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Chère Eloïse,

Publié le 15 mai 2012 par Modotcom


En plus de t'avoir donné l'intelligence et la passion, tes parents t'ont également donné un joli prénom.
Je lisais ce midi ta lettre dans Le Devoir du jour, entre deux rendez-vous d'affaires.  Tu sais ce que c'est les affaires?  N'y pense pas aujourd'hui, ça déforme vraiment tout.
Je voulais te dire, Eloïse, que je suis fière de toi.  Je suis tellement fière de toi, des mes deux fils qui ont environ ton âge, de tes amis, et des 170 000 militants qui descendent dans la rue depuis des mois pour réclamer une société meilleure.  Réclamer, mais pas la bouche pleine, oh non!  Tu ne fais pas cela la bouche pleine de Kettle Chips devant ton ordinateur, à rouspéter parmi tes pairs.  Tu te lèves, tu manifestes, tu  boycottes, tu désobéis civilement, tu bloques des ponts.  Tu me déranges?  À peine un peu moins que les travaux de l'échangeur Turcot.  Non, tu ne me déranges pas.  Tu m'enivres.  Littéralement.
Je parle pour moi là.  Mais je le dis; car souvent, on penserait que je fais partie d'une majorité silencieuse, tu sais.  Tu sais, la majorité, celle qui est contre tes idées, qui pense que tu abuses.
Je suis fière de toi et de ta fougue.  Tu es un porte-étendard de mes vingt ans.  Je t'envie.  Je t'envie d'avoir des amis qui veulent changer le monde.  Dans mon temps, il y a à peine vingt ans, cela se discutait dans le sous-sol, en fumant des Camel.  Tout au plus, un adulte bienfaisant canalisait notre fougue pour militer en faveur de la construction d'un centre de jeunesse, et du coup nos parents étaient fiers de parader à notre suite dans la municipalité banlieusarde pour vanter ce beau projet de société.
Si tu n'as pas la fougue à 22 ans, je t'assure que tu ne l'auras pas plus à 44.  À 44 ans, sais-tu ce qui me fait frémir dans mon quotidien fougueux de femme d'affaires?  La couleur de l'or, la clarté du diamant, le trait du pinceau, la robe de mon vin rouge, le paysage lors du voyage, les soldes de mes placements, le rang sur la  liste d'attente d'un médecin de famille, l'amour comme une jeunesse,  le goût de jogger le plus longtemps et le plus vite possible, la rareté de mes souliers, le pli sur la soie, le détail architectural, le sourire du président, la pose de mon chat, le regard de mon homme, les emails de mes fils, le câlin à mon neveu, la bouffe délicate, mon avancement intellectuel et culturel, mes notes de mba.  Bref, autant de choses qui font avancer la société.
Ah oui, j'aime aussi le spectacle de t'écrire sur la toile, comme un acte salvateur, une purification.  J'aime te lire dans Le Devoir.  J'ai lu tant d'intelligence dernièrement, grâce à toi.  Il y a dans mes fils, toi et notre jeunesse les futurs Lévesque, Mandela et Rosa Park.  Des fougueux qu'ils étaient, des fous même.
Je te lis, je vous lis, je m'exclame, je te partage sur les réseaux sociaux.  Bref, je me rapproche.  Tu vois, il y a un peu de nous dans moi.
Nous : moi et l'hédonisme.  Un grand nous.
Toi, Eloïse, toi, vous, au nom d'un grand Nous.  Je te lève mon chapeau, le plus beau s'il te plaît, car je n'ai plus de mots.  Je ne suis que tellement amoureuse de vous!  Je vous remercie tellement de militer.  Pour vous, pour les générations futures, mais aussi tellement pour nous.
Je fais des raccourcis intellectuels et j'en payerai le prix, mais voici :
- il faut avoir des convictions;
- il n'y a pas d'utopie, rien que des ambitions qu'il faille viser, comme des  idéaux, sans considération de contraintes;
- les contraintes sont d'ordre malléables et fixées par l'humain;
- qu'une situation éveille la réflexion et élargisse le débat n'est que preuve d'intelligence;
- la démocratie électorale est un joyau, la jeunesse de 2012 est un privilège!
Merci Eloïse, porte-étendard de mes vingt ans.   Merci de faire ça pour Nous!
Et comme c'est mon habitude maintenant que plus rien ne nous sépare, goode la day la babe!  xxx hang on to your love!


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