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Sainte-Eulalie-de-Cernon : tourisme à l’affiche

Publié le 23 septembre 2011 par Rolandlabregere

Sainte-Eulalie-de-Cernon envoûte celui qui la regarde. Voilà une commune d’Aveyron qui s’offre avec grâce à ceux qui prennent le temps d’y faire halte. C’est une bourgade qui vit. Pas un village muséifié comme celui de La Couvertoirade, sur le causse du Larzac qui revendique l’avantage, sans doute très envié, de figurer parmi les plus beaux villages de France. (Stationnement payant, 3 €). Non qu’il ne mérite pas ce titre touristico-économique, au regard de son patrimoine et notamment de sa Commanderie templière. Aujourd’hui, ses résidents attendent le touriste qui va s’attarder devant d’estivales, et sans doute, éphémères échoppes d’artisanat qui exhibent des marchandises à vocation décorative. De l’artisanat d’art, cela va de soi.

 Rien de cela à Sainte-Eulalie. Découvrir ce village dont le charme repose sur une forme de quiétude, c’est d’emblée se laisser accrocher par un je ne sais quoi et un presque rien qui font la différence. D’abord, à Sainte-Eulalie, ce que découvre celui qui vient est l’exquise sympathie de ses habitants. On se dit bonjour et on salue celui ou celle qui est croisé sur son chemin. Voilà une population qui comprend ce que le vivre ensemble veut dire et qui possède les vertus, valeurs et savoir-faire nécessaires à la pratique de la citoyenneté. Ce civisme minimal s’incarne dans une petite cité qui se dévoile sans ostentation mais avec la fierté que confère la certitude d’avoir choisi de concilier l’authenticité et le nécessaire ancrage dans le temps présent. Ensuite, en toute simplicité, c’est par l’errance dans les ruelles et la découverte des murailles de l’enceinte et du château des templiers élevés pierre à pierre par les hospitaliers au XVème siècle que s’opère une forme de connivence avec le visiteur. A Sainte-Eulalie, toute déambulation ramène le promeneur à la place centrale où une fontaine installée depuis le XVIIème siècle laisse entendre un gai murmure. Il fait bon prendre son temps et bavarder sur cette agora paisible et accueillante.

Une affiche nuitamment et discrètement apposée à quelques endroits bien exposés au cours du mois de juillet a suscité des commentaires intrigués. Voilà que des invisibles ont rappelés à la population les risques encourus à s’abandonner au mirage de la manne touristique.

Sainte-Eulalie-de-Cernon : tourisme à l’affiche

Sainte- Eulalie, juillet 2011. Quand il croit saisir un monde, il le broie, il n'y a pas de touriste heureux.

Certes, Sainte-Eulalie n’est pas un site aussi couru que certains lieux mondialement réputés. Les dégradations qui résultent du tourisme sont infiniment réduites. L’industrie du tourisme, arrogante et dégradante, n’atteint pas Sainte-Eulalie. On oublie vite le reptilarium, affublé  d’alibi pédagogique et d’une « nurserie » attendrissante, concession faite aux besoins d’équipements supposés donner une identité à toute commune en quête d’une image singulière. Les visiteurs de la Commanderie et les marcheurs dévoreurs de chemins de grande randonnée ne risquent pas de bouleverser la diversité culturelle et les équilibres sociaux et naturels du sud de l’Aveyron. L’affiche a nourri les conversations. Au bistrot, le seul situé à l’intérieur des remparts, un indigène a pris très au sérieux le message porté par l’image. « Il ne faudrait pas qu’ils viennent par centaines coller cette affiche parce que, c’est sûr, je vais broyer du noir ! ». Un autre saint-eulalien ajoute aussitôt : « Ils auraient bien fait d’écrire : vive l’Aveyron libre ! ».

Sam Ewing (1920-2001), écrivain et humoriste américain, le faisait remarquer : « les touristes veulent toujours aller là où il n'y en a pas ». A la recherche d’un endroit rare et unique qui mérite d’être visité.


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