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Après Fillon, Guéant argumente en faveur du vote à gauche aux législatives

Publié le 12 mai 2012 par Variae

Jean-François Copé a beau se démener comme un beau diable pour préserver l’unité de l’UMP, et la mettre en un semblant d’ordre de bataille pour tenter un « troisième tour » et une victoire aux législatives, la tâche s’avère tout sauf simple. Dernier couac en date, un bien étrange soutien de la part de Claude Guéant, au vote UMP … mais d’abord à la nécessité d’une majorité pour le président de la République nouvellement élu.

Après Fillon, Guéant argumente en faveur du vote à gauche aux législatives

On se souvient du plaidoyer de François Fillon en 2007, qui a ré-émergé cette semaine, expliquant avec emphase que sans majorité parlementaire, un président ne peut pas mettre en place le projet pour lequel ont voté les Français.

Samedi matin, Claude Guéant a poussé le bouchon un cran plus loin à l’antenne d’Europe1, tenant le même discours … mais bel et bien à propos de la situation actuelle. Qu’on en juge plutôt : au micro d’Emmanuel Faux, après une défense fidèle du bilan de Nicolas Sarkozy, il répond avec une franchise déconcertante à une question sur la cohabitation (à 23:05). « - Dans un mois les législatives […] Est-ce que vous êtes pour une cohabitation entre un président et un gouvernement de bords opposés ?De toute façon y a pas à être pour ou contre, c’est l’électeur qui décide … Institutionnellement, par principe, je pense que ce n’est pas l’esprit de la Vème République, qu’il y ait une cohabitation. L’esprit de la Vème République, c’est qu’il y ait une puissance d’action publique, et que par conséquent il y ait une cohérence, au sein de l’exécutif, entre le gouvernement, le président, et l’Assemblée Nationale ». C’est alors seulement qu’il déroule un rapide argumentaire en faveur du vote UMP : « Cela étant, je constate aussi que les propositions qu’a fait Monsieur Hollande étaient inquiétantes […] il est de notre devoir d’amener une majorité de droite à l’Assemblée […] Je plaide pour que nous gagnions les législatives. »

Grand moment de radio. Tranquillement, l’ancien Ministre de l’Intérieur nous explique que sur le plan des principes, il faut voter à gauche pour garantir « l’esprit » de la constitution, et que c’est par ce vote de cohérence qu’il y aura « une puissance d’action publique » ; ce qui laisse entendre a contrario que le vote à droite pour lequel il « plaide », « cela étant » (les mots sont importants), serait ni plus ni moins qu’une façon de rendre l’État impuissant ! Comment expliquer pareille sortie ?

Par le fait que Claude Guéant a commis une bévue, ne se rendant pas compte de ce qu’il disait ? Ce serait faire injure à l’homme d’habileté et d’intelligence que l’on connaît bien.

Par le fait que Claude Guéant est un homme de principes, et que grand serviteur de l’État, il est moralement contraint à dire la vérité constitutionnelle par-delà les intérêts de sa propre famille politique ? On aurait aimé voir pareille rigueur éthique fonctionner chez lui quand il se faisait homme des basses œuvres droitières de Nicolas Sarkozy.

Par le fait que les intérêts de Claude Guéant, ou représentés par Claude Guéant, ne vont pas de paire avec une victoire législative de la droite, qui couronnerait un nouveau chef à l’UMP, et potentiellement un nouveau candidat « naturel » à l’élection présidentielle ?

Écoutons bien, un peu plus tôt dans la même émission, ce qu’il dit de la retraite politique de Nicolas Sarkozy (à 17:30) : « Je crois qu’il va quitter la politique active, il n’est pas question pour lui de prendre la tête de la campagne des législatives […] de briguer le mandat de président de l’UMP qu’il a exercé dans le passé. Je pense, il l’a dit, qu’il continuera à exercer une sorte de magistère moral, qu’il sera à disposition pour prodiguer des conseils, donner de temps en temps son sentiment sur les orientations de la France […] mais il ne va plus briguer un mandat de député ou de maire […] il sera un référent, il continuera à être pour les sympathisants de l’UMP et de la droite en général une voix qui porte, mais il n’aura plus de rôle engagé ».

Est-ce un hasard si la possibilité de briguer un mandat de président n’est jamais évoquée, pour être démentie, par le fidèle Guéant ?

Souhaitons bien du courage à la troïka Copé, Juppé, Fillon, qui se pensent sans doute débarrassés de leur ancien chef. Et en attendant les prochaines péripéties de la guerre de succession à droite, suivons le conseil de Claude Guéant : pour une « puissance d’action publique », votons pour une majorité présidentielle hollandiste les 10 et 17 juin prochains !

Romain Pigenel


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