Madame Valérie Trierweiler aurait déclaré qu’elle ne voulait pas être une potiche. Si par cette expression elle a voulu indiquer qu’elle entendait conserver son statut de femme indépendante financièrement et qui exerce la profession de son choix, reconnaissons qu’il s’agit là de son droit le plus strict. Toutefois cette formule n’est guère élégante quand on pense aux millions de femmes qui, par choix ou par nécessité, consacrent leur existence à faire vivre un foyer.
Comme la compagne de notre président est journaliste, je suppose qu’elle connaît le sens des mots. Je suis donc tenté de supposer qu’elle ait voulu manifester son refus d’être traitée comme un objet de décoration, comme une plante verte, si vous voulez bien me passer l’expression. De là à imaginer qu’elle aimerait bien jouer un rôle politique, il y a un pas que je me garderai de franchir.
Cette survivance de la royauté où les mariages servaient à consacrer des alliances, acquérir des territoires et engendrer des héritiers mâles de sang royal, où des maîtresses pouvaient influencer des souverains peut encore se manifester de nos jours, même dans des monarchies parlementaires. Mais elle n’a en rien sa place dans une République.
Certes, dans la foulée des pratiques royales, on a pris l’habitude de voir les épouses de chefs d’État ou de gouvernement accompagner leurs maris dans leurs déplacements officiels. L’intérêt peut être d’agrémenter des dîners par trop sévères, de détendre des ambiances un peu tendues mais, surtout en ces temps difficiles, quelle est la nécessité de convives surnuméraires ? Dans l’entreprise que j’ai connue, il était extrêmement rare de voir les épouses accompagner leur conjoint dans ses déplacements professionnels, quant aux compagnes, vous n’y pensez pas !
A –t-on déjà vu M. Thatcher suivre les pérégrinations de son premier ministre d’épouse ou M. Sauer, époux de Madame Merkel, rester en toutes circonstances aux côtés de la chancelière d’Allemagne ? Puisque la parité est à l’ordre du jour, on comprend mal cette différence de traitement entre hommes et femmes.
Tout naturellement, comme dans tous les couples, les deux conjoints peuvent, dans l’intimité s’entretenir de leurs activités ou soucis professionnels. Mais il ne saurait être question qu’une personne, parce qu’elle partage la vie d’un gouvernant, se croie autorisée à intervenir dans les affaires de l’État.