Quelques excuses à présenter à mes lecteurs fidèles d’abord pour la plus grande rareté de mes articles ici : dans ma verte vallée de Chevreuse l’herbe pousse actuellement à vitesse grand V et si j’ai des élagueurs pour tailler mes arbres je n’ai pas de jardiniers pour couper l’herbe ….Je ne peux comme à Princeton chevaucher un mini coupeur. Ici hélas je dois infatigablement pousser la tondeuse puis ensuite mettre les végétaux en sac …PEU IMPORTE direz-vous : les beaux jours reviennent …Et c’est du travail et même de la sueur bonne pour la santé !
Je m’attaque aujourd’hui au résumé d’une conférence qui m’a beaucoup plu et même passionné ! .Dans le cadre des rencontres scientifiques COLAS en association avec le magazine LA RECHERCHE j’ai assisté à la conférence dont je vous présente le synopsis ci-après.
Le titre (avec son point d’interrogation final) montre déjà dans quel sens les conférenciers vont se diriger (LE REALISME !). Mais présentons-les d’abord !
FREDERIC DIAS est chercheur, enseignant a l’ENS CACHAN et professeur à l University college Dublin ……et c’est en Irlande et Ecosse que les projets les plus avancés se trouvent …..JACQUES RUER est LUI ingénieur de CENTRALE et Dir adjoint de SAIPEM groupe spécialisé dans l’ingénierie , constructions et installations pour l’industrie pétrolière- gazière .Et par ailleurs cofondateur de SABELLA qui a expérimenté la première hydrolienne sous-marine française
Les manifestes écologistes actuels sur l’utilisation des énergies développées par les mouvements de l’eau sont historiquement basées sur l’énergie des cours d’eau et des moulins ….Mais l’idée d’utiliser la mer est moins ancienne…Des références historiques littéraires nous ont été fournies notamment les paroles enflammées de Victor Hugo sur la puissance formidable de l’Océan dans les « Travailleurs de la mer »…. .De fait , puisque les mers et océans représentent 71 % de la surface du globe ,ils pourraient en théorie fournir 30 000 GTep à partir du seul rayonnement solaire sur leur surface, 40 GTep par la force du vent en mer, dont une partie se transforme en houle et vagues, et 2 GTep par la force des courants de marées dus à l'attraction lunaire. On pourrait rajouter à cela l'énergie des différences de température selon la profondeur qui provoque des courants marins de profondeur et celle des gradients de salinité dans les estuaires. À titre de comparaison, pour 2050, les besoins de l'humanité sont estimés à 16,5 GTep.
L’intervention de la politique dans l’utilisation des énergies renouvelables nous a valu ces dernières années toute une collection de propositions venant tout autant de personnes redoutant les effets de serre du CO2 résultant de l’énergie des combustibles que d’autres personnes cherchant à se débarrasser par tous les moyens possibles de l’énergie nucléaire ….Je rappelle seulement à mes lecteurs le pacte que NICOLAS HULOT fit signer à tous les candidats présidentiels en 2006 et la tenue du Grenelle Environnement de 2007 ….. Mais faire feu de tout bois n’est pas facile et lâcher la proie pour l’ombre et se lancer dans n’importe quel type de développement industriel est risqué en période de crises économiques répétées … C’est pourquoi nos deux conférenciers n’ont pas manqué de rappeler que derrière la grande variété des projets techniquement envisageables , il convenait de ne jamais oublier les lois de la Physique et les lois de l’économie et des prix des matériaux à engager ….Parmi tous les recherches et développements possibles seuls deux types nous ont été présentés utilisant soit l’énergie des vagues ( ou houlomotrice) , soit l’énergie cinétique des courants marins par les hydroliennes ….les gros chantiers du type de l' usine marée motrice de la RANCE n’ont pas été continués et seuls sont envisagés des sites canadiens et japonais …
1/LES HOULOMOTEURS ( F.DIAS )
L'énergie des vagues est une énergie marine utilisant la puissance du mouvement des vagues de houle. La faisabilité de son exploitation a été étudiée en particulier en France : le système est composé de panneaux posés à fond de mer et couplé à des panneaux flottants mobiles en surface . SEAREV (pour Système électrique autonome de récupération de l'énergie des vagues) est un système basé sur le principe du pendule, pour récupérer l'énergie des vagues. Ces dernières font osciller un poids, qui suivant son emplacement, remplit ou vide des pompes hydrauliques chargeant des accumulateurs à haute pression. Ces derniers livrent leur énergie à des moteurs hydrauliques, qui à leur tour entraînent des générateurs d'électricité ……Le premier prototype, à l'échelle 1/12e, a été testé dans le bassin à vagues du LMF . Pour la suite , c’est plus compliqué ! En pleine mer, au large du Croisic une pose est planifiée . Ce ne sera pas simple la mise à l’eau de ces machines, dont un énorme engin flottant et beaucoup de mesures seront nécessaires ….LA RENTABILITE ET L’OPTIMISATION ECONOMIQUE NE SONT PAS DEMONTRES ……
Avec des côtes s'étirant sur plus de 830 km, les Portugais s'étaient dotés, en novembre 2008, de machines semi-émergées Pelamis (nom d'origine latine qui signifie « serpent de mer »),mais les difficultés ont stoppé la suite du projet ….«L’exploitation sur sites de machines houlomotrices pose des défis complexes.» ajoute le conférencier …. Le premier problème, «c’est la robustesse», pour des installations censées tenir 10 ans. D’ailleurs, bon nombre d’entre elles, développées depuis les années 90, ont sombré. Il leur faut résister aux tempêtes, aux déferlantes, ne pas rompre leurs amarres, ancrées souvent à 30 mètres de fond. Bref , Pelamis a dû être rapatrié après des problèmes au niveau de ses articulations.
2/LES HYDROLIENNES (J.RUER) PHOTO DE SA MACHINE SABELLA D03)
Une hydrolienne est une turbine sous-marine qui utilise l'énergie cinétique des courants marins ….
La turbine de l'hydrolienne permet la transformation de l'énergie hydraulique en énergie mécanique, qui est alors transformée en énergie électrique par un alternateur.
Pour les physiciens qui lisent ce site je donne la formule du conférencier qui explique tout :
….La puissance cinétique d'un fluide traversant un disque de sectionS est :P ©=1/2ρSvpuissance3
en W, avec : ρ : masse volumique du fluide ( eau de mer 1 025 kg·m-3) ; v : vitesse du fluide en m/s.E Donc encore plus strictement que pour une éolienne, l'incompressibilité de l’eau impose que le produit de la vitesse par la section de la veine de fluide qui traversera ou a traversé le disque soit constant ;;;;Par rapport à une éolienne, les hydroliennes tirent profit de la masse volumique de l'eau, 832 fois plus élevée que celle de l'air (environ 1,23 kg·m-3 à 15 °C). Malgré une vitesse de fluide en général plus faible, la puissance récupérable par unité de surface d'hélice est beaucoup plus grande pour une hydrolienne que pour une éolienne….Mais le conférencier a longuement insisté sur les illusions que se font les gens sur la valeur des vitesses de leur courants marins locaux ! Il faut aussi considérer que les sites préférentiels pour l'installation d'hydroliennes sont des sites de courants forts à très forts (plus de 3 m/s) L’auteur a également présenté quelques-uns des inconvénients reconnus : Pour éviter le développement des algues et organismes encroûtant sur l'hydrolienne, il faut utiliser un antifouling ;dans les eaux turbides, du fait de la présence de sable en suspension la pose , l’entretien et les réparations sont difficiles .En outre ,la fourniture de courant dépend du cycle lunaire et est donc réduite lors des périodes de premier et dernier quartiers ;de plus l’énergie cinétique est nulle pour l’étale de marée …De sorte que ce type d’énergie alternative voit sa période rétrécie à 3000 heures environ par an ( sur 8800)……. Comme je ne veux pas complétement décourager mes lecteurs ,j’ai noté que d’après EDF, la France posséderait la deuxième ressource européenne, soit 20 % du potentiel européen, correspondant à 10 TWh pour 3 GW « installables », répartis entre la Bretagne et le Cotentin. C'est d'ailleurs là qu'est installée en septembre 2011 la première hydrolienne industrielle française, près de l'île de Bréhat
L’auteur a pointé les difficultés qui se présentent avec des hydroliennes trop importantes, trop gourmandes en béton et métaux ( par exemple carénées ) et forcément mal aisées a arrimer , entretenir etc. .ALLONS !Evitons de croire que ce sera la panacée universelle de certains écologistes lunaires et réservons tous ces beaux projets a certaines régions marines , au demeurant pas trop tempétueuses !!!