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Heureusement pour Boutin et Morano, nous ne sommes plus en Sarkozie

Publié le 15 mai 2012 par Variae

Heureusement pour Boutin et Morano, nous ne sommes plus en Sarkozie

POLITIQUE-FICTION. A une date située entre mai 2007 et mai 2012, Nicolas Sarkozy, encore Président de la République, est frappé par la foudre aux alentours de 18H00, alors qu’il est en route par la voie des airs pour Berlin. Deux députées de l’opposition de gauche se fendent des messages suivants sur Twitter :

Si seulement il avait pris le train, comme un Président normal… #Hollande #foudre #sncf #ànousdevousfairepréférerletrain

— Christine Boutin (@christineboutin) Mai 15, 2012

Entre la France et l’Allemagne il y a la foudre… Mauvais présage

Nadine Morano (@nadine__morano) Mai 15, 2012

Aussitôt, une implacable mécanique s’enclenche.

18H15 – Retombées Twitter

A peine envoyés sur le réseau social, les deux tweets sont abondamment relayés et commentés, et en premier lieu par des twittos de droite ulcérés. Les premières réactions officielles ne tardent pas :

Heureusement pour Boutin et Morano, nous ne sommes plus en Sarkozie@Eric_Besson Le sectarisme, toujours. En guise d’idées.

Heureusement pour Boutin et Morano, nous ne sommes plus en Sarkozie@nk_m Est-ce que @fhollande et @martineaubry approuvent ces dérapages ? #antisarkozysmeprimaire

18H45 – Communiqués de la majorité

Dans l’heure qui suit, le parti présidentiel dégaine un communiqué vengeur. « Alors que le Président de la République multiplie les déplacements et les efforts, au péril de sa santé, pour sauver l’économie mondiale et donc les emplois de nos travailleurs, l’opposition, sans idées ni projet, ironise sur un incident climatique qui aurait bien pu mettre fin à ses jours. Les Français ne sont pas dupes ! ». Déclaration solennelle bientôt suivie de celle du Nouveau Centre (« Les Français voient désormais clair dans le jeu de la gauche, qui n’a d’autre programme que le dénigrement de la personne du président »), de la droite populaire (« Les masques tombent : il y a le parti de la haine, et le parti de la France »), du Parti Radical (« Le débat démocratique a des limites, et elles ont été franchies ce jour. Les Français ne se laisseront pas abuser ») et du Parti Démocrate Chrétien (« L’antisarkozysme haineux, quel que soit les griefs que l’on peut avoir envers le Président de la République, n’est pas une option, et il faudra plus d’imagination pour tromper les Français »).

19H15 – Réaction de Jean-François Copé

Invité sur Europe 1, Jean-François Copé fulmine. « Imaginez-vous ce qu’on aurait entendu si de tels propos avaient été tenus sur Madame Aubry, ou Monsieur Hollande ? Il règne dans ce pays une incompréhensible bienveillance médiatique à l’égard de la gauche, dont le système espère la victoire contre les courageuses réformes de Nicolas Sarkozy ! »

23H – Arno Klarsfeld se lâche

Sur le plateau d’une émission politique de deuxième partie de soirée, Arno Klarsfeld, les yeux dans le vague, accuse. « C’est la gauche que l’on connaît, celle qui tue sans pitié dans des goulags ». Michel Godet, hors champ, hoche gravement la tête.

8H – Feu croisé dans les matinales

Benoît Hamon est l’invité de Jean-Michel Aphatie. « Benoît Hamon, approuvez-vous les propos de vos collègues sur Twitter ? ». Pendant ce temps, Manuel Valls est reçu par Patrick Cohen. « Manuel Valls, condamnez-vous les propos de vos camarades sur Twitter ? ». A l’inverse, Pierre Moscovici peut élever le débat grâce à Jean-Jacques Bourdin : « Pierre Moscovici, à combien de décharges de foudre est capable de résister un avion ? Répondez ! ».

10H – Le Figaro s’indigne

Tandis que la une du Figaro.fr s’emploie à rassurer les internautes sur l’état de santé du président et la modestie des avaries sur le Air Sarko One, les éditorialistes stars du quotidien méditent l’incident de la veille. Ivan Rioufol s’interroge sur son blog : quel danger représente pour la France « cette gauche bobo, qui se gondole sur Twitter tandis que l’islamisation progresse ? » ; Jean D’Ormesson, lui, publie un dialogue imaginaire avec François Mitterrand : « Président Mitterrand, que sont vos enfants devenus ? ».

11H – Carla Bruni face aux Françaises

Hasard, Carla Bruni reçoit justement ce jour des lectrices de Elle, pour une discussion à bâtons rompus, dans l’intimité d’une retransmission en direct sur Elle.fr. Quand une des ses invitées aborde l’incident de la veille, elle baisse pudiquement la voix : « J’ai souvent peur pour mon mari, quand je vois toute la haine de ses opposants ».

14H – A l’Assemblée Nationale

En salle des Quatre Colonnes, Christian Vanneste s’égosille : « mais qu’on leur mettre une baffe à ces greluches qui touitent ! ». En séance, Chantal Brunel pose une question d’actualité au Premier Ministre : « Comment peut-il continuer à gouverner sereinement dans le climat de haine et de sectarisme entretenu par une opposition sans idées ni projet autre que l’antisarkozysme primaire ? ». François Fillon répond sous les applaudissements de la majorité en standing ovation sur ses bancs : « les Français ne sont pas dupes ».

(…)

Retour à la réalité. Nous sommes le 15 mai 2012 et François Hollande est Président de la République. Heureusement pour Christine Boutin et Nadine Morano.

Romain Pigenel


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