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Pas plus loin que le bout de son nez

Publié le 17 mars 2008 par Raphael
«D'instinct, nous tendons à voir de la causalité dans des choses apparentes et tangibles, pas dans les phénomènes lointains et complexes. Les explications simples, limpides et qui concernent notre bien-être individuel fabriquent la sagesse populaire. Nous croyons très fort aux effets à court terme.
Nous croyons facilement à la relation de cause à effet, encouragés en général par un expert proclamant une vérité derrière laquelle il dissimule un intérêt occulte
.» - Freakonomics
Marie-France Bazzo est la remplaçante de Denise Bombardier cette semaine à l'émission Puisqu'il faut se lever, animé par Paul Arcand. Sa première chronique concerne la politique du risque zéro en liens avec l'évacuation de 90 000 élèves montréalais, jeudi midi. Selon elle, la peur d'une poursuite judiciaire envers l'école si le toit tombait sur la tête d'élèves a motivé l'évacuation des élèves. Elles rouvriront pour la plupart le mardi 18 mars. La sagesse populaire de la CSDM est mise en cause.
«Ça prend trois morts pour qu'on déneige les toits des écoles, dans la panique, pour leur faire réaliser ce que 385 centimètres de neige n'ont pas su faire avant ce désastre. On n’aurait pas pu commencer à déneiger à 384?»
Une lettre d'opinion du Devoir sur la décision prise par la commission scolaire d'entreprendre le déneigement jeudi midi va dans le même sens. «Aucune chance qu'un tel éclair de génie se soit produit le lundi 10 mars, au lendemain de la tempête, alors que toutes les écoles de la CSDM étaient fermées! Et pas davantage mardi le 11, alors que les élèves réintégraient les classes après une longue semaine de relâche!»
La sagesse populaire guide souvent les décisions quand vient le temps de faire des lois, chronique Bazzo. «On interdit les peanuts à tout le monde parce que certains sont allergiques et on va bientôt obliger le port du casque à vélo à cause de certains cyclistes énervés. À Montréal, on empêche de tourner à droite aux feux rouges, car il y a des automobilistes trop innocents pour regarder avant de tourner. On applique ces mesures extrêmes au nom du bien commun. L'application de ces mesures nous donne une apparence de sécurité»
Résultat, «On est dans une société où l'apparence de danger nous rend complètement hystériques et moutonniers. On va bientôt interdire la neige!»
Le schéma est le suivant : désastre = réaction = action... à court terme.
Un autre cas de sagesse populaire, après désastre, est l'injection de 200 millions à l'UQÀM pour éponger le déficit du flop immobilier de l'îlot Voyageur.
Les problèmes financiers à l'UQÀM ressemblent au déneigement des toits. Les décideurs attendent le désastre pour prendre le taureau par les cornes.
À l'UQÀM comme à la CSDM, on applique des solutions simples, limpides et près du bien-être individuel des institutions. Et on agit à court terme.

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