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UE : les quotas laitiers n'ont plus la cote

Publié le 17 mars 2008 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com

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La décision est prise, mais qui va en profiter ? Les consommateurs ou les gros producteurs ? On sait déjà qui va en pâtir :les petits paysans….L'Union européenne a décidé d'augmenter les quotas laitiers de 2% dès le 1er avril prochain. Voici donc la  première mesure d'une réforme de la Politique agricole commune (PAC).il n’est pas certain qu’il s’agisse là d’un bon choix…

L'Allemagne et de l'Autriche ont voté contre : « En augmentant les quotas laitiers, on créera beaucoup de problèmes pour les exploitations petites et moyennes », a déclaré le ministre allemand de l'Agriculture, Horst Seehofer, qui craint que les grosses exploitations ne raflent le marché. Pour ces deux pays producteurs, cette décision n’est pas contestable dans son esprit, mais elle est prématurée : les prix des produits laitiers, après avoir beaucoup augmenté, ont entamé une décrue depuis l'automne dernier.

 La France, s'est abstenue. Sans doute par tactique : dans les tractations qui ne font que commencer sur la réforme de la PAC  promise pour l’automne sous le nom discret de « bilan de santé de l’Europe verte », elle aura d’autres gros dossiers et quelques principes à défendre….

Personne n’est dupe : la décision d’aujourd’hui  prépare le terrain à la disparition programmée des quotas en 2015. Et s’inscrit dans d’autres perspectives.Il s’agit, pour la Commission, de « rendre  la PAC plus proche des réalités d'un marché international en plein chamboulement. » Encore faudra-t-il que ces « adaptations «  ne soient pas des opérations de sabotage de la seule vraie politique commune  de l’UNION….

RAPPEL : Depuis la réforme de 2003, les aides sont largement « découplées » de la production et accordées selon le nombre d'hectares exploités par l'agriculteur, même si les performances historiques du passé sont prises en compte pour les calculer.La Commission propose d'aller jusqu'au bout de la logique de ce  « découplage »: les aides ne seraient plus calculées sur la base de la production du passé, sauf dans certaines régions ou productions, comme l'élevage en zone de montagne.Une subvention à l'hectare égale pour tous sera introduite, mais son entrée en vigueur sera reportée jusqu'en 2013 pour tenir compte des modèles de production différentes.

 Un plafonnement du montant des aides perçues par les plus riches agriculteurs, comme la reine d'Angleterre, sera introduit, mais, à l'insistance de l'Allemagne et du Royaume-Uni, les dégâts seraient limités pour les grosses exploitations.

 Autre mesure attendue :Les mécanismes de la « vieille PAC », comme les subventions à l'exportation, seront progressivement abandonnés compte tenu de la très bonne tenue des marchés mondiaux et les achats à prix garantis par l'UE seront limités à la portion congrue. C’est logique…à condition que cette logique ne tue pas le simple bon sens : quand tout est fluctuant, il ne faut rien figer.


C’est d’ailleurs pourquoi, sur  l'insistance de la France, un « filet de sécurité » sera sans doute maintenu en cas de chute des prix importante. De même,   la suppression des achats garantis de céréales sera (espérons-le) liée à une étude d'impact sur la sécurité de l'approvisionnement. En une époque où le marché mondial se tend en raison des biocarburants et des marchés émergents.

Dans ces dossiers complexes, de sourdes batailles se préparent entre techniciens de l’agro-alimentaire, financiers , diplomates et politiques…Sous l’œil vigilants des syndicats d’exploitants, des mouvements écologistes et des organisations de consommateurs. .Et avec la volonté des « experts » de ficeler les choses avant que le Parlement européen (qui pour l’heure ne donne que des « avis »)  ait compétence de « co-décision » sur les dossiers agricoles. Ce qui est on ne peut plus normal et sain, mais complique évidemment les calculs des experts et des lobbystes…

William PETITJEAN


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