sultan leur dit :
   « Un jour, j’ai demandé à Eyaz, afin de l’éprouver, d’aller à la rencontre d’une caravane pour savoir sa provenance. Et lui, sans que j’aie à lui poser trente questions, revint avec toutes les réponses qui vous ont coûté trente allers et retours ! »
   Les beys dirent au sultan :
   « Une pareille chose est un don de Dieu et ne peut s’acquérir par le travail. La couleur et le parfum de la rose sont aussi des dons de Dieu. »
   Le sultan répliqua :
   « L’homme est responsable de ses pertes et de ses gains. Sinon, pourquoi Adam aurait-il demandé pardon à Dieu en reconnaissant sa faute. Il aurait simplement dit : « Ceci est mon destin. Si j’ai commis un péché, c’est que tu m’y as poussé ! » Quelqu’un qui est pieds et poings liés pourrait-il songer à plonger dans l’océan ou à s’envoler ? Pourrait-il hésiter entre un voyage à Mossoul ou à Babel ? N’invoquez pas le destin pour vous disculper ! »
  
   Ne charge pas autrui de ta propre faute. Quand tu manges trop de miel, ce n’est pas quelqu’un d’autre qui est pris de convulsions et quand tu travailles la journée, ce n’est pas quelqu’un d’autre qui touche la paye le soir !

*****************************************************


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Unpeudetao 369 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog

Magazine