Tous les jours, j’apprends le triste sort de nombreux collégiens québécois qui sont de plus en plus découragés, atterrés et désespérés. Ils sont les vraies victimes de la grève étudiante qui perdure et qui afflige moins du quart des collèges québécois. Ceux dont je parle ne sont pas des trouble-fêtes, même s’ils ont supporté la grève. Ces cégépiens en ont assez des manifestations qui perdurent et veulent retourner en classe. De plus en plus, ils s’opposent à ceux qui les représentent et qui imposent leur pouvoir mais ne se sentent pas la force de les contester. Paralysés par eux, ils ont besoin d’étudier et d’obtenir leur diplôme pour entrer à l’université, où ils sont déjà inscrits.
Malgré que le gouvernement ait offert de répartir son augmentation sur une période de sept ans au lieu de cinq, malgré qu’il ait augmenté sensiblement les bourses étudiantes et amélioré les conditions de remboursement afin d’aider les familles moins nanties, malgré que ces changement permettront aux familles de revenu moins de 60 000 $ de s’en tirer à très peu de frais et assureront l’accès à l’université à ceux de la classe moyenne, malgré tout, le désordre continue. Cela devient ridicule ! Assez c’est assez !
J’en connais deux de ces jeunes qui sont acceptés en médecine à la condition qu’ils obtiennent leur diplôme collégial avec de bonnes notes. On sait comment difficile est l’accès à cette faculté. S’ils ne peuvent terminer leur semestre d’études, leur place sera donnée à un autre. Non seulement ils craignent de perdre une année de leur temps mais ils sont incertains de pouvoir obtenir une nouvelle place l’an prochain. Inquiets, bouleversés, misérables, ils voient leur avenir bousculé après tant d’efforts sérieux pour réussir. Et, ils me disent qu’un très grand nombre (des centaines) de leurs confrères ou consœurs redoutent la même chose.
Dès le début, j’ai exprimé mon appui à la cause des étudiants par des billets précédents de mon blog : « une manifestation pas comme les autres » et « le conflit des frais de scolarité : les prêts–bourses la solution ». À mon avis, l’université doit être accessible à tous et les coûts ne doivent pas être un empêchement d’y accéder. Pour moi, l’argumentation qui cherche à justifier l’augmentation des frais de scolarité parce qu’ils sont moins chers que dans d’autres universités canadiennes, ne tient pas. C’est pourquoi, j’ai été heureux de voir que le gouvernement ait proposé de modifier sa loi. Cela répond à mon appréhension puisque j’estime que les frais au gouvernement du Québec pour produire un diplômé universitaire seront vite repris dans l’avenir par les retombées financières que ce dernier génèrera dans le futur.
Le Québec n’est pas une province comme les autres. Elle est aussi la plus endettée (dette fédérale incluse) au Canada par rapport au PIB. Plus que la France, les USA ou le Canada pris dans son ensemble… Notre dette est la cinquième plus haute du monde industrialisé. L’économiste Pierre Fortin vient d’en démontrer la raison en expliquant que le Québec dépense beaucoup plus que la moyenne des autres provinces canadiennes. En 2009, nous avons payé, par nos impôts et nos taxes, 19,5 milliards de plus pour des services gouvernementaux.
Nous ne pouvons plus continuer dans cette voie. Il faut que cessent les dépenses fofolles comme l’amphithéâtre de Québec qui sera construit pour une équipe professionnelle d’hockey mais payé par les impôts et les taxes. Il nous faudra tous comprendre et accepter que le gouvernement doive couper dans ses dépenses. Cependant, pour moi, l’éducation de nos enfants est l’exception à cette situation. Nous nous devons de développer nos meilleurs talents pour l’avenir. Chaque jeune doit pouvoir entrer au collège et à l’université, s’il en est capable. On doit viser à n’en perdre aucun.
Je pense aussi au grand problème qu’est le décrochage scolaire. Notre société ne pourra bénéficier d’un très grand nombre d’individus qui n’auront pas la scolarité nécessaire pour faire face au monde de demain et participer activement à son développement. Des psychologues, dans un récent rapport, estiment que près de 30 % de ces décrocheurs sont des génies. Imaginons la perte que subit le Québec ! Trop de familles québécoises n’ambitionnent pas d’envoyer leurs enfants dans les collèges et les universités pour atteindre leur potentiel réel. Vivant un peu éloigné de Montréal, je constate tous les jours ce triste phénomène. Plusieurs jeunes quittent l’école non seulement pour des questions d’argent mais aussi par manque d’ambition ou d’encouragement de leur milieu familial et d’amis. Il nous faut aussi agir vite là !
La grève des étudiants devient un problème important. Elle perdure, malgré tous les efforts du gouvernement à la régler. Et cela pour divers facteurs, dont le support par paroles et actes irresponsables de politiciens, de syndicalistes, de blogueurs, d’auteurs d’articles à syllogismes faussés et d’une certaine gauche dont le dessein est de chambarder la société québécoise pour atteindre leurs fins. Ils agissent comme si le Québec n’était pas un État de droit en ne dénonçant pas le non-respect par les étudiants des injonctions de la justice obligeant les collèges à dispenser les cours. Ils trouvent toujours moyen de donner raison et d’aider les leaders (sic) étudiants dans leur marche, dans leurs boycottages pour gagner l’ingagnable et ce faisant de ridiculiser et d’insulter ceux qui nous gouvernent.
Malgré que la circulation à Montréal soit devenue un enfer amplifié, malgré que les entreprises commerciales voient leurs revenus diminués appréciablement, malgré qu’un bon nombre de citoyens et citoyennes de la ville commencent à avoir peur de prendre le métro, et encore… les supporteurs continuent leurs gestes insoutenables. Assez, c’est assez !
Quant aux chefs étudiants, ils dépassent les limites du bon sens et vont à l’encontre des intérêts de ceux qu’ils disent représenter. Ils en ont fait la démonstration lorsqu’ils ont renié l’entente qu’ils avaient signée suite à la réunion de 22 heures consécutives avec le gouvernement, les représentants collégiaux, ceux des universités et des syndicats.
Le gouvernement québécois doit mettre fin à cette grève sans ajouter à ses propositions. Il a fait plus qu’il avait à faire. Le gouvernement, c’est le gouvernement ! Il n’y a pas de place pour l’anarchie au Québec.
Claude Dupras