Petite leçon de communication politique de la droite droitisée prodiguée par Monsieur Sincérité lui-même, le magnifique Jean-François Copé. Aujourd'hui nous allons regarder deux petits exemples survenus récemment qui montrent bien comment il faut s'en prendre à son adversaire politique.
Exemple numéro un
Le problème : d'ignobles socialo-communistes, malgré le fait que la plupart d'entre eux avaient participé activement aux purges staliniennes, ou au moins été gardiens de goulag, ont osé reprocher au parti presque unique de la droite, la glorieuse UMP, d'avoir un peu trop siphonné chez ses voisins dont le seul tort est d'être légèrement en avance sur la droitisation de la France.
Pourquoi c'est gênant : certains discours de l'ancien Très Grand Homme (ex-TGH) pourraient laisser croire que ces êtres infâmes n'auraient pas tout à fait tort. L'opinion publique, à l'intérieur des l'UMP comme chez ses nombreux sympathisants et partis amis, s'est laissé un peu distraire par la mauvise foi des socialo-communistes et même par des centro-communistes comme François Bayrou, et elle ne voit pas très clair
Que fait Jean-François ? : Il remet les pendules à l'heure, pour reprendre une expression qui a connu une certaine popularité entre les deux tours de l'élection présidentielle, par une lucide démonstration entièrement basée sur des faits impossible à nier. Il dit : ce n'est pas l'UMP qui se rapproche du Front National, c'est au contraire le Parti Socialiste.
Pourquoi c'est génial : est-ce vraiment nécessaire de poser la question ?
Exemple numéro deux
Le problème : François Hollande, lors de son investiture, fait un discours où il explique que le temps est fini où le Président de la République se permettait de stigmatiser des catégories entières de la société en cherchant à créer la confusion et la division. En outre, il emploie toutes sortes de stratagèmes pour tenter de faire croire qu'il est sincère et que désormais l'exercice du pouvoir sera différent. Pire encore, il n'a aucun égard pour son prédécesseur, ne lui fait pas de bisou et ne dit pas que finalement tout ce qu'il avait fait et tout ce contre quoi le nouveau Président s'est battu était finalement très bien.
Pourquoi c'est gênant : C'est inadmissible que quelqu'un d'autre que Jean-François Copé puisse avoir l'air sincère.
Que fait Jean-François ? : Jean-François sait que ce n'est pas l'ex-TGH qui était diviseur, stigmatiseur, confusionnateur, mais bien François Hollande lui-même. C'est, bien sûr, celui qui le dit qui l'est, et les Français le savent très bien. Donc Jean-François dit que Hollande c'est l'homme d'un clan.
Pourquoi c'est génial : Les socialo-communistes ont passé cinq ans à dire "président des riches, Fouquet's, Bolloré-ci, Tapie-ça, Bettencourt par ci, Kadhafi par là" et en suggérant que Sarkozy le Grand passait son temps à placer ses amis dans des postes clés. Le génie de Jean-François, c'est qu'en une seule phrase il renverse totalement le truc. Là où les gens qui ne font pas très bien attention sont en train de se dire, "tiens, ce serait pas mal d'avoir un Président qui ne cherche pas par tout les moyens d'exploiter son rôle au sommet de l'État pour faire sa propre comm et avancer les intérêts de son parti", eh bien Jean-François leur dit non, celui qui fait ça, ce n'est pas le Président d'avant, c'est celui de maintenant. Et les gens se disent : ben oui, le Président avec des clans, ce n'était pas Sarkozy, c'est Hollande.
Vraiment ces exemples n'ont pas besoin d'explication supplémentaire, tellement ils sont parlant. Résumons quand même.
Quand vous avez un souci parce que les gens pensent quelque chose qui passe pour vrai, et que ce quelque chose est quelque chose de pas bien pour votre camp, ce que vous faites, tout simplement, c'est dire l'inverse. Enfin, plus encore que l'inverse, vous dîtes au gens que ce qu'on reprochait à vous était en fait précisément le défaut de vos adversaires.
Dit simplement ça n'a pas l'air très compliqué. Mais là où Jean-François est vraiment très, très fort, c'est qu'il sait l'appliquer à absolument toutes les situations, sans exception. Et c'est ainsi qu'on reconnaît un grand homme d'État.