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Terdav trail World Tour, 22e étape: me voilà en Espagne!

Publié le 15 mai 2012 par Sylvainbazin
J'attaque la rédaction de mon récit assez tôt ce soir, car je suis arrivé aussi relativement vite à Zubiri, ma destination de jour. Après une bonne nuit à St Jean, où j'ai passé une agréable journée de repos en compagnie de mes parents, je me sens plus en forme pour attaquer cette étape "de montagne", celle qui est annoncée par tous les guides (enfin la première partie, jusqu'à Roncevaux)comme la plus difficile de tout le St Jacques. J'ai eu une chance hier soir: la patronne de l'auberge m'annonce quand je rentre que mon lit a été pris. Elle doit me déplacer dans un autre dortoir...où je suis seul! Toujours bien mieux pour passer une vraie nuit de sommeil sans perturbations ronflantes ou autres. Je suis donc "frais et dispo" en prenant mon petit-déjeuner en compagnie de trois hommes venus de Normandie qui s'apprêtent à débuter leur tronçon de l'année à Roncevaux. Ils cheminent ainsi deux semaines par an, depuis 2003, à partit du Mont-Saint Michel. Ce soir, il seront également à Zubiri puisqu'ils marchent la deuxième partie de mon étape. Je quitte donc Saint-Jean Pied de Port assez tôt, puisque je passe devant l'église pile lorsque les cloches sonnent huit heures. J'ai repris un bon pas et je m'élève assez vite au-dessus de la ville. La plupart des randonneurs sont partis encore plus tôt que moi. Plus de monde, bien plus de monde, que jusqu'à présent sur le chemin; bien plus de nationalités aussi. Beaucoup de germaniques et d'anglo-saxons, qui ne répondent pas tous à mon salut, quelques asiatiques aussi, souriants et allant leur petit train. Les sacs sont de dimensions très variables: très petits (mais je soupçonne leurs propriétaires-j'en aurai confirmation le soir à l'auberge) de faire porter leurs bagages, ou énormes. Les coréens et japonais, comme ceux que j'ai croisé au Népal, sont protégés du soleil de pied en cape. Certains portent même l'affreux masque anti-pollution si courant chez eux. Ils marchent souvent très lentement. Je me suis souvent demandé, notamment en Himalaya, comment ces pays pouvaient fournir des trailers de haut-niveau, sans parler des marathoniens, et des marcheurs qui peinent autant... enfin cela dit, si je regarde les randonneurs européens... La montagne est donc assez peuplée ce matin, mais le paysage n'en reste pas moins très agréable, d'autant plus que la météo est vraiment avec nous: un beau soleil, une température clémente. La pente est parfois assez accentuée, mais rien de si terrible. Ca se monte bien. Je prends pas mal de photos, regarde les montagnes, très vertes, le beau ciel, les troupeaux de moutons et les chevaux. Les poulains sont tout jeunes et tiennent encore maladroitement sur leurs pattes. C'est le printemps... Vers 10h, je réalise quand même que je suis parti sans rien à manger. Sur le coup, ça m'embête un peu car je sais bien que je ne risque rien trouver jusqu'à Roncevaux. Mais j'avance finalement assez vite et suis vite rassuré par les panneaux. Une toute petite borne m'indique que je suis maintenant en terre espagnole. Je passe devant la stèle et la fontaine de ce malheureux Roland, et commence, tel Charlemagne et ses preux, à descendre tranquille la montagne. En passant sur l'autre versant, la végétation se fait bien plus dense et le chemin est tracé dans une très belle forêt. Ca remonte un peu, sur un chemin plus dénudé, jusqu'à 1450 m d'altitude, et ensuite commence une belle descente en sous-bois qui me mènera jusqu'à Roncevaux. Je profite bien de cette portion. La pente est assez marquée par moment, mais on peut y courir sans risque, rien de trop technique. Je trottine et avance assez vite. Moins de monde aussi maintenant. Le sol moelleux, parfois sur un tapis de feuilles, ou plus rugueux, parfois presque caillouteux, défile sous mes pieds. En approchant de Roncevaux, je rattrappe un marcheur qui va plutôt bon train. Sa démarche est un peu lourde, son équipement, pantalon de ville d'où dépasse largement un caleçon à carreaux et sac à dos très simple, un peu rudimentaire, mais son allure est efficace, il marche à grande enjambée. Nous lions conversation: il est banglais, bien entendu, et a commencé sa marche aujourd'hui. Il compte aller jusqu'à Santiago, peut-être même la mer ensuite. Il ne s'est pas encombré, son sac pèse 7 kilos. Mais pour aujourd'hui, il s'arrête à Roncevaux. C'est d'ailleurs le cas, semble t il, de la majorité des marcheurs que je croise là. Je déjeune à l'auberge locale, d'une omellette-sandwich accompagnés d'une bière et d'un café, il me fallait tout de même bien ça, et fait quelques provisions pour me nourrir convenablement cet après-midi. Je repars en bonne forme. Il ne me reste que 21 kilomètres et il est assez tôt. Je marche d'abords dans une trsès tranquille et douce forêt jusqu'au village suivant. Un panneau à la sortie du bois m'apprend qu'autrefois, les sorcères locales célébraient de terribles sabats dans ces lieux, ce qui en avait conduit neuf sur le bûcher. Je n'aurai pas cru ça de ce paisible endroit! Le chemin, par la suite, restera sur ce même ton: la plupart du temps en sous-bois, plutôt à l'ombre, et sur un sol très bien pavé et agréable à marcher. J'avance assez vite, le terrain est vraiment facile même si le dénivelé reste présent, plus en petites montagnes russes maintenant. Je croise vite un panneau "Zubiri 13kms" puis un autre m'inddiquant 7,5... Je vais arriver plus tôt que ces derniers jours. Les distances indiqués sur mon nouveau guide pour la partie espagnole semblent plus justes que celle du topo que j'ai utilisé dans le sud-ouest. Je n'y avais pas porté mon gps pour ne pas me focaliser sur les kilomètres à parcourir, mais tout de même je serai curieux de regarder les traces de mes étapes. Car certaines m'ont vraiment parues bien plus longues qu'annoncées, ce que semblait confirmés les panneaux. Enfin, qu'importe, aujourd'hui la marche me parait plus facile et c'est bon signe. Le fait d'avoir changer de chaussures, je suis reparti avec des Patagonia Fore Runner neuves dans lesquelles j'ai glissé une semelle amortissante que je dois tester également, m'aide sans doute: des appuis légérement différents soulagent mes tensions et je ne souffre pas des pieds, à peine la dernière heure mes tendons (genou gauche et talon droit, mes points fables habituels ) commencent à se rappeller à mon souvenir. En tous cas, je suis plutôt rassuré pour la suite. Mon après-midi, contrairement à ma matinée, est très solitaire: je ne vois absolument personne. Dans les villages traversés, les rues sont fantômes. La sieste doit y être respectée. A peine quelques promeneurs, et tout à la fin un groupe de randonneurs allemands que je double. Deux cyclistes me rattrappent aussi dans la dernière descente. Mes rencontres sont donc une nouvelle fois animale: quelques vaches, quelques moutons, et aussi un fier lézard vert, de belle taille, qui se laissera gentiment photographier. J'arrive à 17 h à l'auberge. C'est propre et bondé. On y parle allemand, beaucoup, néerlandais, espagnol, un peu, et japonais. Le dortoir compte douze lits, les boule quiès seront à nouveau de sortie cette nuit. Mais c'est agréable d'arriver suffisamment tôt pour déjà se reposer un peu. Maintenant je vais aller dîner et essayer de faire connaissance avec quelques pélerins dans cette auberge, une auberge espagnole comme son nom l'indique...

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