Une grand’troupe de fourmis
Ensemble en un creux s’étaient mis,
Et avaient durant tout l’été
Amassé grande quantité
De blé, qu’ils avaient pu trouver
Pour se nourrir durant l’hiver ;
Lequel venu, une cigale
De qui la cure principale
Est de chanter l’été durant,
Laquelle était faim endurant,
Vint aux fourmis, et leur pria
Lui donner si peu qu’il y a
De leur blé. Ce qu’ils refusèrent,
Et par rigueur lui demandèrent
Qu’elle avait fait l’été passé,
Sans avoir son pain amassé.
Dit la cigale : » Je chantais
Et par les blés je m’ébattais. -
Lors, dirent les fourmis ainsi,
Il faut que l’endures aussi
Puisqu’ainsi est que tu as tant
Chanté l’été en t’ébattant,
Il te faut en hiver danser
Ainsi te faut récompenser. »
Qui ne pourvoit en temps et heure
En grand’nécessité demeure.
Gilles CORROZET (1510-1568).
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